Une 6e année au secondaire qui permet d’éviter le cégep

Des collèges anglos offrent cette option qui mène directement à l’université

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Une nouvelle échappatoire


Des collèges privés s’attendent à une hausse de la demande pour leur programme de 6e secondaire, qui permet d’éviter les obligations de la nouvelle loi sur la langue officielle dans les cégeps anglophones.


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«On a beaucoup de demandes pour l’an prochain. Surtout avec la loi 96... C’est un enjeu», indique la directrice générale de l’Académie Étoile du Nord de Laval, Josée Pépin. 


Au Québec, le cursus scolaire ne compte que cinq années d’études secondaires. Dans le reste du Canada et aux États-Unis, il y en a une sixième, puisqu’il n’y a pas de cégep entre le secondaire et l’université. 


Plusieurs écoles privées offrent donc la 6e année, dite grade 12 en anglais, qui mène en général à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ontarien. 


Les élèves peuvent ensuite entrer directement à l'université dans le monde entier, mais aussi au Québec, par exemple à l'Université McGill ou à l'Université Concordia, à Montréal, sans passer par le cégep. 


La nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (projet de loi 96) oblige les étudiants des cégeps anglophones à suivre plus de cours de français.


Selon un reportage de Global News, l’anxiété générée par cette nouvelle disposition aurait poussé l’Académie Kuper, à Kirkland, sur l’île de Montréal, à annoncer plus tôt que prévu son nouveau programme de 6e secondaire. 


La direction de l’Académie Kuper n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue. 


La moitié


Le Journal a parlé aux responsables de quatre autres collèges privés qui offrent déjà la 6e année. 


À l’école Alexander von Humboldt, à Baie-d’Urfé, les cours se donnent en allemand de la maternelle à la fin du secondaire. Chaque année, environ la moitié des élèves de 5e secondaire choisissent de continuer en 6e, tandis que les autres décident d’aller au cégep, indique le directeur adjoint Tobias Grygier.


«Mais si la loi est maintenue telle quelle, on peut penser que ça [en incitera] d’autres à rester en 6e», suppose-t-il.


Écoutez l'entrevue de Vincent Dessureault avec Maxime Laporte du Mouvement Québec français sur QUB Radio:






Capacité limitée


La plupart des responsables interrogés croient toutefois que c’est leur approche personnalisée qui attire les élèves, plus que la langue. 


«De toute façon, on a une capacité limitée», dit Philippe Bertrand, directeur général du Collège Bourget, un établissement bilingue situé tout près de la frontière ontarienne, à Rigaud.


Il compte cette année 28 élèves dans son programme de 6e secondaire non subventionné. 


«Certains sont un peu dépassés par le système collégial», explique Suzanne Bailey, de l’Académie Kells, une école privée de Montréal. 


Parmi la quarantaine d’élèves inscrits cette année, on compte des élèves qui ont fait toute leur scolarité à Kells, mais aussi des jeunes qui n’ont pas été acceptés dans leur premier choix au cégep, illustre Mme Bailey.  


Au Collège Bourget, ce sont surtout des sportifs de haut niveau qui sont inscrits, en raison de leur horaire complexe, explique Philippe Bertrand.  


Grâce à un partenariat avec une école virtuelle ontarienne, l’enseignement peut se faire à distance, ce qui permet aux jeunes hockeyeurs qui sont constamment sur la route de continuer à étudier, par exemple.  


Plus cher que le cégep


La 6e secondaire offre une panoplie d’avantages, dit Josée Pépin, de L’Académie Étoile du Nord. Plus de flexibilité dans le cursus pour obtenir les prérequis, pas de cote R, une bonne reconnaissance de la part des universités et la création d’un réseau de contacts dans le domaine rêvé, énumère-t-elle.  


Avec des frais de scolarité allant de 13 000$ à 15 000$, une année à L’Académie Étoile du Nord est toutefois bien plus dispendieuse que le cégep.  


Plusieurs programmes de 6e ont vu le jour dans les dernières années: en 2015, en 2017 et en 2019.  


Le Collège Stanstead, situé à la frontière américaine, offrait déjà une 6e secondaire bien avant l’invention des cégeps et n’a tout simplement jamais cessé de l’offrir, explique la directrice Joanne Carruthers.   


«Il y en a qui pensent que la 6e année, c’est une façon de sauter une année, mais ce n’est pas le cas, puisque la plupart font ensuite [l’équivalent d’un baccalauréat] de quatre ans à l’université. C’est juste un système différent», résume-t-elle.  


Le ministère de l’Éducation n’avait pas répondu à nos questions, hier.

 







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