Un air de cauchemar

17. Actualité archives 2007




Un technopôle des sciences de la santé à 10 kilomètres de la faculté de médecine qui devrait normalement en être le centre. Un hôpital où, faute de places de parking, patients et visiteurs seront invités à se rendre à pied ou en vélo. Un hôpital qu'il faudra, faute d'espace, construire en hauteur bonjour les ascenseurs engorgés. La circulation dans le quartier avoisinant l'hôpital? Un cauchemar. Et pour finir, une facture qui dépassera les prévisions les plus pessimistes.
Voilà où en est rendu le dossier du CHUM et de son hypothétique greffon, ce "technopôle" de la santé qui aurait dû logiquement faire partie du campus de l'Université de Montréal.
Le pire, c'est que Montréal aurait pu avoir une magnifique Cité du savoir et de la santé. On avait le terrain celui du CP, entre Outremont et le Mile End, à proximité de l'Université. On avait la nécessaire synergie entre la recherche, l'enseignement et les soins aux patients. On avait l'espace, la facilité d'accès, on avait le site, en plein cur de l'île de Montréal un site idéal pour un hôpital universitaire dont la clientèle viendra de la grande région de Montréal.
On a plutôt choisi un site étriqué, encastré dans un quartier densément bâti, où la circulation est déjà difficile, où la construction passera par des rénovations et des expropriations massives. Au lieu d'un immeuble neuf qui se serait étendu à l'horizontale sur un vaste terrain entièrement disponible, comme celui du futur hôpital de McGill, on aura ces tours de 20 étages qui écraseront l'hôtel de ville et le quartier historique du Vieux-Montréal.
Comment peut-on se tirer dans le pied à ce point-là? Eh bien, demandez-le au ministre Couillard et à ses fonctionnaires de la ville de Québec.
Demandez-le à la gogauche qui faisait des poussées d'urticaire juste à la mention du mot "Outremont" et qui tenait à ce que le CHUM soit "dans l'est", "cheu'nous" comme si toute la ville de Montréal n'appartenait pas aux francophones, comme si les francophones devaient éternellement se replier dans leur petit ghetto d'antan!
Demandez au gouvernement qui a jeté aux poubelles le projet porteur piloté par l'ancien recteur Lacroix.
Mais bon. Apparemment, c'est trop tard pour changer d'idée, donc on fera avec ce qu'on a. Quand on est né pour un p'tit pain.
Tout le dossier est dans un beau fouillis, alors même qu'il se déroule des consultations publiques.
On sait toutefois que le CHUM, qui recevra quelque 350000 patients et visiteurs par année et verra entrer 12000 personnes par jour, ne comptera qu'un millier de places de stationnement. Qu'à cela ne tienne, dit le CHUM, on encouragera les employés à prendre les transports en commun, on construira des couloirs piétonniers entre le métro et les bâtiments Ces employés qui travaillent debout et qui ont des horaires inconciliables avec les horaires d'autobus n'auront même pas la possibilité de venir au travail en auto. Idem pour les médecins qui devraient, à en croire les autorités du CHUM, perdre leur temps à faire des correspondances en métro pour aller de l'université à l'hôpital au lieu de voir des patients.
L'arrondissement de Ville-Marie, qui est à mijoter un ambitieux projet de relance du secteur, n'est pas en reste. Il est question de fermer les rares parkings publics adjacents à l'hôpital pour les transformer en parcs à vélos (!), et de réduire radicalement la circulation automobile sur toutes les grandes artères du secteur (les rues Viger, Saint-Antoine, Saint-Denis et Saint-Laurent). Bonjour les bouchons, et tant pis pour les malades et les vieux qui constituent la principale clientèle des hôpitaux: qu'ils marchent, qu'ils pédalent! Et les ambulances? Elles ont beau avoir des sirènes, elles ne peuvent pas survoler les bouchons. Mais au diable les ambulances!
On fait comme si le CHUM devait être au centre d'un vaste projet de prévention de l'obésité. On confond tout. La vocation première d'un hôpital est de s'occuper non pas de prévention mais du curatif.
Le projet de l'arrondissement, dit "projet urbanistique particulier", passe aussi par le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, histoire d'y construire le reste du technopôle.
Le recouvrement de cette plaie béante serait une bonne initiative urbanistique. Mais a-t-on déjà oublié les effroyables dépassements de coûts produits par la construction du nouveau siège social de la Caisse de dépôt? Ils tenaient en bonne partie au fait qu'on a construit sur l'autoroute.


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