Français au travail

Trois mois plus tard, toujours pas de comité

Québec c. Canada — le Québec entravé


Guillaume Bourgault-Côté - Trois mois plus tard, toujours rien: le comité consultatif sur la situation du français dans les entreprises privées de compétence fédérale — dont la mise sur pied a été annoncée par le gouvernement le 24 novembre — n'a pas encore vu le jour. Et rien n'indique que cela se fera de sitôt.
Le cabinet du ministre responsable de ce comité, Christian Paradis, a affirmé hier au Devoir que «la composition et le mandat du comité seront dévoilés au terme d'une démarche sérieuse et réfléchie». «Nous sommes en train de le constituer», a-t-on mentionné, sans toutefois préciser un quelconque échéancier.
Le ministre Paradis avait annoncé la création de ce comité au milieu d'une tempête linguistique, l'automne dernier. L'objectif: «évaluer si un problème existe en ce qui concerne la langue française au sein des entreprises privées qui opèrent dans la sphère fédérale» et qui ne sont donc pas assujetties à la loi 101 au Québec.
La décision du gouvernement survenait quelques jours après des révélations de La Presse indiquant que le premier vice-président des technologies de l'information de la Banque Nationale, John B. Cieslak, ne parle pas français. Le gouvernement fédéral avait alors évoqué une «situation problématique».
Mais le contexte plus large incluait aussi les nominations récentes et controversées d'unilingues anglophones comme vérificateur général, juge à la Cour suprême ou directeur des communications du premier ministre. Le Devoir avait aussi révélé le jour de l'annonce de M. Paradis que la grande majorité des ministres bilingues du gouvernement Harper s'affichent uniquement en anglais sur leur site Internet personnel.
La mise sur pied du comité visait donc à projeter l'image d'un gouvernement sensible à la question du bilinguisme. Mais elle avait été qualifiée de simple tactique de «rattrapage» et de «récupération pour calmer le jeu» par les partis d'opposition.
Hier, le NPD est revenu à la charge en dénonçant l'inaction des conservateurs dans ce dossier. «Le temps n'est plus aux belles paroles, mais à l'action», a soutenu le député Robert Aubin, quelques heures avant que le projet de loi C-315 soit soumis au vote de la Chambre des communes. Ce projet de loi néodémocrate voulait «harmoniser les exigences linguistiques applicables aux entreprises fédérales qui exercent leurs activités au Québec avec celles qui sont en vigueur dans cette province». Pour le NPD, c'était là une «solution concrète pour protéger la langue française au Québec».
Les autres partis n'étaient toutefois pas de cet avis: les conservateurs, les libéraux et les députés du Bloc (qui préfèrent une réelle application de la Loi 101) ont voté contre C-315 (90 députés pour, et 185 contre). Les conservateurs estimaient que le projet de loi n'aurait fait «qu'imposer de la paperasse inutile et encombrante pour les entreprises», selon le cabinet de M. Paradis — paroles qu'a repris textuellement en Chambre le député Jacques Gourde.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->