Manifestation pour la paix dans la bande de Gaza

Un préalable: la paix durable

- La CSN et Québec solidaire se dissocient des propos haineux- Hate-mongers taint anti-Israel protests- Slogans haineux: les organisateurs se défendent

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Gaza: l'horreur de l'agression israélienne


La participation de la CSN à la manifestation en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza a suscité quelques réactions sur la pertinence d'une telle intervention. À cet égard, j'aimerais rappeler les positions de la CSN sur la question.
D'abord, ce n'est pas la première fois dans notre histoire de solidarité internationale que la CSN intervient publiquement pour soutenir la cause palestinienne. Par exemple, en 2002, la CSN demandait au gouvernement canadien de tout mettre en oeuvre afin que cesse la violence en Palestine. Nous exigions, notamment, la cessation de l'occupation israélienne illégale dans les territoires palestiniens, le respect des résolutions de l'ONU et le droit à une patrie, à un État, pour les peuples israélien et palestinien. Sur le fond, notre position demeure toujours la même. Cependant, loin de s'améliorer la situation politique dans cette région du globe se détériore, et ce, malgré l'appel répété de la communauté internationale afin que soit respecté le droit international.

Depuis 15 jours, nous assistons de nouveau à une escalade de la violence, qui ne résoudra en rien ce conflit qui perdure depuis des décennies. S'il nous faut dénoncer la violence utilisée par les deux camps, nous devons également constater que l'intervention militaire israélienne est démesurée, car elle a des conséquences inhumaines pour la population civile de Gaza. Avec ses centaines de morts et ses milliers de blessés, la situation est devenue totalement intolérable pour les Palestiniens et les Palestiniennes. En témoigne la dernière résolution du conseil de sécurité de l'ONU qui invite les gouvernements israélien et palestinien à appliquer un cessez-le-feu immédiat.
Pour la CSN, cette résolution s'applique à tout le monde, tant au Hamas qu'à l'armée israélienne. Les belligérants ont des responsabilités. Notre intention, c'est de soutenir cette idée que la paix durable constitue un préalable à toutes négociations entre les parties. C'est la raison pour laquelle nous interpellons le gouvernement canadien afin qu'il joue un rôle proactif à l'échelle internationale dans la recherche d'une solution respectueuse des aspirations fondamentales des peuples israélien et palestinien.
L'auteure est présidente de la CSN.
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Manifestation pour la paix dans la bande de Gaza - La CSN et Québec solidaire se dissocient des propos haineux
Stéphane Baillargeon
Le Devoir vendredi 16 janvier 2009
Le Comité Québec-Israël (CQI) a demandé et obtenu hier des comptes éthiques et politiques pour les propos haineux tenus lors de la manifestation publique de samedi dernier à Montréal. Des extraits vidéo captés par le groupe de pression juif montrent des manifestants criant: «Brûle, brûle, Israël!» (en mettant le feu à un drapeau israélien) ou «Le djihadiste est le bien-aimé d'Allah», ou encore «Hezbollah!, la Palestine nous appartient et les juifs sont nos chiens.»
«Il y a une longue tradition de non-violence au Québec, mais cette tradition risque d'être minée par des éléments qui ne savent pas manifester tranquillement et dignement, pour lesquels défendre une cause c'est nécessairement vouloir la mort de l'adversaire», a dit au Devoir Joseph Gabay, vice-président du Congrès juif canadien, après la conférence de presse qu'il coanimait avec Luciano G. Del Negro, directeur général du CQI. «Dans cette marche, on a confondu la solidarité avec le peuple palestinien et la dénonciation d'Israël par la délégitimation et la démonisation. Notre ligne de conduite est simple: ici, chez nous, de tels propos haineux ne sont pas acceptables et ne doivent pas être cautionnés par des syndicats ou des partis politiques.»
La manifestation du 10 janvier, appelée par une coalition de plusieurs dizaines de groupes syndicaux, communautaires, religieux et politiques pour «demander un cessez-le-feu immédiat» dans la bande de Gaza, a rassemblé des centaines de personnes dans les rues du centre-ville. La députée Monique Richard du Parti québécois, le député Amir Khadir de Québec solidaire et Claudette Carbonneau de la CSN manifestaient.
La grande majorité des slogans haineux captés par le CQI sont en arabe. Des propos semblables ont été tenus et dénoncés lors d'une manifestation à Toronto. Un de ses organisateurs a ensuite déclaré que l'accent mis sur les propos de quelques individus extrémistes détournait l'attention des véritables enjeux.
«La CSN ne soutient aucun slogan haineux à l'endroit du peuple d'Israël», dit un communiqué diffusé par la centrale syndicale deux heures à peine après la conférence de presse. «La CSN veut rappeler que sa présence à la manifestation de samedi dernier visait d'abord et avant tout le respect des droits humains et des résolutions de l'ONU qui reconnaissent aux peuples palestinien et israélien le droit de vivre dans le respect de leurs aspirations nationales.»
Jointe par Le Devoir, Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, a tenu aussi à dissocier sa formation des propos extrémistes tenus par certains manifestants samedi, tout en contextualisant la participation à cet événement. «Québec solidaire est allé à cette manifestation à cause de la situation humanitaire et politique. Nous sommes confrontés jour après jour au désastre et il fallait aller à cette manifestation pour lancer un appel à la paix, à la solution négociée, à un pays pour la Palestine et à la sécurité pour le peuple israélien. Cela dit, nous nous dissocions de tout propos haineux tenu à l'égard du peuple d'Israël pendant cette manifestation. Je pense que je ne peux pas être plus claire.»
Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, s'est dit «préoccupé par les allégations d'incitation à la haine et à la violence lors de récentes manifestations au Canada», selon un communiqué diffusé hier.
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Hate-mongers taint anti-Israel protests


