Thomas Mulcair, nouveau champion du pétrole bitumineux?

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Excellente nouvelle pour Gilles Duceppe et le Bloc !





La photo était saisissante. Le chef du NPD, sourire triomphant, arborant le chapeau de cow-boy au Stampede de Calgary. Dans une entrevue au Calgary Herald du 5 juillet dernier, il affirmait souhaiter la réussite de Trans-Canada, le promoteur albertain du projet d’oléoduc Énergie Est. Il disait aussi souhaiter la réussite du secteur énergétique en Alberta, donc celle des sables bitumineux.


Ce message passe sûrement très bien en Alberta, à Bay Street et dans les Maritimes, mais pas mal moins au Québec, en particulier auprès des partisans du NPD.


En toute justice, il faut souligner que M. Mulcair est très critique des façons de faire de Trans-Canada qui, selon lui, ne se préoccupe pas assez d’acceptabilité sociale. Il critique également le processus environnemental bâclé du gouvernement fédéral depuis que les conservateurs l’ont affaibli. Et puis, il insiste pour que la production de pétrole bitumineux tienne davantage compte de l’environnement. 


Ce sont les conditions de la réussite de l’industrie pétrolière et du projet d’oléoduc de Trans-Canada, une réussite qu’il souhaite. Normal que cet appui non équivoque de Thomas Mulcair envers l’industrie du pétrole bitumineux crée un malaise au sein du NPD au Québec. Pour un parti qui est censé être le champion de l’environnement, c’est difficile d’accepter un projet comme Énergie Est, qui provoquera des émissions de gaz à effet de serre équivalent à 7 millions de voitures! Pour la lutte aux changements climatiques, on repassera. Et puis, au Québec, le projet constitue un risque majeur pour nos cours d'eau en cas de déversement, ce qui en plus nous coûterait une fortune pour réparer les dégâts. En contrepartie, il n'y a aucun bénéfice économique durable pour le Québec. Tous les risques pour les Québécois et aucun bénéfice. On conviendra que ce projet est dur à vendre pour un élu québécois. 


C’est ce qui explique la division entre les néo-démocrates du Québec et les autres, du Canada. La frustration d’un Alexandre Boulerice, par exemple, obligé de défendre une position contraire à ses valeurs et à celles de ses électeurs. Même si la majorité des députés du NPD ont été élus au Québec, c’est la position pro-oléoduc des députés du Canada qui l’emporte.


On peut donc comprendre leur immense satisfaction de lire dans L’Actualité l’entrevue (pas encore en ligne) accordée par leur chef à Alec Castonguay, où Thomas Mulcair affirme ceci: «On est contre ce pipeline». Cela allait contre toutes ses déclarations passées, selon lesquelles le projet Énergie Est était «une solution sensée, bonne pour les affaires». Le chef du NPD aime à dire que ce projet est sensé, car transporter le pétrole bitumineux d’ouest en est va créer des emplois dans les Maritimes. Sa nouvelle opposition aussi franche contre le projet d'oléoduc constituait donc un flip-flop complet, qui avait de quoi réjouir le Québec.


Malheureusement pour les députés du NPD au Québec, la fête n’a pas duré longtemps. Aussitôt que cette déclaration a été traduite et publiée en anglais dans Ricochet, les hautes instances du NPD ont réagi en affirmant que Thomas Mulcair avait été mal cité. Connaissant Alec Castonguay, journaliste rigoureux s’il en est, je doute qu’il ait mal cité l’ancien ministre libéral.


Dans le Globe and Mail, Adam Radwanski soulève la question du double discours du NPD, celui qu’il tient au Québec et l’autre au Canada. Dans le cas du projet d’oléoduc, le chef néodémocrate marche sur un fil de fer. Pour reprendre les propos de Radwanski, les autres partis vont sauter sur les preuves que Mulcair affirme certaines choses au Québec qu’il ne voudrait pas que le Canada entende. Ça fonctionnait lorsque le NPD était perçu comme un tiers parti. Mais lorsqu’on mène dans les sondages et qu’on aspire à devenir premier ministre du Canada, tout ce qu’on dit, en français et en anglais, est scruté à la loupe. 


C’est ainsi qu’en prenant la tête des sondages, Thomas Mulcair vient en même temps de perdre un grand avantage. Il ne pourra plus, dorénavant, dire une chose en français pour le Québec et son contraire en anglais, pour le Canada.  


 




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