La langue française a encore une fois été mise à mal par certains aspirants chefs du Parti conservateur dans un débat «bilingue» lundi, où le candidat-vedette Kevin O’Leary s’est exprimé presque exclusivement en anglais.
Moins d’un mois après un affrontement en français à Québec où la langue avait été particulièrement malmenée, quelques candidats ont préféré s’exprimer uniquement en anglais lundi, malgré la formule bilingue du débat.
«Il y a clairement un déficit global au niveau du français dans cette course à la direction, estime le professeur en sciences politiques à l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily. Mais ça a mieux passé cette fois-ci, car ceux qui ont de graves lacunes ont choisi de parler uniquement en anglais, comme Lisa Raitt et Kellie Leitch, par exemple.»
C’est aussi le cas de l’un des favoris, Kevin O’Leary, qui s’est adressé principalement en anglais aux 400 personnes réunies dans un hôtel de l’Ouest-de-l’Île de Montréal. Il a lu quelques brefs passages en français au début et à la fin du débat pour dire qu’il suivait des cours de langue et s’améliorait «tous les jours».
Mea culpa
Natif de Montréal et bien connu au Canada anglais, l’homme d’affaires avait récemment minimisé l’importance de parler en français pour vivre au Québec.
Des propos pour lesquels il s’est publiquement excusé dans une entrevue accordée au Journal la semaine dernière.
Il avait aussi été accusé d’avoir volontairement esquivé le débat unilingue du mois dernier en se lançant dans la course au lendemain de l’affrontement.
«Il a fait son mea culpa et s’est aperçu qu’il allait devoir se mettre au français s’il veut un jour devenir premier ministre, lance M. Boily. Mais il a encore beaucoup de croûtes à manger avant de maîtriser la langue.»
Le candidat Deepak Obhrai, qui avait eu de grandes difficultés en français lors du débat de Québec, était pour sa part absent lundi.
Selon l’organisation, ce dernier avait d’autres obligations à Calgary.
Marijuana et vote des jeunes
Au-delà de la langue, de nombreux candidats conservateurs ont rappelé lundi l’importance de gagner la confiance des jeunes, qui ont massivement voté pour le libéral Justin Trudeau aux dernières élections fédérales.
«On veut donner une nouvelle approche pour nos jeunes. On ne peut plus faire les choses comme il y a 20 ans», a notamment lancé le Montréalais Erin O’Toole.
M. O’Leary a pour sa part reçu des applaudissements de la salle en se disant pour la légalisation de la marijuana et en faveur des droits des lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres.
Le candidat Steven Blaney n’a pas manqué d’accuser son adversaire d’être un «libéral» et a réitéré sa position anti-marijuana, ce qui lui a aussitôt valu une huée de la foule.
«Plutôt que de lancer des solutions pour plaire aux gens, on doit amener de véritables politiques dont la population pourra bénéficier», a dit M. Blaney au Journal après l’affrontement.
Utilisation du français
- 20 % Kevin O’Leary
- 40 % Andrew Saxton
- 41 % Andrew Scheer
- 41 % Rick Peterson
- 50 % Chris Alexander
- 27 % Michael Chong
- 0 % Lisa Raitt
- 0 % Kellie Leitch
- 45 % Maxime Bernier
- 33 % Steven Blaney
- 46 % Erin O'Toole
LÉGENDE : Pourcentage d’interventions contenant au moins une phrase intelligible en français.
Bilingue ? Vraiment ?
La langue de Shakespeare a dominé l’essentiel des échanges de ce second débat conservateur
6 des 9 questions contenaient du français
36 réponses de candidats contenaient au moins une phrase intelligible en français
75 réponses ont été formulées partiellement ou complètement en anglais.
2 phrases ont été dites en français par le candidat Kevin O’Leary
0 contenu francophone dans les réponses des candidates Lisa Raitt et Kellie Leitch.
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