The Gazette
January 16, 2009


By their nature, political demonstrations cast a wide net. Whatever the subject, loose affiliations of like-minded organizations often serve as contact networks in efforts to maximize attendance.
So it was at last Saturday's Montreal "manif," one in a series denouncing Israel's military action in Gaza. More than 20 organizations were involved, from Quebec's biggest union groups to the Fédération des femmes and the social action office of the Catholic archdiocese of Montreal, plus Québec solidaire and even something called the Mouvement Québécois pour une décroissance conviviale.
None of those groups, we'll presume, had members involved in some of the chanting during the protest. "Burn, burn Israel" and "Palestine is ours, the Jews are our dogs" and "There is no god but Allah, and the jihadist is beloved of Allah" are not sentiments associated with the archdiocese, nor the women's group.
And yet there they were, all in the same rally. We have heard nobody from any of those important organizations denounce the open hatred and anti-Semitism displayed by some of their fellow marchers, and we can't understand why not.
The Canadian Jewish Council, the Quebec-Israel Committee and other Jewish organizations this week distributed recordings of the demo, and others in Toronto and Calgary, complete with translations from Arabic.
Some in those organizations and elsewhere in the Jewish community say aspects of these demonstrations have crossed the line into hate speech, and are calling on the police to get involved.
We're not convinced of that, at least in the Montreal case. The authorities should tread warily when it comes to people's basic rights to protest and demonstrate.
There is, however, a serious issue here for those organizations that allow themselves to be affiliated with hate-mongers.
The defence is always "we're not responsible for what other people do at a rally," and that's true. But when legitimate organizations add a cloak of respectability to hateful rhetoric and even racism, they cannot just shrug.
The leaders of those organizations should have known to expect offensive excesses at a demonstration such as this one. Yet they chose to go along for the ride all the same. And if they were not surprised and disgusted by the worst excesses, then they were complicit in them.
Mainstream organizations that associate with marginal elements will ultimately only marginalize themselves.
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Slogans haineux: les organisateurs se défendent


La manifestation de samedi pour dénoncer l'attaque israélienne contre Gaza a connu de sérieux débordements, estiment le Comité Québec-Israël et le Congrès juif. Photo: André Tremblay, La Presse

