PHILIPPE FAUCHER
L'auteur est professeur au département de science politique et chercheur associé au Centre d'études et recherches internationales de l'Université de Montréal.
La situation économique internationale est fort préoccupante, et les perspectives ne sont pas encourageantes. Il n'y a pas de dénouement annoncé à la crise de l'euro. L'économie américaine ne parvient pas, malgré les élections présidentielles, à sortir de la stagnation. Les pays émergents, aux prises avec leurs propres tensions, ne sont plus en mesure, comme en 2008, de jouer les locomotives.
La pause de l'été tire à sa fin et plusieurs pays, parmi les plus endettés, feront face à très court terme à des échéances qui mettront à l'épreuve leur volonté de revenir à l'équilibre budgétaire et à leur capacité de relancer la croissance. La situation est compliquée par les nombreuses consultations électorales qui risquent de mettre à mal les engagements de rééquilibrage budgétaire des gouvernements sortants. Une reprise de l'agitation sociale, marquée par un regain de la polarisation opposant la gauche à la droite, est attendue. L'automne sera chaud, plus chaud que l'été.
D'avril à juillet, toutes les projections de croissance du Fonds monétaire international (FMI) pour les pays avancés et pour les pays émergents ont été revues à la baisse. La zone euro est en récession avec une croissance négative de -0,5%. Le pays le plus touché est la Grèce (-7,1%), suivi du Portugal (-3,3%), de l'Italie (-2,1%), et de l'Espagne (-1,8%). L'Allemagne ne va guère mieux, avec une augmentation anticipée de 0,5%. L'Angleterre et la France ne progressent pas, avec 0,2%.
Ailleurs, une croissance de 2,1% est prévue pour les États-Unis. Il en est de même pour le Canada. Les pays émergents, en partie à cause de la conjoncture extérieure, sont en perte de vitesse. La Chine tente un «atterrissage en douceur» avec une croissance de 7,5%. L'Inde annonce une hausse de l'activité économique de 6,1%, suivi de la Russie (3,8%). Le Brésil, avec une croissance de 2,0%, se débat avec des infrastructures déficientes et un tassement de la consommation des ménages.
Des échéances majeures sont annoncées. Les autorités monétaires européennes (la Commission européenne, la Banque centrale européenne) et le FMI devront déterminer dès septembre de l'opportunité d'un renflouement financier de la Grèce. Des engagements pour de nouvelles compressions seront exigés du Parlement, ce qui risque d'ébranler la coalition gouvernementale. Malgré des efforts importants, le Portugal ne pourra pas atteindre ses cibles budgétaires. L'augmentation insoutenable de l'intérêt sur la dette imposera une nouvelle intervention des autorités financières. Des élections auront lieu aux Pays-Bas à la mi-septembre. La proposition de payer pour le laxisme budgétaire des partenaires européens fait face à la résistance des eurosceptiques de la gauche socialiste. La mise à flot des banques espagnoles nécessitera une nouvelle injection de crédit dont l'ampleur est très attendue. L'Italie entrera en période préélectorale pour une consultation prévue pour avril. Les opposants aux mesures d'austérité du gouvernement de Mario Monti font des gains dans l'opinion, alors que les taux d'intérêt punitifs (6%) interdissent tout redressement. Enfin, le cadre budgétaire du gouvernement Hollande est annoncé pour la rentrée. Les marchés veulent des coupures. Celles-ci s'imposeront d'autant plus que la faible croissance diminue les rentrées fiscales.
Enfin, l'impasse sur la politique budgétaire américaine est inquiétante. Les allègements fiscaux cumulés aux compressions budgétaires imposées par le Congrès pourraient provoquer un arrêt de la croissance. À cette incertitude s'ajoute la question, non résolue du relèvement du plafond de la dette fédérale.
Sans être alarmiste, quel que soit le parti élu le 4 septembre, le Québec devra faire preuve d'une grande prudence dans ses choix de politique économique.
Un automne chaud
Plusieurs pays fort endettés feront face à des échéances éprouvantes à très court terme.
Crise mondiale
Philippe Faucher2 articles
Professeur, directeur du département de science politique et chercheur associé au Centre d'études et recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM.ca).
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