Un plan nord improvisé

Tribune libre

Québec, le 11 mai 2011
Un plan nord improvisé
Le premier ministre du Québec Jean Charest a eu 37 jours de campagne électorale fédérale pour se soustraire à la grogne populaire à l’effet de tenir une enquête publique sur la corruption dans le monde de la construction et s’est sauvé d’un moratoire sur l’exploitation des gaz de schistes.
L’élection fédérale maintenant terminée le premier ministre du Québec annonce en grande pompe des investissements de 80 milliards dans un projet d’un plan nord improvisé. De ce fait, il précise que ces milliards de dollars d'investissements sur 25 ans pourraient être révisé au gré des conjonctures, des découvertes et d'un tas de facteurs. Il confirme donc l'impression que tous ont soit une annonce parsemée d’improvisation contenant beaucoup de chiffres mais peu de concret.
Jean Charest veut immortaliser son nom comme l’a fait Robert Bourassa dans le projet du développement de la Baie James dans les années 1970 et qui avait coûté 14 milliards de dollars. Toutefois la différence est à l’effet que l’hydro électricité était nationalisée et la société hydro Québec en était l’investigateur et le responsable du projet. Toutefois le développement ne s’est pas réalisé sans gaspillage et sans scandale.
Si le programme de développement du Nord québécois, dévoilé lundi par le gouvernement Charest, est bien accueilli par l'industrie minière, il en va autrement des communautés autochtones touchées par le projet car elles demeurent divisées. D’ailleurs le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, n'a pas été rassuré des déclarations faites par le gouvernement Charest lors du dévoilement de ce plan de développement et a mentionné que c'est encore plus inquiétant qu’il le pensait.
Il faut s’entendre avant car souvenons-nous du 15 novembre 1973, lors des travaux du développement hydroélectrique de la baie James, après plus d'un an de procédures judiciaires le juge Albert Malouf avait donné raison aux autochtones en ordonnant l'arrêt immédiat des travaux. En substance, le gouvernement leur avait consentis d'importantes sommes d'argent, la création de plusieurs réserves protégées ainsi que la préservation de leurs territoires de pêche. L'entente historique est baptisée Convention de la baie James et du Nord québécois.
Pourquoi, avant de se lancer dans ce projet, le gouvernement Libéral n’a pas adopté la loi 79 modifiant l’actuelle loi sur les mines rendue vétuste. En effet inadaptée à la réalité d'aujourd'hui et avec un encadrement environnemental complètement inefficace il est urgent que Québec révise en profondeur et modernise cette loi datant d'un autre âge qui a été promulguée à la fin du 19e siècle.
Contrairement à une société d’état comme Hydro-Québec je ne suis pas certains que les différentes compagnies minières ont toujours démontrés qu’elles se comportaient de façon digne et responsable écouteront et partageront avec les collectivités.
Quand on voit la manière empressée avec laquelle le gouvernement Charest tente de nous vendre les projets gaziers et avec quelle désinvolture il balaie de la main les préoccupations des citoyens il est difficile de croire qu’il changera d’attitude dans son dossier plan nord. Pourquoi ne pas nationaliser le secteur minier avant de donner 70% de notre territoire à des compagnies privées avides de $$$$$$$$.
D’après moi ce Plan Nord est trop axé sur la croissance économique et pas suffisamment sur le développement durable. De ce fait il n'y a pas de stratégie visant à s'assurer qu'il y ait un maximum de retombées pour les communautés. En plus rien ne prévoit que les entreprises qui vont venir exploiter la richesse ne quitteront prestement le territoire une fois la richesse exploitée.
Nous allons payer beaucoup de routes, beaucoup d'équipement, beaucoup de formation, beaucoup d'expertise géologique et, au bout du compte, est-ce qu'on va en retirer véritablement des revenus suffisants pour les systèmes de santé et d'éducation et, aussi, un Fonds des générations, parce qu'il faut prévoir ce qui va se passer après le boum du Plan Nord.
C’est un plan nord improvisé pour se sauver des critiques d’un gouvernement è la dérive.
Jocelyn Boily

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1 commentaire

  • Stéphane Russell Répondre

    12 mai 2011

    Pas improvisé du tout, bien au contraire! La pire erreur que font les peuples est de sous-estimer ceux qui les gouvernent. Faut dire qu'avec les pantins abrutis qu'ils se mettent en place, c'est tentant de le croire.
    Il faut voir les pays du tiers monde pour voir comment ça fonctionne. On propose à ces pays de développer des routes qui permettrons l'exploitation des sites miniers nationaux. Mais ces pays bien sûr n'en ont pas les moyens. On leur propose donc un prêt - qu'ils arrivent difficilement à payer la plupart du temps. On les dépouille d'une main et on leur prête à intérêt de l'autre. Comme résultat, on a un tiers monde qui s'enfonce plutôt que de s'en sortir.
    Visiblement, le Plan Nord n'est rien d'autre que ça. C'est en grande pompe qu'on nous annonce des investissements de 80 milliards, investissements qui profiterons surtout à ces même multinationales. Vu l'état des finances publiques, on devine bien que ce 80 milliards, nous allons nécessairement devoir l'emprunter à quelqu'un nous aussi. Ce sont ces même multinationales qui seront directement ou indirectement les bailleurs de fond, car elles possèdent tout. Rien à voir avec la Baie-James, qui fut entreprise pour le compte d'une société nationale, Hydro-Québec. Cette dernière est effectivement incroyablement rentable pour nous tous.
    On veut nous tromper: ce n'est pas nous qui allons exploiter ces mines via la Société du Plan Nord, c'est encore un projet de cette fausse «nouvelle» droite, une vrai prostituée de l'impérialisme (monétarisme) international. La vrai droite, au contraire, est très patriotique et plutôt protectionniste par nature. Notre place à nous cette fois sera comme ouvriers, spectateurs et - bien entendu - payeurs.
    Le calcul n'est pas difficile à faire. J'ai un vaste champs dans ma cours mais pas les moyens de le cultiver. Mon voisin plus riche me propose de me prêter de l'argent afin de lui aménager l'espace. Il cultive et nous donne une part de redevances (une fraction insuffisante pour lui rembourser mon prêt). Ensuite, il me revend au prix fort les produits de cette terre qui m'appartient. Et si je ne rembourse pas mon prêt, il me saisi tout ce que j'ai. Non seulement je me fais arnaquer «comm'faut», mais j'ai même payé plusieurs fois ces ressources et mis ma famille à risque. Avisé, je m'arrangerais plutôt pour garder le contrôle sur la production, pas pour le déléguer: cultive pour moi ou dégage! Mais en voyant ce qui se passe, je me dis qu'il n'y a pas que les newfies qui le soient.
    Le Plan Nord, c'est le système bancaire international à l'oeuvre, un système d'arnaque mondial et finement réglé. Les ressources naturelles ne sont pas ce qui les intéressent le plus: ce système à fondement juridique transforme les populations en esclaves, en lui faisant prendre des engagements légaux qu'elle ne pourra jamais ni comprendre, ni satisfaire.
    Un proverbe de Confucius dit que les pigeons sont pris au piège par une patte, mais l'être humain lui se prend au piège par la langue.