Énergie Est

Un projet réalisable, mais avec des conditions claires

Tribune libre

Des documents top secrets de TransCanada du mois de juin dernier sont sortis au grand jour pour nous faire avaler le pipeline Énergie Est au coût de 12 milliards de dollars. Ce projet de pipeline long de 4600 km est susceptible d’acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta vers l’Est du Canada, traversant le Québec d’un bout à l’autre.

Quelle est leur stratégie ? En contractant la firme Edelman américaine, TransCanada prévoit engager 35,000 activistes-lobbyistes-spécialistes pour informer les Québécois et conditionner leur cerveau à ce qu’ils doivent penser.

Comment ? En faisant appel à des universités québécoises impliquées dans la recherche environnementale, en impliquant d’ex-personnalités politiques influentes, en contrant tous les opposants à leur projet, en particuliers les activistes de Greenpeace, en commentant des articles sur Internet, en écrivant des blogues ou des messages sur Twitter ou Facebook, en envoyant des lettres aux journaux, en interpellant des élus ou en leur écrivant, voire en s’invitant aux audiences du BAPE, etc.

Pour promouvoir leur projet, les promoteurs prévoient dépenser entre 4 et 7 milliards de dollars pour cette opération charme, incluant, bien sûr, la désinformation, la production de faux rapports et des pots de vin à des élus et des municipalités. Il n’en demeure pas moins que la propagande est l’arme la plus redoutable de destruction massive des consciences, des États et des peuples.

Sommes-nous rendus-là au Québec ? Il semble que ce n’est pas le cas… M. Couillard a déclaré dernièrement à M. Gallant, premier ministre du Nouveau-Brunswick, ceci: «Je ne suis pas sensible aux pressions, je fais ce que j’ai à faire comme premier ministre du Québec. » (Le Devoir, 26 novembre 2014). J’espère qu’il ne nommera pas des comités consultatifs de l’énergie indépendants pour conseiller le gouvernement! Ou que TransCanada mette dans sa poche l'Office national de l'énergie dont la responsabilité est de veiller au respect des normes environnementales et de sécurité.

Pour ma part, devant un tel projet, je me pose cinq questions qui devraient trouver des réponses claires :

1) Combien d’emplois ce projet va-t-il créé et combien d’emplois actuels saisonniers ou permanents seront-ils en danger, au niveau de l’industrie touristique et que dire de l’impact sur la faune aquatique ?

2) Dans quelle mesure ce projet peut-il être nuisible ou destructeur pour l’eau potable, les rives du fleuve, les terres agricoles et les populations riveraines ?

3) Quelles seront les véritables redevances (pensons seulement à un droit de passage) permettant ce transit de pétrole à travers tout le Québec ?

4) Ce projet inclue-t-il la responsabilité d’installer, dans toutes les municipalités visées, des outils et équipements adéquats, et des cours de formation nécessaire d’un personnel qualifié pour faire face à d’éventuels accidents, incendies ou déversements ?

5) À combien de milliards devrait s’élever un fonds de prévoyance (ou assurance) que la compagnie mettrait en fiducie en vue de réparer d’éventuels bris de pipeline comme indemniser des populations touchées par des délocalisations, des maladies, des handicapes ou même la mort ?

Même si le droit de passage est de juridiction fédérale, il n’en demeure pas moins qu’il y a des enjeux très importants au plan humain, environnemental et économique pour le Québec. Le gouvernement du Québec a donc le devoir de mettre en place des balises claires et incontournables pour la réalisation de ce grand projet et que la population québécoise devrait se prononcer, oui ou non, sur sa faisabilité.

Featured 8c0f59ed26d0671347255ad7ccf3e7ea

Marius Morin130 articles

  • 120 548

Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
interpellé par l'actualité socio-politique

Laval





Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Marius Morin Répondre

    28 novembre 2014

    Pour ce que j’en sais, le prix du pétrole en US se négocie encore à New York. Ce prix à la baisse fait partie des sanctions envers la Russie de Vladimir Poutine qui a dû se tourner vers la Chine et l’Inde pour écouler son pétrole. Les Russes veulent, en plus, exploiter le pétrole de l’Arctique. Je pense que cette stratégie ne peut pas durer très longtemps, et les pays de l’OPEP vont réagir à la hausse, les États-Unis et le Canada aussi.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    28 novembre 2014


    @ Normand Paiement:
    Comme en témoigne la publicité de suncor, Je crois que nos amis albertains sont pour le "Oui": http://www.youtube.com/watch?v=7M8CyTb6I7k ....
    "L'énergie du "Oui""....http://lenergieduoui.com/?redir=lenergieduoui-suncor-com
    N'importe quoi !

