Une démocratie et des restes humains

Tribune libre

«On se vote, comme on se vend
Puis les partis oublient de nous faire un tout
L’histoire s’écrit à l’encre débile
Advienne qui pourrira.»
-Fred Pellerin

D’un côté, il y a ceux qui croupissent sous les scandales. Qui traînent des accusations de corruption, de collusion et de mensonge. Qui passent sous le silence les requêtes des électeurs. Qui laissent les plus forts piller le bien commun de tout un peuple dans le nord. Qui n’ont que faire des lois électorales et de l’éthique. Qui font la révérence devant les généreux donateurs. Qui usent de force et d’autorité. Qui font preuve d’arrogance et de paternalisme envers la jeunesse. Qui attisent la colère des citoyens au lieu de la calmer. Qui divisent pour mieux régner. Qui causent l’une des plus grandes crises de l’histoire du Québec. Qui, par orgueil et opportunisme, enveniment le tout à leur avantage. Il y a ceux en fin de course, qui voient leurs soldats quitter les troupes, fatigués de s’acharner pour sauver la face.

De l’autre, il y a ceux qui ont oublié qui ils étaient. Qui, depuis trop longtemps, vivotent dans un grand flou idéologique sans fin. Qui sont souverainistes oui, mais pas tout-à-fait. Qui portent le carré rouge mais qui ne s’engagent pas sur une position clairement contre une hausse des frais de scolarité et qui ont une chef qui a tenté une pareille hausse alors qu’elle était ministre. Qui sont contre la loi 78, mais qui suivent une chef qui a imposé la loi 72 en 1999. Qui ne misent que sur le désuet et absurde principe d’alternance des partis à l’Assemblée nationale afin de se faire réélire. Qui prétendent que ce n’est pas le moment. Qui n’osent pas non plus se lancer dans une réelle réforme des institutions. Qui ne scandent que la peur de l’adversaire sans proposer de réelles alternatives assumées. Qui ne peuvent proposer de réelles alternatives, car ils n’en sont pas réellement une face à l’opposant à battre. Qui misent sur une honteuse idée de monopole idéologique en criant à la division du vote souverainiste, alors qu’ils sont eux-mêmes responsables de ladite division.

Puis, il y a ceux qui ne savent pas trop. Qui verront plus tard. Qui se présentent en réel copier-coller du pouvoir en place. Qui évacuent le plus vieux débat d’idées du Québec pour 10 ans. Qui étaient des souverainistes mais qui n’en sont plus. Qui étaient fédéralistes mais qui évalueront plus tard s’ils le sont encore. Qui disent que nous sommes des «pas bons». Que nous ne savons pas gérer. Que le Québec doit être une « business ». Qui misent sur la compétition comme gage de réussite. Qui croient en la théorie du «au plus fort la poche». Qui prennent la pause pour les journaux avant même d’avoir quelque chose à dire. Qui sont composés de mercenaires du pouvoir, qui détalent à toutes jambes au gré des humeurs de sondages. Qui ont avalé un parti en chute libre suite à l’une des pires débandades électorales de l’histoire. Qui placent en priorité d’embauche des candidats le critère de la «rentabilité» plutôt que les qualités humaines.

Les premiers sont les champions des généreuses donations contournant les lois électorales en échange de lucratifs contrats publiques. Les seconds ont transformé leurs membres en machines à collecter des fonds. Paraît-il qu’ils ont aussi commencé à s’acheter des «J’aime» sur leur page Facebook. Les troisièmes, eux, rejettent un candidat car ce dernier n’a pas le moyen de «s’acheter» une investiture au cout de 20 000 $. Bref, l’argent fait foi de tout. Le nerf de la guerre comme ils l’appellent. C’est ce à quoi ressemblent, selon notre conscience collective, ceux qui sont susceptibles de diriger le Québec. Est-ce que c’est ça, une grande noirceur ?

« [...] une France de la justice où l'argent sera remis à sa place, soit celle d'un serviteur et non celle d'un maître.» - François Hollande, président socialiste de la République française.


On ne s’en cache pas, Option nationale n’est surtout pas le parti le plus riche au Québec. Si nous aimerions l’être davantage? Évidemment. Personne ne vit uniquement d’amour et d’eau fraîche. Mais nous croyons qu’en politique, ce n’est pas l’argent qui doit être le nerf de la guerre. En fait, ce doit être le militant. Il est grand temps de ré-humaniser notre démocratie. Notre démarche ne se veut pas une guerre visant l’anéantissement du capital. Nous désirons seulement voir le peuple en redevenir le maître. Il n’y pas de mal à ce qu’un individu s’enrichisse avec une bonne idée et du travail acharné. Par contre, il est indécent que des hommes et des femmes soient 1000 fois plus riches que ceux qui leur permettent de s’enrichir. C’est d’une incohérence et d’une injustice consommée. Notre politique, si nous désirons encore l’appeler «démocratie», doit redevenir celle des citoyennes et des citoyens. Depuis la défaite référendaire de 1995, la fierté nationale basée sur la solidarité sociale et l’effort collectif, valeurs de la Révolution tranquille, a laissé la place à une incessante lubie de performance économique et de rentabilité étatique. Bien évidemment, nous aussi, la dette du Québec nous inquiète. Mais est-ce par la peur que nous arriverons à régler la question ? Et qui avantage-t-elle, cette peur ?

