Une autre usurpation programmée

Tribune libre




Nous savons tous que le Canada, pays qui se cherche une personnalité, autant dire un pays adolescent, n'a pas cessé depuis 1867, et d'ailleurs bien avant, de s'accaparer, d'usurper les symboles qui appartenaient au Québec. Songeons à la feuille d'érable, au castor, à l'hymne national... Et voilà maintenant que les Fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec, et par conséquent de la fondation de la Nouvelle-France, le coeur même de notre existence, de notre identité, font l'objet de détournement de sens, d'une infâme usurpation. Encore une!

Nous savons que le 28 août dernier, la Société du 400e anniversaire de Québec bouclait son financement public avec la signature du protocole d'entente avec le gouvernement du Canada. J'ai tenté de mettre la main sur cette entente afin d'en vérifier le contenu et l'esprit(!!), mais en vain.

Nous apprenions à travers les branches, à la suite de la signature de cette entente, que le gouvernement fédéral exigeait le bilinguisme à la canadienne, lors des Fêtes du 400e. Le tout s'est perdu, volontairement ou pas, dans le flot incessant des informations.

Nous apprenions hier, le 28 septembre, aux bulletins d'informations de 22 et 23 heures de TVA que le groupe «Ioutou» et autres semblables seraient sur le point de signer des ententes avec la Société du 400e, grâce à la grande culture universelle et humaniste de l'ancien joueur de hockey, Luc Robitaille. Le prétexte invoqué : Québec a été fondée par des Français, des Anglais et des Américains. À ce que je sache, Québec a été fondée en 1608 par nos ancêtres qui étaient Français. À ce que je sache, l'Anglais et l'Amerloque n'avaient pas encore mis les pieds ici-même. N'avaient pas encore imposé leur langue et leur culture dont nous sommes de plus en plus friands, faute de convictions profondes. Et notre élite politique n'est pas en reste.

Questions:

1) Quels sont les termes de cette entente? Les députés du Bloc québécois qui siègent, et bien assis depuis des années maintenant à la Chambre des Communes, devraient pouvoir mettre la main sur cette entente et en débattre...

2) Qu'ont à dire à ce sujet, le Parti québécois, la Société Saint-Jean-Baptiste et le Conseil de la souveraineté?

3) Qu'ont à dire nos historiens sur la fondation de Québec, et par conséquent de la Nouvelle-France? Et quel devrait être l'objet même de ces Fêtes?

4) Que fait l'usurpateur, Stéphen Harper au Sommet de la francophonie? Est-il le cheval de Troie des Saxons?


Il est heureux que Madame le Maire de Québec, Andrée Boucher ait déclaré et réaffirmé dans l'essentiel, au bulletin de 7 heures, à la SRC que « Québec avait été fondée par les Français», en réponse sans doute au Premier Ministre canadien qui faisait l'éloge du multiculturalisme. Cette déclaration n'a pas été reprise...

Que deviendront ces Fêtes tant attendues par des millions de Québécois de souche française qui sont, ne l'oublions pas, les fondateurs de ce pays et de cette Amérique du Nord? Que fêterons-nous finalement? À ce que je vois, bien peu qui nous ressemblera. Que devons-nous attendre de ces Fêtes? Vaut-il seulement la peine de s'y intéresser?

Je crois que nous devons en attendre une autre usurpation et un détournement de sens. Comme d'habitude, nous nous tairons et nous ferons le dos rond. Et, au lendemain de ces Fêtes, nous nous contenterons de critiquer.

Qu'il meure ce Québec là! (Olivier Kemeid)


Marie Mance Vallée
_ Le 29 septembre 2006



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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2006

    Le fédéral ne devrait absolument pas se mêler de quoi que ce soit dans le contenu et l'organisation des festivités. Mais bien qu'il faille insister sur la fondation de la ville par Champlain et son caractère français, une mise en perspective historique ne serait pas mal venue, incluant la dimension imaginaire. Je donne pêle-mêle quelques repères qui me viennent en tête. Savons-nous, par exemple, que John Hancock, premier signataire de la Déclaration d'indépendance, a été élevé au grade de maître maçon dans une loge militaire durant l'occupation de Québec par les armées de Wolfe ? À deux reprises dans Moby Dick, l'un des chefs d'oeuvre de la littérature américaine, l'auteur se réfère à Québec : a)lorsqu'il écrit à propos d'une chaire où un prêtre monte pour son sermon (« leaving him impregnable in his little Quebec ») et b) lorsqu'il parle du cerveau d'une baleine (« it is hidden away behind its vast outworks, like the innermost citadel within the amplified fortifications of Quebec »). À la fin de Lolita, si je me rappelle bien, Nabokov rapporte une rencontre à Québec entre un prêtre catholique et le narrateur dément. Etc.
    François Deschamps