Trop de «cachettes» du gouvernement

L’opposition veut «l’heure juste» concernant le sempiternel Dossier santé Québec

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Le dossier le plus opaque de l'administration publique





La Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti québécois jugent que les contribuables québécois doivent savoir quels sont les véritables coûts du projet informatique Dossier santé Québec (DSQ).


Québec garde les fins détails à l’interne, selon les deux partis d’opposition.


Mercredi matin, notre Bureau d’enquête a révélé que des frais «connexes» et de «maintenance» de 450 M$ s’ajoutent à la facture du projet, mais le ministère de la Santé ne les a pas inclus dans le budget annoncé, soit 563 M$, puisque ces frais ne concernaient pas le développement ou l’implantation, explique le ministère.


Le DSQ atteindra donc plus de 1 G$. En ajoutant tous les autres grands projets informatiques en santé, la facture pour l’informatisation de tout le réseau atteindra 1,8 G$, soit le triple de ce qui était anticipé. C’est 473 $ par contribuable.


«On nous ment, on vient nous éclater les frais du DSQ dans différentes colonnes budgétaires pour qu’on ne sache pas ce que ça coûte vraiment», balance le député de la CAQ Éric Caire, qui croit que le gouvernement tente de préserver la réputation du premier ministre Philippe Couillard, «le père du DSQ». C’est lui qui avait annoncé ce projet en 2006.


Une vérification externe


La CAQ exige que ce projet soit vérifié par une firme externe ou par la Vérificatrice générale. Cela ne serait pas précédent; le gouvernement a réalisé l’an dernier une vérification externe du projet informatique SAGIR, qui est passé de 83 M$ à 1 G$.


Les coûts de 450 M$ en plus devaient être présentés par le gouvernement, selon lui. «Dans le privé, quand tu vends un projet à ton patron, tu lui parles du coût total du projet [...] Ce que les contribuables veulent savoir, c’est ce qu’ils paieront pour tout le projet.»


«Que le ministre [Gaétan Barrette] donne les vrais chiffres au lieu de faire des cachettes. C’est sa responsabilité», déplore la députée péquiste Diane Lamarre, qui était présidente de l’Ordre des pharmaciens du Québec de 2009 à 2014 et qui a donc suivi ce projet de très près.


Déplorant le fait qu’une demande d’accès à l’information ait été nécessaire pour connaître l’ampleur des frais additionnels, Mme Lamarre admet qu’un projet de cette envergure peut nécessiter des périodes d’essai. «Mais, là, ça fait 10 ans. Il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas», ajoute-t-elle, regrettant que le gouvernement libéral n’ait pas assez demandé de comptes à ceux qui n’ont pas fait leur travail.


La fameuse récurrence


De son côté, l’attachée de presse du ministre, Joanne Beauvais, explique qu’«avec le temps et l’augmentation rapide de la fréquence des consultations du DSQ, le coût moyen par consultation [qui est de 16 $ présentement] diminuera rapidement». Elle ajoute que le DSQ génère aussi des économies en évitant aux professionnels de la santé de passer des heures à chercher un document.


Le ministère souligne que, dans «tous» les projets informatiques, les coûts de récurrence ne sont jamais comptabilisés dans les coûts totaux du développement et du déploiement.


Pourtant, quand notre Bureau d’enquête a demandé les coûts pour l’informatisation des hôpitaux de Montréal, le coût total indiqué comprenait, justement, les frais de récurrence.




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