Un gouvernement désorganisé

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Quel euphémisme. Reste à voir maintenant si le PQ saura en profiter





La ministre déléguée à la Protection de la jeunesse a déclaré jeudi quelque chose de gros, dans le dossier des jeunes filles qui se font recruter comme escortes. De très très gros.


« Manifestement, il y a un réseau qui s’est infiltré au Centre jeunesse de Laval. La police est sur le coup et on est en train de travailler là-dessus. »


Une ministre qui affirme qu’un établissement d’un réseau dont elle a la charge est infiltré par une organisation qu’on devine criminelle et que les policiers sont là-dessus, c’est vraiment loin d’être banal.


Quand son collègue de la Sécurité publique sent le besoin de sortir le lendemain à la première heure pour reformuler ses propos, on se rend compte qu’on est manifestement devant une ministre qui est l'auteure d’une bourde de calibre olympique. 


Martin Coiteux affichait une certaine morgue en disant que ce que Lucie Charlebois « a voulu dire, c’est pas qu’y a un réseau à l’intérieur, c’est qu’y a la possibilité que de l’extérieur, par le biais des médias sociaux, y a du recrutement qui se fasse ».


Il a par ailleurs précisé que sa collègue est à l’extérieur ce matin.


Les policiers ne doivent pas être contents non plus.


Pas banal


On remarquait que le gouvernement Couillard semblait un peu désorienté depuis le remaniement. La ministre de l’Économie qui nous dit que c’est bénéfique pour le Québec quand on perd nos sièges sociaux. Son prédécesseur, déjà pris à faire un triple salto dans le dossier ÜBER, qui ne veut pas défendre la transaction, ayant anciennement contribué au sauvetage de RONA. Puis, le ministre de la Famille qui contredit une association heureuse de le voir réduire ses coupes dans les garderies.


Bref, ça fait dur.


Mon collègue Jonathan Trudeau expliquait jeudi ce que cela représentait, tous ces ministres en pâture, à quelques jours de la rentrée parlementaire.


Tout ça, à la limite, c’est du flottement, de l’amateurisme ou de l’apprentissage, appelez ça comme vous voulez.  


Sauf que c’est vraiment moins rigolo, une ministre qui vient faire une déclaration aussi effrayante pour les parents qui ont des jeunes dans les Centres jeunesse et pour les gens qui y travaillent.


Lucie Charlebois sait-elle de quoi elle parle? Lui a-t-on donné l’heure juste? Comprend-elle bien ce qu’est la situation?


Dans tous les cas, c’est grave et ce n’est vraiment pas rassurant, dans le contexte où les histoires de disparitions de jeunes filles se multiplient. Le gouvernement, qui ne peut quand même pas être blâmé directement, se charge lui-même de se mettre le singe sur l’épaule en ajoutant à l’inquiétude.


Désorganisés


Si une telle séquence était survenue sous Pauline Marois, Jean-Marc Fournier serait déjà sorti sur son plus beau destrier pour incendier les villages péquistes et les médias parleraient d’un gouvernement en crise.


Là, comme c’est le PLQ et que la vérité a ses droits, nous n’irons pas aussi loin.


N’empêche que si on ne peut pas encore dire que gouvernement-là est en crise, il n’est pas trop tôt pour croire qu’il est manifestement désorganisé au lendemain du remaniement et à la veille de la rentrée, au point même de se demander s’il n’est pas en train de partir en vrille.


Oui, ça commence à coûter cher à Philippe Couillard d‘avoir attendu autant pour procéder.


Mais ça, c’est de la politique. C’est ma job d’en parler.


Celle du premier ministre, c’est de profiter de son caucus pour secouer quelques pommiers et s’assurer que ses ministres arrêtent de mettre le trouble et de faire peur au monde.



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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.





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