Judith Lachapelle - Incantations au Hezbollah, appels à la destruction de Tel-Aviv, insultes aux Juifs... Il n'y a pas que des messages de paix qui ont été lancés à la manifestation de samedi dernier pour dénoncer l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Hier, le Comité Québec-Israël et le Congrès juif canadien ont présenté aux journalistes une vidéo tournée lors de la manifestation qui montre des participants lançant des slogans haineux à l'endroit d'Israël. Les images montrent un petit groupe de manifestants assez bruyants qui scandent plusieurs slogans en arabe, dont la traduction a été fournie aux journalistes par le Comité. «Ô Nasrallah, ô bien-aimé, frappe, frappe Tel-Aviv», disent les manifestants en arabe. «La Palestine nous appartient et les Juifs sont des chiens», disent d'autres.

Le Comité Québec-Israël et le Congrès juif accusent les organisateurs de la manifestation ainsi que tous les participants - ils étaient 10 000, ont clamé les organisateurs - de s'être associés avec des «islamistes radicaux qui ont transformé les rues de Montréal comme si c'était celles de Gaza sous le [contrôle du] Hamas», selon Luciano G. Del Negro, directeur général du Comité Québec-Israël.
«Je veux bien croire qu'ils sont naïfs et qu'ils ne pouvaient imaginer de tels débordements, mais ils devaient très bien s'attendre à ça», a pour sa part dit Joseph Gabay, vice-président du Congrès juif canadien.
Les participants, selon MM. Del Negro et Gabay, ont répondu à une «invitation haineuse» en se rendant à la manifestation. «C'était tout sauf une manifestation pacifique», dit M. Del Negro. «C'était une manifestation pro-Hamas.» Ils regrettent, par exemple, de ne pas avoir entendu un plaidoyer pour que le Hamas n'utilise pas de boucliers humains ou cesse de constituer «ses réserves d'armes dans les hôpitaux et les mosquées».
Québec solidaire et la CSN sont particulièrement visés par les deux organisations juives.
En entrevue, la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a fermement répété qu'elle condamnait les propos haineux. «Je ne parle pas arabe, mais si c'est vraiment cela qui a été dit, Québec solidaire s'en dissocie radicalement. Je ne peux pas être plus claire que ça.» Elle indique cependant qu'il est «difficile» d'empêcher les débordements, particulièrement dans les manifestations fort émotives.
Samedi dernier, Françoise David a conclu les discours avec un appel à la paix aux deux parties. «J'ai dit que la solution au conflit devait être politique et négociée et qu'elle seule pourrait assurer la paix, aussi bien du côté palestinien que du peuple d'Israël. Cette intervention a été chaudement applaudie par la foule.»
Déjà samedi, Mme David avait déclaré qu'elle ne scanderait pas le slogan «Israël Assassin», inscrit sur certaines pancartes, à cause de l'ambiguïté de son message: qui est l'assassin, le gouvernement ou tout le peuple israélien? «Parce qu'il y a des gens au sein du gouvernement israélien qui, en ordonnant l'aventure militaire actuelle, tuent des gens et, semble-t-il, une majorité de civils.»
«Mais ça ne veut pas dire du tout que Québec solidaire est anti-israélien», dit Mme David. «Ce qui commence à être fatiguant, c'est que pour certains représentants d'une partie de la communauté juive, dès qu'on adresse des critiques à l'endroit du gouvernement israélien, c'est comme si on était anti-israélien. Est-ce que lorsqu'on critique Stephen Harper, on est anti-canadien? Ça ne tient pas debout.»
La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, était indignée de la réaction des deux organisations juives. «La CSN ne soutient aucun slogan haineux à l'endroit du peuple d'Israël. Cependant, je considère que la polémique ouverte et attisée par le Congrès juif et Québec-Israël doit prendre fin. Si elle devait se poursuivre, je considérerais qu'il y a là une manoeuvre de diversion pour tenter de détourner l'attention du drame humain qui se joue à Gaza.»
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