C’est par la peur que nos gouvernements règnent depuis que le Québec s’est scindé en deux par un soir de novembre. À l’arrivée de Lucien Bouchard, le rêve québécois était maintenant et tout-à-coup, au-dessus de nos moyens. Nous n’étions pas assez bons gestionnaires pour nous faire un pays. Le Québec était trop gourmand. Il fallait que nous redevenions «raisonnables», mais par-dessus tout, il fallait que nous devenions «compétitifs». C’est donc au nom de ce souci de rentabilité que nous sommes entrés en compétition les uns avec les autres. Les universités, à coups d’Îlots Voyageurs et de campagnes de publicité. Les agriculteurs à coups de méga-porcheries. Les entreprises à coups de crédits de taxes et de baisses massives d’impôts. Le gouvernement, à coups de virages ambulatoires, de vente de Gaz Québec, de coupures budgétaires et de ventes à rabais de nos ressources naturelles. Nous nous sommes divisés au moment où nous avions plus que jamais besoin de nous unir.

Mais voilà que, près de 20 ans plus tard, la méthode devant nous mener aux «conditions gagnantes» nous a plutôt conduits en pleine crise. Maintenant que nous avons appris à nous faire compétition, voilà que nous avons aussi appris à nous méfier des autres. Maintenant que nous considérons notre voisin comme un adversaire plutôt que comme un allié, nous nous accusons les uns les autres de cette situation intenable que nous vivons. Et puisqu’il faut de la force pour s’en sortir, il faut s’appuyer sur les forts et corriger les faibles. Ce sont donc les pauvres, les assistés sociaux, les immigrants, les artistes et la jeunesse qui portent le fardeau de ce qui nous arrive. Pourtant, ce ne sont pas eux qui, par de mauvaises spéculations de la Caisse de dépôt, ont perdu plus de 40 milliards de dollars d’argent public lors de la crise de 2008. Et je ne parle pas des gouvernements et des financiers qui les supportent. Je parle de nous. Nous sommes en démocratie. Nous sommes donc les patrons, les dirigeants de notre collectivité et de nos institutions. Les ministres et députés ne sont que nos représentants. Si nous sommes dans une situation critique, nous en sommes les premiers responsables.

Comprenez-moi bien! Je n’accuse personne et je ne suis pas de ceux qui vibrent à rabaisser les autres. Bien au contraire. Pour accepter ses responsabilités, surtout dans une situation négative, il faut savoir faire preuve d’humilité, de courage et d’une grande force morale. Et ces qualités, nous les avons. Nous seuls pouvons-nous sortir de cette position fâcheuse. Pas l’Alberta avec la péréquation. Pas les penseurs de la privatisation des services sociaux. Pas les investisseurs américains, européens ou chinois. Nous. Et personne d’autre. Le régime de peur que nous subissons doit cesser. Tous craignent le désordre social. Les premiers nous disent avoir peur de la rue et des carrés rouges. Les deuxièmes, du pillage de nos ressources naturelles. Les troisièmes d’un autre référendum. Tous ont leurs phobies, leurs raisons de nous faire peur, car ils se croient les meilleurs pour nous protéger. Pour mieux s’occuper de nos affaires. Pour ensuite mieux nous berner et continuer de profiter de la situation ? La peur est le meilleur moyen de maintenir le statu quo.

Chez Option nationale, nous avons nos raisons de ne plus avoir peur. Nous croyons que nous sommes un peuple résistant, inventif et fier. Un peuple qui n’a, comme il l’a fait par le passé, qu’à se serrer les coudes pour s’en sortir. Notre intelligence, notre talent et notre savoir-faire sont les meilleurs outils pouvant nous remettre debout. Il est temps que nous mettions fin à toutes formes de paternalisme et de dépendance que ce soit. Les solutions sont en nous, à nous de les laisser grandir, par nous et pour nous. Seuls. À notre mesure.

J’ai confiance en moi;
J’ai confiance en vous;
J’ai confiance en NOUS;
Je suis souverainiste;
Je suis d’Option nationale


Christian St-Pierre
Candidat d’Option nationale dans Jean-Lesage

Squared

Christian St-Pierre2 articles

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Candidat Option nationale dans Jean-Lesage 2012





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juillet 2012

    Monsieur St-Pierre,
    Votre texte est très bien dit. Je me suis dit en voyant votre nom qu'un "e" de moins dans le prénom faisait toute la différence.
    Vous éveillez chez moi l'intérêt pour votre formation.
    L'écrivain français Yvan Blot rejoint votre analyse en disant ceci à propos de la société actuelle qui devient de plus en plus insupportable:
    "L’argent comme idole

    L’argent est la cause formelle du système, c’est-à-dire ce qui fixe la norme et motive les actes. Il ne s’agit pas de condamner l’usage de l’argent mais de condamner l’argent comme idole. L’argent ne domine jamais tant que lorsqu’on ignore sa domination : c’est le processus d’oubli de l’être longuement analysé par Heidegger. La domination de l’argent est assurée par l’idéologie de la non discrimination. Celle-ci se montre de façon flatteuse comme voulant assurer l’égalité des hommes mais en réalité, il s’agit de supprimer toute discrimination sauf celle par l’argent afin que l’argent devienne le seul critère sur lequel on juge les hommes. Une société où seule la discrimination par l’argent existe est en réalité monstrueuse, contraire à toutes nos traditions historiques chrétiennes ou nationales. C’est un moyen de détruire l’identité nationale au profit d’un monde matérialiste sans aucune frontière."
    http://www.polemia.com/article.php?id=4815
    À vous lire, je crois que vous êtes d'accord avec l'excellente analyse de monsieur Blot. Et moi aussi d'ailleurs.