Tragédie de Lac-Mégantic - Les irresponsables

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Un « malheureux événement »

Souriant ! C’est ainsi que Ed Burkhardt, le président de la tristement célèbre Montreal, Maine et Atlantic Railway (MMA), s’est présenté à la caméra de Radio-Canada, à Chicago. Il allait s’envoler pour daigner venir constater, trois jours après le drame, les épouvantables ravages et carnages causés par ses vieux wagons non sécuritaires. Un «malheureux événement», selon l’insultant euphémisme utilisé par un autre douteux personnage de ce drame, le ministre fédéral Denis Lebel.
Nullement repentant, déterminé à ce que les affaires continuent à rouler comme si rien ne s’était passé, le p.-d.g. Burkhardt a évidemment rejeté toute responsabilité mardi (sur recommandation de ses avocats, sans doute), tout en admettant que ses employés ont fait de petites erreurs. Ainsi, a-t-il confié, désormais, on informera mieux les pompiers des conséquences, sur les freins à air, d’éteindre le moteur. Et on déplacera de Nantes à Sherbrooke (où il n’y a pas de pente) l’endroit où se font les changements d’équipe de conduite des trains. Problème réglé ! (La « décision » a soulevé l’ire du maire de Sherbrooke Bernard Sévigny, mardi. On a ainsi compris que M. Burkhardt n’avait pas avisé le premier magistrat. Mais qui se soucie de l’opinion des élus de ces colonies francophones où circulent ces bombes ambulantes ?)
Disons-le sans détour : pour MMA, les affaires ne devraient pas pouvoir continuer comme avant le 6 juillet. Dans une juste colère lundi, le député de la CAQ, François Bonnardel, a eu la bonne idée de réclamer la révocation des permis de cette compagnie « de broche à foin ». Si cette révocation est impossible, examinons au moins la suspension, qui ne pourrait être levée que lorsque la compagnie aura pris les mesures nécessaires pour garantir, partout où elle veut passer au Québec, la sécurité des gens et de l’environnement.
Peut-on cependant se fier au ministre fédéral Denis Lebel pour exiger de telles choses? Certainement pas ! Il fallait l’entendre, mardi, défendre avec une langue de bois quasi soviétique les systèmes de son ministère. « Laissons aller l’enquête, laissons aller les choses : on ne sait pas ce qui a causé l’accident ! » Parlant de ses rapports avec l’industrie, il ajouta : « On travaille bien ensemble. » Ce qu’a « confirmé » l’inénarrable Burkhardt, qui, lorsqu’on lui a demandé s’il était d’accord avec la construction d’une éventuelle voie de contournement à Lac-Mégantic, a répondu par l’affirmative. Avant de préciser, désinvolte, qu’il n’y mettrait pas un sou et que les gouvernements assumeront la facture. Autrement dit : « Que les autres paient pour la sécurité, moi, je veux continuer à empocher. »
Au fait, « on ne sait pas ce qui a causé l’accident » ? Bien sûr qu’on le sait ! Un train laissé sans surveillance. Des wagons pleins de pétrole. M. Lebel, au lieu de tout faire pour protéger sa bureaucratie, devrait chercher à assurer la sécurité des gens et à aider les victimes de cette horreur. Des victimes, affirmons-le, d’une négligence criminelle. L’ancien ministre de la Justice Marc Bellemare a raison : les écorchés de Mégantic ne devraient pas hésiter à faire des demandes de prestations à l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC). Pour y avoir droit, rappelons-le, un demandeur n’a pas à établir hors de tout doute qu’un crime a été commis, mais doit le faire de façon « prépondérante ». Or, celle-ci semble évidente ici. Sur plusieurs aspects. Malgré les dénégations stratégiques de M. Burkhardt.


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