  • Archives de Vigile Répondre

    28 novembre 2014

    Énergie Est en difficulté.
    Avec le pétrole sous la barre des 75$ le baril, les promoteurs devront réviser le projet et revoir l'échéancier, voir tabletter le pipeline pour longtemps en l'absence d'une forte reprise mondiale, une reprise peu probable à court et à moyen terme. Il resterait apparemment encore quelques milliards de $ à flamber pour amadouer l'opinion publique, des fonds déjà alloués, ce qui donnera aux magnats du pétrole albertain le temps de plancher sur leur problème.
    Il devrait être clair pour tous que le pétrole des sables bitumineux ne peut concurrencer l'abondant pétrole conventionnel qu'on peut extraire à aussi peu que 3-5$ le baril pour les meilleurs sites du Moyen-Orient, du Vénézuéla, de Russie, etc. Que le Québec se rende captif (même partiellement) d'une source de pétrole qui sera toujours plus chère et plus polluante à produire (maintenant comme dans 30 ans) que le pétrole bon marché, moins polluant, il vaut la peine d'insister, est une très mauvaise stratégie énergétique pour lui, peu importe le bout par lequel on aborde la question. En cette matière stratégique, le Québec, tant qu'il ambitionne de devenir un pays doit rester libre de ses choix et de sa capacité de choisir ses sources d'approvisionnement sur le marché mondial. Heureusement, le spectre de cette mauvaise affaire recule.
    En refusant de diminuer les quotas de production cette semaine, les pays producteurs maintiennent l'offre au même niveau en présence d'un affaiblissement de la demande ce qui continue à pousser les prix à la baisse. Ils ont donc procédé à ce qui s'annonce, à terme, à une véritable purge des canards boîteux en matière d'extraction pétrolière. Les USA et le Canada seront les premiers perdants et dans le scénario conséquent fermeront les installations devenues trop couteuses. Au nombre des conséquences, si la tendance se maintient suffisamment longtemps, la baisse du produit intérieur brut de l'Alberta est à prévoir, l'Ontario industriel et le Québec (dans une moindre mesure) pourraient profiter à court terme de la baisse du prix mais au total l'ensemble de l'économie du Canada accusera un recul. Pour l'économie américaine, cela sonne le glas du dernier espoir de relance sur des bases quelque peu solides.
    Par ricochet et tant mieux pour lui, le consommateur bénéficiera de pétrole moins cher à la pompe et de mazout pour se chauffer sans se ruiner.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2014

    La manigance est déjà sur notre terrain. Enlevez le f à facteur et c'est la faute à personne.

  • Marius Morin Répondre

    27 novembre 2014

    Merci M. Carmichael. Vous posez une très bonne question en relation à ce panneau publicitaire édité par « Les amis de la science », dont le message est à l’opposé des théories du GIEC, (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sur le CO2 et le réchauffement climatique. Cette association canadienne est liée au pétrole et remet en question l’accord de Kyoto. http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Friends_of_Science
    Voilà un bel exemple de la manipulation de l’opinion publique ! Merci.

  • Marius Morin Répondre

    27 novembre 2014

    Je suis heureux d’apprendre que TransCanada a abandonné le renouvellement de son contrat avec la firme de relations publiques Edelman. (Martin Croteau, La Presse, 27 novembre 2014). TransCanada affirme que sa stratégie était morale et éthique… alors pourquoi avoir rompu avec ce contrat… pour éviter tout soupçon et redorer son image ?

  • Normand Paiement Répondre

    27 novembre 2014

    Monsieur Morin,
    Pourquoi pas un référendum sur la question?
    Les tenants du "OUI" et du "NON" seraient ainsi obligés d'informer la population sur les divers aspects liés à ce projet.
    Une fois éclairés sur l'ensemble des enjeux que celui-ci représente, les Québécois pourraient alors se prononcer en connaissance de cause tout en exerçant leur souveraineté sur leur propre territoire!
    Sans compter que le mot "référendum" cesserait d'être tabou!
    Mais, bon, je ne me fais pas d'illusion: les libéraux et leurs petits amis n'auraient rien à gagner avec un tel exercice démocratique...
    Normand Paiement

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2014

    «TransCanada prévoit engager 35,000 activistes-lobbyistes-spécialistes pour informer les Québécois et conditionner leur cerveau à ce qu’ils doivent penser.»
    Un surprenant panneau-réclame est apparu sur l'autoroute la plus achanlandée du Québec, la 40.
    Pourquoi ce panneau? Pourquoi maintenant? Pourquoi là? Y-a-t-il un lien à faire avec votre citation ci-haut?
    Cette réclame doit coûter pas mal de bidous. Qui peut se payer cela? Tenez-vous bien pour ne pas tomber en bas de votre chaise. Il s'agit d'un organisme albertain qui a l'effronterie de se nommer "Friends of Science"!
    La question qui se pose maintenant est: qui finance cet organisme?
    Cet organisme a toute les apparences d'un mercenaire à la solde de l'industrie pétrolière. Difficile de ne pas voir un lien quasi-direct avec le rapport Edelman.