Le proverbe

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Ni Père ni Fils ni Saint-Esprit




Les « dictons » légendaires ne sont pas devenus proverbes pour rien. Ils sont le plus souvent les fruits très justes et sages d’une connaissance à l’usure. D’une connaissance de longue date.


Ce « Tel père tel fils », par exemple… qui a d’autant plus de poids ici que le fils auquel on pense s’est réclamé maintes fois plutôt qu’une de l’héritage du père. Dans L’Aut’ Journal, Pierre Dubuc fait le tour de ce legs assumé par l’héritier avec l’arrogance du légateur. Héritera-t-il aussi du Canada ?


Il reste moins de 48 heures avant d’apprendre qui ce pays se sera donné comme Premier ministre. Difficile d’estimer lequel des trois « prospects » représenterait le moindre mal pour le Québec et donc de lui en souhaiter un plus que l’autre. Mais comme la rumeur laisse entendre qu’il s’agira de ce fils Trudeau, presque cinquante ans après le père, parlons-en encore de celui que les médias, de plus en plus excités et dithyrambiques à son sujet, commencent à décrire parfois comme prodigue inspiré, parfois comme surprenant prodige, pendant qu’il sourit à la ronde pour les « selfieurs » et « selfieuses »…


Mardi, nous laisserons bien sûr le Canada contempler le choix qu’il aura fait « from coast to coast » et avec lequel nous devrons hélas vivre nous aussi jusqu’à nouvel ordre.


Un autre proverbe – ou dicton – affirme que « le passé est garant de l’avenir ». Il serait sage pour certain.es indécis.es d’entre nous de le prendre aussi en considération dans le contexte de cette campagne électorale et contribuer à nous donner une « police » d’assurance-tous risques avec le Bloc. Sans compter que ce dicton-là pourrait tout aussi bien s’appliquer aux Harper, aux Mulcair… Harper et les frasques de son règne de dix ans, Mulcair et ses alliances passées…


Mais continuons avec le père et le fils… sur son arbre perché.


Ces jours derniers, plusieurs ont rappelé les évènements d’Octobre 1970 dont c’est le 45e anniversaire, ces évènements honteux d’un point de vue canadien et tragiques du point de vue québécois. Trudeau le père, fort de sa Loi déterrée sur les mesures de guerre, faisait alors emprisonner, arbitrairement et sauvagement, des centaines de personnes et en placer nombre d’autres – sinon tous les Québécois – sous surveillance ou en restriction partielle de liberté dans leur environnement. Ces images de jeeps de guerre et de soldats armés partout au Québec en ce mois de triste mémoire, ne sont pas des allégories. Et elles doivent nous rappeler jusqu’où peut aller un être imbu du pouvoir qui lui a été confié. PET était de ceux-là. Ce PET pour qui le Québec avait d’abord nourri une trudeaumanie en elle-même suspecte. Et de laquelle se rapproche soudainement la « justine coqueluche » dont on commence à prétendre qu’elle serait contagieuse…


Jocelyne Robert, écrivaine et blogueuse, a raconté cette semaine, dans le Huffingon Post Québec, sa Crise d’Octobre 1970. D’aucun.es l’avaient fait bien sûr avant elle mais son récit en cet octobre anniversaire et électoral en entraînera peut-être d’autres, ne serait-ce que livrés verbalement aux siens par chacun.e qui a quelque chose à se remémorer. Souhaitons-le car, comme l’écrit Mme Robert, « les centaines d’inconnus, rêveurs, poètes et idéalistes qu’on a malmenés et dont on a bafoué les droits, ont peu ou pas raconté leur crise d’Octobre personnelle. Je ne veux plus contribuer à ce trou noir ».


Parlons-en donc de cette crise pour que nous ne puissions, collectivement, oublier les humiliations, les outrages et les abus que le Québec a subis sous le règne de ce Trudeau père.


Plus de dix ans après ce drame, toujours premier ministre du Canada et plein d’une haine sensible pour René Lévesque, sans doute parce qu’il ne pouvait imaginer que l’on puisse aimer le Québec comme celui-là l’aimait et que les Québécois osent le lui rendre, ce Trudeau 1er s’est permis une autre inadmissible ingérence dans nos affaires. Dans nos VRAIES affaires. Après ses interventions sans vergogne dans le déroulement du référendum de 1980 et ses promesses pour un NON qui voudrait dire OUI pour lui, Pierre-Elliott Trudeau entreprenait, en 1981, de « mettre le Québec à sa place »: celle qu’il souhaitait le voir occuper : solidement enfermé, coincé et retenu dans le giron canadien. