Une dénonciation dès l’automne

Le bureau de Philippe Couillard a été avisé par la présumée victime de Pierre Paradis

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Couillard prend les Québécois pour des imbéciles





Dès l’automne 2016, le bureau du premier ministre a reçu une dénonciation de l’employée de cabinet qui a porté plainte récemment contre Pierre Paradis, a appris notre Bureau d’enquête.


Ainsi, bien avant de faire sa dénonciation aux policiers en janvier, la plaignante s’était adressée à l’entourage du premier ministre.


Une personne «a pris contact à l’automne pour dénoncer une situation qui la concerne [...] Il lui a été offert trois rencontres et elle s’est désistée», a expliqué Charles Robert, porte-parole du premier ministre.


Cette personne, a confirmé M. Robert, est la même qui s’est plainte des gestes de M. Paradis, lequel a été exclu du caucus en raison de l’enquête dont il fait l’objet.


Puisque la personne a refusé de participer à ces rencontres, «on n’a jamais su quelle était la teneur» de sa dénonciation, a indiqué M. Robert.


Pas de commentaire


La «Politique relative à la prévention et à la gestion des situations de harcèlement au travail de l’Assemblée nationale» fait des whips de chaque parti politique — chargés de la discipline parlementaire des élus — la «personne en autorité» dans tout cas où un employé souhaite se plaindre.


Questionné à savoir s’il avait rencontré la plaignante concernant des «inconduites sexuelles» du ministre Paradis, le whip du gouvernement, Stéphane Billette (Huntingdon), s’est refusé à tout commentaire. La politique contre le harcèlement exige un «niveau de confidentialité très élevé», a-t-il justifié.


«Qu’il y a eu plainte ou pas, vous ne le saurez pas [...] C’est le mot d’ordre», poursuit-il, soulignant que les partis, unanimement, ont voulu garantir la confidentialité du processus.


Quant au bureau du premier ministre, a-t-il été informé que la plaignante avait rencontré le whip au sujet du comportement de M. Paradis? «Je pars du principe que les rencontres avec le whip sont confidentielles [...] Elles doivent le rester.»


Fausse information


Plus tôt, vendredi, Philippe Couillard a reconnu avoir sciemment laissé courir pendant 24 heures une fausse information.


Dans un communiqué laconique, le gouvernement indiquait mercredi que Laurent Lessard reprenait les fonctions de ministre de l’Agriculture. L’entourage de Pierre Paradis avait alors raconté aux médias qu’il devait faire une pause en raison d’un accident d’équitation.


Or, c’est en raison de la plainte dont il faisait l’objet qu’il a été écarté du conseil des ministres le 25 janvier, a confirmé M. Couillard.


Pierre Paradis a été admis vendredi après-midi dans un hôpital montréalais, a révélé son bureau de circonscription. Après sa commotion cérébrale, sa condition se serait détériorée et des examens neurologiques plus précis étaient nécessaires.


— Avec la collaboration de Charles Lecavalier et Elisa Cloutier


Des réactions


« Il l’a admis lui-même. Waoh: pendant 24 h, Philippe Couillard a laissé rouler une fake news, une fausse nouvelle comme aux États-Unis, sans la corriger, sans la démentir, sans donner le vrai motif du départ de Pierre Paradis aux citoyens. Ça me fait peur. »


— Nathalie Roy, députée de la Coalition avenir Québec


« Le premier ministre prend les gens pour des imbéciles. Pourquoi ne pas l’avoir dit? »


— Alexandre Cloutier, député du Parti québécois


« Philippe Couillard a laissé courir une fausse information, transmise par le cabinet du ministre de l’Agriculture plus de 24 heures plus tôt. Le premier ministre a donc cautionné le fait qu’une information erronée, sur un enjeu majeur, transmise par un membre de son gouvernement, circule. »


— Agnès Maltais, députée du Parti québécois


« Comme beaucoup de femmes au Québec, je suis attristée de constater que trois mois après l’affaire Sklavounos, un autre libéral fait face à des allégations préoccupantes de harcèlement sexuel. Philippe Couillard doit s’expliquer sur la chronologie des événements. »


— Manon Massé, députée de Québec solidaire


« La culture du secret au sein du gouvernement libéral doit cesser une fois pour toutes. »


— Simon Jolin-Barrette, député de la Coalition avenir Québec




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