Une leçon libérale maintenant ?

Quand Bob Rae fait la leçon à ceux qui se disent patriotes

Tribune libre

Dans les jours qui ont précédé la tentative de remplacer Mme Marois par une pression orchestrée (c’est mieux de dire ça ainsi, plutôt que de parler de putsch), d’éminents vigiliens y sont allés de textes surprenants. Ils ont découvert les dessous du dézonage obtenu par son mari, publié là-dessus des textes et une photo dénonçant Claude Blanchet, le présentant comme un magouilleur bas de gamme, rappelant au passage avec des trémolos dans la voix l’importance du zonage agricole pour René Lévesque lui-même et allant même jusqu’à nous promettre une suite de révélations de ce genre qui, fatalement, forceraient enfin Pauline Marois à démissionner. Ils faisaient ça pour le bien de Mme Marois et du PQ, des journaux attendaient les élections pour le faire. Ainsi, elle pourrait démissionner dans l’honneur. Amen.

L’histoire est connue, les révélations reprenaient des articles de The Gazette écrits il y a plus de dix ans. Elles concernaient la vie privée d’un citoyen, Claude Blanchet, conjoint de Mme Marois. Comme des dizaines de promoteurs qui ont fait dézoner toute la couronne autour de Montréal, il a fait dézoner le terrain sur lequel il a pu ériger son château. Cette histoire n’avait aucune pertinence quand on l’a ressortie, elle n’apprenait rien de neuf, sinon jusqu’où étaient prêts à aller les adversaires de Mme Marois. Pourquoi dans ces conditions la ressortir aujourd’hui dans les colonnes Actualité de Vigile ? Allons-nous enfin voir les autres dossiers juteux promis encore il n’y a pas si longtemps par Dominique Frappier ?

Je vais citer in extenso la déclaration de Bob Rae en début de semaine sur des révélations de la même eau faite par un de ses sous-fifres sur la vie privée d'un ministre conservateur, Vic Toews.

«J'ai été avisé (dimanche) qu'un employé du Bureau de recherche libéral était responsable du site Vikileaks30, a reconnu Bob Rae. J'en ai discuté avec cet individu ce matin. Il a offert sa démission et je l'ai acceptée.»

«Je veux offrir mes excuses personnelles au ministre pour la conduite de mon personnel, a ajouté M. Rae. Ça fait 30 ans que je suis dans la vie publique et j'ai toujours essayé de faire une différence entre les activités personnelles et privées de tous ceux qui sont dans la vie publique, et leurs activités publiques. Franchement, quelque chose que j'ai essayé de faire dans ma vie publique n'a pas été fait par un membre de notre groupe», a-t-il conclu.

Bob Rae fait de la politique depuis assez longtemps pour savoir que ce genre de propos finit toujours par discréditer ceux qui les tiennent bien plus que ceux qu’ils visent à dénigrer. Il sait qu’ils n’ont pas leur place dans un débat politique ordonné autour d’idées politiques. Je ne crois pas que ni lui ni sa formation ne seront affectés par ce faux pas, il a géré en chef de parti responsable et intègre une situation délicate. Mais il y a ici un problème de taille.

Comment ça se fait que le chef du PLC sache ça, et pas Vigile? Que Me Cloutier et d’autres répandent leurs imprécations et leurs proses fielleuses contre Mme Marois, on peut s’en désoler, mais on devient habitué. Mais que Vigile recycle cette prose aujourd’hui ne laisse pas d’étonner. Quand c’est le chef du Parti Libéral du Canada qui donne des leçons d’éthique à Vigile, on peut comprendre qu’on est rendu bas, pas mal bas.

Que Vigile soit contre Mme Marois, c’est son affaire. Que Vigile participe à la montée en pression concertée, c’est triste, mais on peut essayer de comprendre. Par contre quand ça devient une obstination maladive, mal avisée, ça ne va profiter à personne, ni à QS, ni à ON, peut-être à la CAQ, qui en a un urgent besoin. Et pour ce « dossier », il s’agit d’un cadeau empoisonné dont personne ne veut. Y-a-t-il eu ne serait-ce qu’une allusion dans d’autres médias ou à l’Assemblée nationale sur le château de Mme Marois? Il y a assez de sujets prêtant flanc à la discussion dans le programme du PQ pour qu’on s’en tienne à ça. Mais avec l’attitude de Vigile, maladivement hostile à Mme Marois, personne ne va se lancer dans la moindre critique de nouveaux éléments. Si les adversaires de Mme Marois qui y logent sont capables de répéter cent fois le même discours, ils sont un peu moins forts dans l’analyse. Et personne ne leur fera le cadeau de leur donner de nouveaux os à ronger tant qu’ils n’auront pas fait preuve d’un minimum de sérieux. C’est ça, plomber un débat !

Je suis bien prêt à prendre des leçons de n’importe qui, mais je n’aime pas ça quand le n’importe qui en question s’appelle Bob Rae, le chef par intérim du Parti Libéral du Canada.

***

NDLR - "l’attitude de Vigile, maladivement hostile à Mme Marois" - je vois que le niveau d'intervention ne s'améliore pas de votre côté - vous préférez que GESCA sorte toute cette merde en campagne électorale; tant pis pour nous...

Comme tout a été dit à ce sujet, les commentaires ne sont pas autorisés.

BF


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé