Nous voyons se déployer des moyens militaires mis en œuvre comme jamais auparavant. «Sommes-nous en guerre ?» Devrions-nous demander à Harper. Avec cette assurance imbécile des détendeurs d’une vérité absolue, il répondrait sans doute par l’affirmative.

Quelle bénédiction pour le régime conservateur. Tous ses pronostiques se réalisent. Enfin une bonne guerre, comme la réaction le propage dans les journaux. C’est à peine si les nuances sont faites. Il y a une sorte d’apologie de la guerre implicite chez les chroniqueurs qui finissent par renvoyer dos à dos les belligérants et qui donnent une légitimité à la propagande entourant les conflits. On s’y engage avec une sorte de facilité qui fait de la guerre une aventure humaine incompréhensible, inexpliquée, mais toujours observable comme un passage obligé vers une paix qui s’éloigne toujours devant nous comme impossible.

Nous voyons en Ukraine un régime assurer sa pérennité en écrasant une partie de sa population et en accusant des «terroristes» ceux à qui on dénie tout dialogue possible. L’ennemi est là, favorisant lui-même l’agresseur parce qu’il s’est insurgé contre un sort à lequel il ne pouvait consentir ou se résigner. C’est donc tout devant nous cet «ennemi» fabriqué par des appareils manifestement hostiles à la paix ou, à tout le moins, l’expliquant par une fantasmagorie élaborée depuis des mois et prévisible dans le camp de l’agresseur universel qu’est devenu l’OTAN.

En Palestine, c’est l’armée qui sert «d’informateur» le plus accessible à Radio-Canada pour les événements où se répète une «tragédie» sur laquelle on semble avoir perdu tout contrôle. En effet la guerre est devenue elle-même tellement normale et inexplicable à la fois que peu encore ne lève le ton par calmer le jeu. Ceux qui le faisaient avant sont engloutis dans le discours belliciste qui jette le spectateur ahuri devant tant de mensonges contradictoires. On connaît : «La guerre c’est la paix et la paix c’est la guerre».

Quant à nous, nous ne pouvons collaborer à cette mascarade qui fait des agresseurs, l’Ukraine de l’OTAN et de Porochenko, tout autant qu’Israël et son armée, glorifiée par Harper, devant tout un peuple meurtri depuis des décennies, les Palestiniens. Ces «pauvres victimes toujours se défendant» qui n’ont d’autres recours que les armes pour régler des problèmes que la politique et la diplomatie pourraient à tout le moins atténuer.
Mais sincèrement, depuis quand au juste avons-nous vu les dirigeants des classes dominantes de nos pays abandonner ainsi «le trésor perdu de la politique», sinon durant tout le XX ième siècle, depuis cette Première Grande Guerre, toujours célébrée pour ses vertus de catharsis de la haine humaine ? Ont-ils jamais vraiment hésité devant les moyens extrêmes pour résoudre les problèmes mondiaux engendrés par l’impérialisme qu’ils dominent ? Quand en viendrons-nous nous-mêmes à la conclusion logique que notre combat pacifiste doit prendre pour cible ce vaste système mondial de domination et de guerre sans fin ? Si un autre monde est possible, il faut le chercher dans la remise en cause permanente, durable et sans concession de la domination de gens comme Harper et ses Conservateurs, complices avoués des agresseurs, à la tête d’un pays qui ne cesse de nous déshonorer à l’échelle de la planète.

Un mouvement indépendantiste affirmé contre les calamités de la guerre ajouterait aux voix du monde qui appelle, non à la «retenue», mais à la fin de l’odieuse domination du monde par les militaristes inconscients du type de Harper et compagnie. Qu’avons-nous à en faire d’eux et de leur projet d’amplifier un chaos dont les minces espoirs de l’humanité est de s’extraire ?