La Grèce, qui risque une faillite à la mi-novembre, a présenté mercredi un projet de budget de très sévère austérité pour 2013 afin de satisfaire ses bailleurs de fonds, mais aucun accord avec eux n’a été conclu sur l’octroi de deux ans supplémentaires pour réaliser son assainissement budgétaire.
La Grèce, qui attend depuis juin le versement d’une tranche de prêt, se trouve donc une nouvelle fois à la merci d’un défaut de paiement à la mi-novembre lors de l’échéance d’un remboursement d’obligation de 5 milliards d’euros alors que la contestation sociale augmente face au nouveau tour de vis de rigueur.
Le projet de budget comporte une série d’économies de 9,4 milliards d’euros, qui a été jaugée en direct par les partenaires et bailleurs de fonds du pays au cours d’une réunion téléphonique des ministres des Finances de la zone euro dans l’après-midi.
Athènes tente de persuader la troïka de ses créanciers qu’elle a progressé suffisamment dans la mise en place des réformes d’assainissement pour que celle-ci débloque la tranche de 31,2 milliards d’euros de prêt dont le pays a besoin pour éviter la faillite.
Dans un climat de grande incertitude, et dans l’attente du rapport de la troïka espéré par les Grecs pour le 12 novembre, aucun verdict définitif n’a été rendu mercredi par les Européens sur l’octroi ou non d’un sursis de deux ans.
Juste avant d’examiner la copie d’Athènes, la Commission a envoyé un coup de semonce à Athènes en démentant l’existence à ce stade d’un accord entre Athènes et la troïka de ses créanciers (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), qui négocient depuis quatre mois, contrairement à ce qu’avait annoncé mardi le premier ministre grec, Antonis Samaras.
« Nous sommes en train de réduire de manière continue le nombre de questions à régler », a déclaré à la presse un des porte-parole de la Commission, Simon O’Connor, se disant « confiant dans le fait qu’un accord interviendra bientôt au niveau technique ».
Côté économies budgétaires, sur le total prévu par la Grèce à la demande de ses créanciers, 7,6 milliards proviennent de coupes dans les retraites, salaires de la fonction publique et aides sociales, les retraités étant les plus gros contributeurs à l’effort (4,68 milliards) via un recul de deux ans envisagé de l’âge de départ en retraite (67 ans au lieu de 65). Le budget prévoit aussi près de deux milliards de hausse des recettes.
Soit un effort d’économie exactement conforme aux engagements pris par la Grèce, malgré les difficultés de négociation au sein de la coalition gouvernementale droite gauche et le risque d’explosion sociale. Il permettra de réduire le déficit budgétaire à 5,2 % du PIB au lieu de 6,6 % attendu en 2012, mais s’inscrit dans un paysage économique totalement dévasté en Grèce, qui connaîtra l’an prochain sa sixième année consécutive de récession.
Le PIB devrait ainsi chuter de 4,5 %, selon les projections du gouvernement, contre -6,5 % attendu en 2012, tandis que la dette devrait exploser à 189,1 % du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6 % attendu en 2012.
Portugal
Au Portugal, également sous la coupe d’une troïka UE-FMI-BCE, les 5,3 milliards d’économies du budget 2013 proviennent principalement de hausses d’impôts, une recette déjà appliquée en 2010 et 2011 en Grèce, et très contestée.
Le Parlement portugais votait mercredi la proposition de budget pour 2013 du gouvernement de centre droit, tenu de renforcer la politique de rigueur menée sous la tutelle de ses créanciers en dépit d’un mécontentement, là aussi, grandissant.
L’objectif est de ramener le déficit public à 4,5 % du PIB, contre un objectif de 5 % cette année.
À Lisbonne, dans l’après-midi, une manifestation a eu lieu devant le parlement à l’appel de mouvements de citoyens et de syndicats de fonctionnaires qui entendent dénoncer ce nouveau train de mesures d’austérité. Et les syndicats ont appelé à une grève générale le 14 novembre.
En Grèce, le dépôt du projet de budget, accompagné dans la foulée « du projet du cadre de stratégie des finances publiques à moyen terme (2013-2016) », a aussi relancé la mobilisation sociale, avec un appel à une grève de 48 heures les 6 et 7 novembre contre ces nouvelles mesures d’austérité.
La Grèce vit toujours dans l’incertitude
Athènes et Lisbonne, sous la pression de la troïka, adoptent des budgets douloureux
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