Un sérieux avertissement pour Charest

Élection Québec 2012


Malgré l’usure de ses neuf ans de pouvoir et une crise sociale qui n’en finit plus, personne ne pensait sérieusement que le PLQ perdrait l’une ou l’autre des élections partielles d’hier.
Les résultats dans Argenteuil pourraient cependant avoir pour effet de tempérer les ardeurs guerrières du premier ministre Charest. Un déclenchement d’élections générales à brève échéance présente un sérieux risque pour le PLQ. Au moment de mettre sous presse, le PQ et le PLQ s’échangeaient la première place chaque fois qu’un nouveau bureau de vote transmettait ses résultats.
La dernière fois que le PQ a remporté une élection générale, celle du 30 novembre 1998, sa candidate avait obtenu 148 voix de moins que l’ancien ministre David Whissell. Il est vrai que les résultats d’une élection partielle ne se transposent pas nécessairement dans une générale, mais l’avertissement n’en est pas moins clair.
Le PLQ ne pourra pas toujours se faufiler ainsi entre le PQ et la CAQ. Même si ses 20 % constituent certainement une déception pour François Legault, l’ancien député bloquiste Mario Laframboise, qui a représenté la circonscription fédérale d’Argenteuil-Papineau-Mirabel pendant onze ans, était un candidat de choix. Il est loin d’être assuré que la CAQ pourra multiplier les candidatures de cette qualité.

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En décembre dernier, Pauline Marois avait revendiqué à tort une victoire morale dans Bonaventure. Encore une fois, elle s’est beaucoup investie dans la campagne, et elle peut légitimement pavoiser.
Plusieurs au PQ pousseront un soupir de soulagement. Certains appréhendaient la répétition du scénario de 2007, quand le PQ avait terminé troisième derrière l'ADQ dans Argenteuil et avait été relégué au rang de deuxième groupe d’opposition.
M. Legault ne s’en était pas caché : son parti visait autant les électeurs « choqués » par la position du PQ dans le conflit étudiant que ceux qui sentent le besoin de « faire le ménage dans la corruption ».
On peut difficilement voir dans les résultats d’hier un désaveu cinglant de l’adoption du carré rouge, que M. Charest reproche quotidiennement à Mme Marois, la présentant comme une complice de la violence et de la désobéissance civile.
Le procédé n’est pas nouveau. En 2007, il s’était employé à dépeindre André Boisclair comme un « immature » totalement inapte à gouverner. Mario Dumont a ensuite été décrit comme une « girouette » qui changeait continuellement d’idée. Dans les deux cas, la manoeuvre avait été couronnée de succès.
Mme Marois devrait cependant éviter les concerts de casseroles. Même dans une région aussi traditionnellement favorable au PQ que le Saguenay -Lac-Saint-Jean, la position du PQ dans le conflit étudiant serait fortement contestée.
Selon un sondage téléphonique réalisé par la firme Segma Recherche entre le 4 et le 6 juin, près des deux tiers (64 %) des électeurs de la région, y compris 26 % des péquistes, la désapprouvent.
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La troisième place de M. Laframboise ne sera pas le « moment presque historique » qu’annonçait M. Legault, qui l’avait imprudemment situé en position de tête durant la campagne. Ce résultat décevant pourrait plutôt avoir pour conséquence de compliquer encore les campagnes de financement et le recrutement de candidats. Que le candidat caquiste ait mené une chaude lutte au PQ pour la deuxième place dans LaFontaine n’y changera rien.
Même si elle a boudé les urnes, la communauté italienne n’a pas fait payer trop cher aux libéraux la déchéance du ministre de la Famille, Toni Tomassi, accusé de fraude et d’abus de confiance.
Avec plus de 52 % des voix au moment de mettre sous presse, le président du PLQ, Marc Tanguay, n’a eu aucun mal à aller rejoindre son prédécesseur, Jean d’Amours, à l’Assemblée nationale.
Lors de la partielle de Bonaventure, en décembre dernier, Québec solidaire avait étonné en recueillant 9 % des voix dans une circonscription jugée peu accueillante. Dans Argenteuil, la progression a été presque nulle hier. Quant à Option nationale, elle n’a recueilli que des miettes. L’unité des forces souverainistes aurait néanmoins facilité les choses.


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