LA CHARTE À L'HEURE DE LA DINDE

Un procédé malhonnête du PQ, dit Khadir

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Maladroit, probablement. Malhonnête, certainement pas !

Amir Khadir n’a rien contre le principe de la « dinde à la Charte » façon Parti québécois. Mais encore faudrait-il avoir les bons ingrédients pour nourrir la discussion, dit-il. Le député a critiqué jeudi une utilisation jugée « malhonnête » de ses propos dans le document préparé par le PQ pour fournir des arguments pro-Charte à ses militants.
Dévoilé mardi par Le Devoir, le document Des réponses aux questions de votre famille pour les partys des Fêtes ! propose aux militants du PQ des réponses toutes prêtes pour qu’ils puissent réagir aux commentaires anti-Charte de leur parenté au moment du partage de la dinde — volaille dont une photo orne la page couverture du document.

À la fin de ce petit manuel du parfait péquiste en matière de Charte de la laïcité, le PQ anticipe la question : « C’est quoi la différence avec ce que les autres partis proposent ? » À cela, le militant interpellé est invité à répondre que la position du Parti libéral du Québec « n’est plus tellement claire depuis la sortie de la députée Fatima Houda-Pepin ».

Concernant Québec solidaire, ce militant devrait se rappeler que le parti propose « d’interdire le port de signes religieux uniquement aux juges, aux policiers et aux gardiens de prison », selon le PQ. Qui ajoute ensuite que « paradoxalement, le député Amir Khadir a déjà affirmé que “pour [lui], le voile — pas juste le niqab — est un symbole de soumission et de domination de la femme par l’homme. C’est un symbole archaïque qui devrait être jeté aux rebuts de l’histoire” ».

Or, pour reprendre une expression que le Parti québécois suggère d’utiliser souvent dans son document — envers ceux qui disent que les Québécois « passent pour des racistes partout dans le monde », par exemple —, c’est faux.
Mise en garde

Amir Khadir est bien l’auteur de la citation utilisée par le PQ (prise dans Le Devoir du 9 mars 2010). Mais le texte ajoutait aussitôt que, selon M. Khadir, le port du voile n’est pas une raison pour exclure les femmes qui le portent. « Est-ce qu’on est une société où on aide ces femmes à se libérer ou on fait juste répondre à nos peurs et à nos questionnements identitaires ? », demandait-il.

« Procédé malhonnête », « digne des tactiques des conservateurs de Harper » : l’entourage de M. Khadir n’a pas apprécié. Le député non plus. « Il y a une idée généreuse derrière le document, dit-il en entretien : profiter du temps des Fêtes pour discuter de questions essentielles comme la laïcité de l’État et l’identité, pas seulement de hockey et de neige. Mais pour que cet exercice soit franc et honnête, ce serait bien que les péquistes entendent tout ce que j’ai à dire. »

Amir Khadir trouve ironique qu’on utilise une citation qui, prise dans le bon contexte, accompagnait « une mise en garde disant que [le port du voile] n’est pas une raison de nier les droits de nos concitoyennes et de les empêcher d’aller au travail, de les ostraciser davantage ».

Plus largement, M. Khadir déplore le ton « négatif » du document péquiste. « Que ce soit un peu pédagogique ne me dérange pas. Mais le ton dénote une stratégie défensive, perdante, où on essaie de discréditer les avis contraires. Personnellement, je l’aurais fait en décrivant un projet, en disant voici comment on envisage l’avenir, en donnant un aperçu positif de ce que sont les promesses de la proposition. »
CAQ

À la Coalition avenir Québec (CAQ), la députée Nathalie Roy a trouvé « un peu drôle ce guide-là » — qui a par ailleurs suscité beaucoup de réactions au Québec et au Canada anglais à la veille de Noël. « Tout est très subjectif, il n’y a rien d’objectif là-dedans », disait-elle jeudi en faisant notamment référence à l’affirmation voulant que « tous les sondages d’opinion démontrent que la majorité des Québécois appuient la Charte ». Ces sondages démontrent plutôt une parfaite division de la population à l’égard de la proposition du gouvernement Marois.

Mme Roy dénonce aussi l’utilisation d’une citation jugée hors propos. En présentant la position de la CAQ, le PQ rappelle que « lorsqu’il était chef de l’Action démocratique du Québec, [le député caquiste] Gérard Deltell avait dit que “tout signe religieux ostentatoire ne devrait pas être autorisé dans l’espace public” ». La citation date de décembre 2009.

« C’est de la mauvaise foi, estime Mme Roy. L’ADQ n’existe plus, il y a eu une fusion. M. Deltell pouvait très bien penser cela en 2009, mais c’est François Legault qui est le chef de la CAQ et nous sommes en 2013. »

Les audiences publiques sur le projet de loi 60 vont débuter le 14 janvier.


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