ÉLECTIONS 2014

Tout n’a pas été dit

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La partie n'est pas jouée

Avec seulement douze jours de campagne à faire, les partis politiques accélèrent la cadence et concentrent leurs interventions sur les seuls thèmes qu’ils croient susceptibles d’avoir un impact. À trop jouer de stratégie, ils risquent d’autres dérapages.
Depuis plus d’une semaine, deux thèmes seulement ont retenu l’attention des chefs des grands partis, et dans chacun des cas de façon négative.

Pour Mme Marois, élire Philippe Couillard équivaudrait à réélire l’équipe de Jean Charest, alors que pour M. Couillard, choisir Pauline Marois replongerait le Québec en campagne référendaire. Simpliste, tout ça.

Les journalistes sont eux-mêmes un peu coupables puisqu’en voulant éviter de se laisser dicter la nouvelle par les machines des partis, ils ont tendance à accorder moins de temps au contenu diffusé tous les jours par les chefs au profit des joutes verbales plus brûlantes… fussent-elles aussi concoctées par les stratèges des partis.

Ce fut le cas hier encore, alors que Mme Marois présentait sa politique de la petite enfance. Au point de presse qui a suivi, aucune question n’a été posée sur le sujet à cause de la sortie de M. Couillard mettant ses adversaires au défi de publier leurs états financiers.

Il faut dire qu’entre les deux partis en quête du pouvoir, les différences de point de vue sur les grands enjeux de gouvernement sont beaucoup moins évidentes qu’à l’élection de 2012. Finances publiques, éducation, environnement, développement économique… à quelques exceptions près, comme la charte de la laïcité, les programmes des deux formations se ressemblent. Un peu plus d’indexation ici, un peu moins d’intervention là…

Il n’aura donc fallu que quelques mois pour oublier que le Parti québécois a été absent du pouvoir pendant neuf ans, la plupart de ses idées lancées en 2012 ayant été réalisées ou… abandonnées. Et maintenant, à quoi s’attendre pour les cinq prochaines années ?

Quant au Parti libéral, le seul fait d’avoir changé de chef aura suffi à faire oublier les neuf années d’un gouvernement louvoyant, miné par des allégations de favoritisme et de corruption.

Depuis l’entrée en scène intempestive du « pays » de Pierre Karl Péladeau, l’opinion s’est polarisée aux dépens de la CAQ, dont le chef, François Legault, mène pourtant une bonne campagne. Même Québec solidaire, qui ne joue jamais dans la cour des tacticiens, ne parvient pas à élever le niveau de la discussion.

Mais tout n’est pas fini et il faut espérer que le deuxième débat qui aura lieu jeudi fournira l’occasion de ramener à l’avant-scène les engagements électoraux qui différencient, ou qui devraient différencier, les partis. Dans le cas du Parti québécois, notamment, on se serait attendu à plus qu’un projet de budget annuel comme plateforme pour les quatre prochaines années. N’a-t-on rien d’autre à proposer pour relever le défi démographique ?

La situation économique et l’état des finances publiques étant le nerf de la guerre pour financer adéquatement la santé et l’éducation, la politique familiale et les infrastructures, les chefs doivent replacer le contenu au coeur de leur stratégie pour gagner la confiance des électeurs. À trop faire de stratégie, on oublie que l’électorat n’est pas un bloc uniforme qu’on peut manipuler à volonté.

Tout n’a pas été dit depuis le début de cette campagne, tant s’en faut, et tout peut encore arriver. Mais le temps presse !


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