L'affichage public et la présence du français

Une campagne pour faire respecter la Charte!

Et pourquoi ne pas donner des crédits d'impôt aux entreprises qui se conforment à la loi? Une mesure plus positive, complétée par des amendes aux délinquantes. Seule la vertu serait récompensée. Question de cohérence et de stimulation. - Vigile


L’affichage public se fait trop souvent en anglais à Montréal, déplore l’OQLF.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Devant la recrudescence de l'affichage de noms d'entreprise formés de marques de commerce unilingues anglaises, l'Office québécois de la langue française (OQLF) a entrepris, la semaine dernière, une campagne de publicité télévisuelle et Web pour rappeler aux entreprises et à l'ensemble des citoyens du Québec qu'un tel affichage doit être accompagné d'un élément descriptif en français. Il importe en effet que ce message soit entendu par tous, en même temps, qu'il soit livré uniformément et qu'il incite l'ensemble de la population à s'investir aussi dans la démarche pour que le visage français apparaisse clairement dans l'affichage public.
Cette campagne se fait évidemment en français, parce que l'administration publique a l'obligation légale de parler aux entreprises établies au Québec en français, tant en vertu de la Charte de la langue française que de la Politique linguistique gouvernementale. C'est donc en français que, depuis 50 ans, l'Office parle à toutes les entreprises établies au Québec.
Les dispositions légales
Les dispositions de la Charte en ce qui a trait à l'affichage des marques de commerce comme nom d'entreprise sont claires. La Charte n'oblige pas à traduire la marque elle-même; elle exige toutefois que cette marque soit accompagnée d'un descriptif (générique) en français. On entend par descriptif un ou plusieurs termes, ou même un slogan, qui décrivent en français les produits ou les activités de l'entreprise. Ce sont ces dispositions que l'Office doit faire appliquer.
Cette campagne n'est pas un geste isolé. Depuis plusieurs mois, l'Office avait entrepris des démarches individualisées pour que les entreprises modifient cette pratique d'affichage unilingue de leur marque de commerce. Lors de mon arrivée, en janvier dernier, j'ai inscrit ce dossier en tête de mes priorités et avec l'accord des membres de l'Office, nous avons orchestré la campagne.
Un train de mesures
D'autres gestes, bien concrets, ont été et seront posés. J'ai déjà écrit à toutes les entreprises pour les aviser que notre personnel les accompagnera dans la recherche d'une solution durable qui corrigera la situation dans un délai raisonnable. J'ai aussi personnellement rencontré de grandes entreprises, de même que des associations de gens d'affaires, des syndicats, qui peuvent agir comme relayeurs. J'amorcerai bientôt une tournée régionale, en collaboration avec la Fédération des chambres de commerce, pour diffuser le message partout au Québec. Le problème de l'affichage unilingue de marques de commerce comme nom d'entreprise, qui découle principalement de la mondialisation et de l'implantation de multinationales, n'est en effet pas limité à la région de Montréal.
Je suis convaincue que le fruit de ces efforts combinés nous permettra d'atteindre l'objectif ultime: faire en sorte que les entreprises concernées se conforment à la Charte de façon permanente. À défaut, des sanctions pénales pourront être entreprises.
Une préoccupation partagée
Cette pratique d'affichage de plus en plus répandue nous préoccupe tout autant qu'elle préoccupe les citoyens du Québec et leurs représentants à l'Assemblée nationale. C'est donc avec détermination que nous entendons faire respecter la Charte de la langue française. L'affichage public et commercial constitue l'élément le plus visible de notre paysage linguistique.
C'est ce paysage, celui de nos rues et de nos centres commerciaux, qui reflète le caractère unique de la société québécoise en Amérique du Nord. Et c'est la mission de l'Office québécois de la langue française que de protéger fièrement ce reflet vivant de notre identité.
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Louise Marchand - Avocate et présidente-directrice générale de l'Office québécois de la langue française et présidente de la Commission de toponymie du Québec

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Avocate et présidente-directrice générale de l’Office québécois de la langue française et présidente de la Commission de toponymie du Québec





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