Une expérience fabuleuse

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À la différence des péquistes, les libéraux entrent en politique sans réel idéal pour la nation



On sent une pointe d’amertume dans ces témoignages d’ex-élus du PLQ recueillis par Le Journal.




Permettez-moi de faire entendre un autre son de cloche.




Tout dépend du bilan politique, personnel et familial que vous faites de vos années dans ce milieu, et notamment de la manière dont votre expérience s’est terminée.




Parcours




J’ai eu le bonheur d’être élu député très jeune, d’être nommé ministre relativement vite, et d’avoir occupé une succession de fonctions passionnantes : Affaires intergouvernementales, Immigration, Conseil du trésor.




J’ai eu le bonheur de travailler sous les ordres de trois premiers ministres exceptionnels et d’une grande sensibilité : Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry.




J’ai eu le bonheur de faire partie de gouvernements qui avaient de l’ambition pour le Québec, même si nous n’avons pas tout réussi.




Et j’ai eu la chance de partir avec ma réputation intacte et même rehaussée, puisque j’étais un parfait inconnu au moment de mon entrée en politique.




J’ai aussi quitté quand je l’ai voulu et à mes conditions, puisque j’ai annoncé que je ne solliciterais pas un nouveau mandat.




La cruelle vérité est que la plupart des gens quittent la politique parce qu’ils sont battus lors d’une élection, ou parce que le premier ministre les a éjectés du Conseil des ministres, ou a offert leur circonscription à un autre candidat.




Beaucoup sortent déçus – surtout ceux entrés avec des statuts de « vedettes » – parce qu’ils ne savaient pas exactement dans quoi ils s’engageaient, d’où l’importance, à mon humble avis, de militer dans un parti avant de se présenter comme candidat.




Beaucoup font de gros sacrifices financiers quand ils entrent en politique. Moi, obscur chargé de cours jusque-là, j’ai quadruplé mes revenus en devenant député.




Un seul regret




C’est la politique qui m’a ouvert les portes de l’université.




J’avais certes terminé mon doctorat quelques mois avant d’être élu député, mais c’est la notoriété acquise en politique qui a compensé pour mon manque de publications scientifiques.




C’est aussi la politique qui m’a ouvert la porte des médias.




Et c’est en politique que j’ai rencontré ma femme, la mère de mes enfants, avec qui je suis toujours.




Je me plaindrais de quoi ? Ce fut une expérience fabuleuse.




Ni avant ni après, je n’ai connu de telles poussées d’adrénaline. La politique vous force à puiser dans toutes vos ressources physiques, intellectuelles et morales.




Je n’ai qu’un seul regret : avoir échoué à faire l’indépendance du Québec, qui était, après tout, la raison fondamentale de mon engagement.




Après




J’ai quitté le jour où j’ai décidé que le plus important était de voir grandir mes enfants.




Après la politique, la réinsertion professionnelle n’est pas ce que les gens s’imaginent.




Rien ne m’attendait à l’extérieur : aucun poste gardé chaud pour moi, aucune offre, aucun parachute.




Il y en a qui ont cette chance. C’est une minorité.




Vous découvrez aussi qui sont vos vrais amis.




Dure, la vie politique ? Oui. Ingrate ? Parfois. Mais terriblement excitante aussi.




Et personne ne vous oblige à y aller.