Un référendum, oui, mais comment?

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Référendum sur le mode de scrutin : la gauche redoute que la réforme soit rejetée


Dans les dernières semaines, l’engouement pour la réforme électorale au Québec semble s’être affaissé. Plusieurs ont appelé à un référendum sur la question, dont les libéraux provinciaux et certains membres du caucus de la CAQ. La possibilité de tenir un référendum lors des prochaines élections québécoises a été mentionnée. Le premier ministre François Legault a aussi démontré une ouverture à la tenue d’un référendum.


Si le Québec prépare un tel référendum, il faudra s’assurer que les Québécois aient en main toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé. Pourtant, des expériences récentes en politique canadienne indiquent que la tenue d’un référendum pendant une élection provinciale n’est pas suffisante pour informer le public.


Lors d’un référendum tenu pendant une élection provinciale en 2005 en Colombie-Britannique, environ 65 % des répondants à un sondage Angus Reid ont déclaré ne rien savoir ou en savoir peu sur la réforme électorale proposée. Une campagne similaire a eu lieu en Ontario en 2007, durant laquelle un sondage Strategic Counsel a conclu que 47 % des répondants ne connaissaient rien sur la réforme proposée, 41 % en connaissaient peu, et que seulement 12 % en connaissaient beaucoup.


Ces résultats ne devraient pas surprendre. Dans les deux cas, les partis ont évité de parler de la réforme électorale pendant la campagne électorale. Ils ont préféré débattre d’enjeux habituellement discutés lors des élections générales, comme l’économie, l’éducation, et la santé.


Comment informer le public


Cela démontre que les référendums, en soit, ne sont pas suffisants pour informer le public au sujet de la réforme électorale. Le référendum devrait donc être accompagné de mesures susceptibles de favoriser un vote informé.


La première chose à faire serait de ne pas tenir le référendum pendant une élection provinciale. Cela permettrait aux acteurs politiques de se concentrer sur l’enjeu du référendum, soit la réforme électorale. De la même manière, la couverture médiatique pourrait aussi se concentrer sur cet enjeu, plutôt que sur la multitude de dossiers qui sont inévitablement soulevés lors d’une élection générale.


Deuxièmement, il faudrait qu’un débat entre les chefs de partis soit organisé exclusivement sur la question de la réforme électorale. Ils pourraient expliquer la position de leur parti sur la question et étayer leur argumentaire. Ils pourraient aussi profiter de l’occasion pour informer le public sur ces enjeux. Un débat opposant les chefs me semble être le meilleur moyen de susciter l’intérêt du public sur cette question.


Troisièmement, il faut aussi s’assurer que la réforme aura lieu si les électeurs se prononcent en faveur de celle-ci. Cela peut sembler évident, mais il est arrivé dans l’histoire récente que des gouvernements provinciaux proposent des consultations populaires pour ensuite en ignorer les résultats. Pour éviter un tel problème, il faudrait qu’un référendum gagnant entraîne automatiquement la réforme, sans passer par les élus. Il pourrait, par exemple, donner directement le mandat de mettre en place la réforme au directeur général des élections.


Un référendum demande plus qu’une question supplémentaire et un espace pour faire un X sur un bulletin de vote. Il requiert que la population ait la possibilité de prendre connaissance des enjeux liés à ce choix au moyen d’une campagne d’information en bonne et due forme. Cela exige une campagne sur cette question, un débat formel, ainsi que la garantie que les résultats du référendum seront mis en place à la suite du vote. Ces mesures devraient être associées à la tenue de la consultation populaire sur la réforme électorale, si une telle consultation a lieu.









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