SURPLUS D’ÉLECTRICITÉ

Une fausse bonne idée

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Et vlan dans les dents des manipulateurs de l'Idée fédérale

À première vue, l’idée de vendre à l’Ontario l’électricité québécoise excédentaire semble logique. Après tout, les tarifs en Ontario sont en hausse et le Québec exporte déjà de grandes quantités d’électricité vers les États de la Nouvelle-Angleterre.

Toutefois, Équiterre et l’Ontario Clean Air Alliance (OCAA) doivent refaire leurs devoirs avant de défendre davantage ce point de vue. Leur argumentation présentée dans un rapport récent [Le Devoir, 12 juillet] préconisant le remplacement de l’énergie nucléaire ontarienne par de l’énergie hydraulique québécoise fait abstraction des réalités du réseau d’électricité de l’Ontario et des intérêts commerciaux d’Hydro-Québec.

Premièrement, tout accord de vente d’électricité conclu entre l’Ontario et le Québec serait purement commercial. Hydro-Québec n’a aucune raison d’offrir des prix avantageux à la province voisine, alors qu’elle peut obtenir des prix plus élevés ailleurs. Depuis le début de l’année, la société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité de la Nouvelle-Angleterre achète de l’électricité sur le marché de gros à un prix moyen d’environ 100 $ le mégawattheure — ce qui représente à peu près 10 ¢ le kilowattheure. Or, d’après Équiterre et l’OCAA, Hydro-Québec vendrait de l’électricité à l’Ontario au tarif de 5,7 ¢ le kilowattheure. Pourquoi l’entreprise accepterait-elle ce prix quand elle peut obtenir presque le double de la Nouvelle-Angleterre ?

Deuxièmement, l’Ontario a une capacité limitée d’importer de l’électricité du Québec et de s’en servir pour alimenter Toronto, ville énergivore. L’interconnexion des réseaux des deux provinces peut prendre en charge 2545 MW, mais les lignes de transport entre l’est de l’Ontario et Toronto ne permettent pas d’acheminer autant d’électricité. Les lignes de transport passant par Ottawa ressemblent davantage à un sentier de voiturettes à une voie qu’à une autoroute à quatre voies. Leur mise à niveau coûterait des centaines de millions de dollars — et la facture d’électricité des clients augmenterait en conséquence.

Troisièmement, Hydro-Québec elle-même reconnaît qu’il lui serait impossible de répondre aux besoins de l’Ontario toute l’année. Dans une lettre en date du 22 mai adressée à l’exploitant du réseau d’électricité ontarien, elle précise que « les périodes d’engagement doivent prendre en compte les variations saisonnières ». Pour le chauffage, les Ontariens utilisent principalement le gaz naturel, alors que les Québécois ont surtout recours à l’électricité. Hydro-Québec doit faire face à la demande de pointe pendant l’hiver. Au cours des deux derniers hivers, craignant de ne pouvoir répondre à la demande, elle a encouragé ses clients à baisser leurs thermostats. Encore maintenant, Hydro-Québec passe des marchés pour acheter de l’électricité au cours des quatre prochains hivers. De toute évidence, elle ne peut alimenter l’Ontario à longueur d’année.

En revanche, les centrales nucléaires ontariennes assurent en tout temps un approvisionnement en électricité sécuritaire et fiable. Même si l’on remet à neuf comme prévu 10 des 18 réacteurs, les centrales nucléaires produiront de l’électricité à un coût bien inférieur aux prix pratiqués à l’heure actuelle sur le marché de la Nouvelle-Angleterre, et les lignes de transport sont déjà en place.

Ce n’est pas sans raison que l’Ontario a aménagé son réseau d’électricité comme elle l’a fait. La province aspirait à la sécurité énergétique et à l’autosuffisance. Il y a des dizaines d’années, l’Ontario aurait pu aménager un réseau tributaire des importations québécoises. Elle a plutôt choisi le nucléaire. Au fil du temps, elle s’est dotée d’une industrie nucléaire qui a créé des milliers d’emplois dans la province.

Il y a quelques dizaines d’années, l’électricité d’origine nucléaire était une bonne option pour l’Ontario. Et ça demeure toujours le cas aujourd’hui.


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