Un nouveau héros: Lino Zambito

Lino et le gros Mom: des stars et des vedettes?

Tribune libre

Permettez-moi un petit commentaire sur un certain processus de «starification» qui atteint parfois une certaine frange de la société québécoise. Notre société et les médias sont parfois des entreprises qui, volontairement ou non, fabriquent interminablement des héros et des demi-dieux.
Il y a plusieurs années, à l'époque où le gros Mom Boucher et sa bande de crapules sévissaient et avaient même tué «accidentellement» un enfant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, Le Devoir avait publié un de mes textes (que je ne retrouve pas). Titre du texte:Mom Boucher Superstar.
Je soulignais alors que de nombreux Québécois, hommes et femmes, ont une fâcheuse tendance consistant à parfois «héroïser» aveuglément, ou presque, n'importe quel salopard dont on parle beaucoup dans les médias. À l'époque, le gros Mom et ses sbires étaient allés en vacances quelque part dans un pays du Sud. Dans l'avion de nombreux passagers avaient supplié la grosse canaille de bien vouloir leur permettre de se faire photographier à ses côtés. Et le gros «voyou» avait volontiers accepté. Aux yeux d'un certain nombre de nos concitoyens le gros Mom suscitait un ouragan d'admiration. Et Monsieur Maurice Boucher jouait avec un souverain plaisir ce petit jeu du vedettariat.
J'ai, comme d'autres, l'impression que tout ce processus sociologique recommence, dans une moindre mesure, avec le brave Lino Zambito. Le profiteur a connu une certaine prospérité grâce au fric qu'il «nous» avait volé, nous les citoyens et les citoyennes. Et sa confession, presque religieuse, devant la Commission Charbonneau, a amené certains citoyens à sanctifier et à «héroïser» cette nouvelle star. Sa confession lui confère la rédemption et lui permet d'accéder au pardon «universel», le pardon de Dieu et celui des braves Québécois toujours à la recherche d'un modèle «inspirant».
Comme dirait le PÈRE UBU: MERDRE! Et moi j'ajoute: MERDE ALORS!
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias


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