Après lecture, je me permets trois brèves observations.
Première observation: je constate encore une fois que l'environnement peut facilement devenir le thème privilégié de ceux qui n'ont rien à dire mais qui veulent se donner un vernis progressiste. Qu'on me comprenne bien: je ne dis pas que l'environnement n'est pas une question centrale. Je dis que ce thème sert souvent, très souvent, trop souvent, de cassette aux politiciens usés qui veulent s'acheter une vision et se donner un air de modernité et d’éternelle jeunesse en répétant quelques slogans écolos. En parler de manière aussi vague n’engage pas à grand-chose tout en permettant de prendre la pose de l’humaniste préoccupé par le sort de la planète. Cela dit, en lisant cet entretien, on devine là le prochain positionnement du PLQ, qui conjuguera fédéralisme ultra, multiculturalisme radical, social-libéralisme et capitalisme vert. Ce sera sa manière à lui d'être un parti progressiste.
Deuxième observation: dans cet entretien, Jean-Marc Fournier dit s’inquiéter de la polarisation de la politique québécoise. Il est amusant de lire un homme qui a participé à un gouvernement diabolisant son propre peuple au nom de la conception la plus orthodoxe du multiculturalisme s’inquiéter de cela. Mais au-delà de l’anecdote, il faudrait pourtant rappeler à Jean-Marc Fournier qu'une démocratie qui se perd dans le consensualisme obligatoire en est de moins en moins une, car elle empêche les citoyens de voter pour autre chose que des partis interchangeables. Un vrai débat démocratique met en scène plusieurs options, et à travers cela, plusieurs avenirs possibles. Le culte du consensus, dans les faits, pousse à neutraliser la vie politique pour la soumettre à une logique gestionnaire de plus en plus étouffante, comme si la vie démocratique devait se penser comme une copie de la vie managériale. Dès lors qu’on veut remettre en question l’ordre des choses, aussi néfaste soit-il, on passe pour un radical auprès de ses gardiens. Sur des questions vitales pour l’avenir de notre société, il est normal que des options contradictoires se fassent valoir. Il faut seulement s’assurer que les désaccords s’expriment de manière civilisée.
Troisième et dernier observation: dans cet entretien, Jean-Marc Fournier est invité à commenter la situation de son parti en lien avec ce qu'on nomme pudiquement le vote francophone. Rappelons-le: jamais le PLQ n’a été aussi bas chez les francophones. Mais Fournier décide d’esquiver la question en se demandant plutôt quels sont les liens entre la CAQ et le volte anglophone et les communautés issues de l’immigration. Petit malin! Mais cette parade ne convainc personne et confirme surtout à quel point les ultrafédéralistes du PLQ ne savent tout simplement plus comment parler à la majorité historique autour de laquelle la société québécoise est structurée. Le PLQ est enfermé dans sa base anglophone et allophone et mise sur son expansion pour un jour revenir au pouvoir et devenir indélogeable. Il est manifestement dégoûté à l'idée de parler aux francophones, qu’il soupçonne d’intolérance. Le PLQ masque son refus de l’identité québécoise derrière sa prétention à défendre les «droits individuels». Le PLQ accuse implicitement les francophones de ne pas respecter ce qu’il appelle le vivre-ensemble mais qui n’est finalement plus qu'un vivre-sans-nous.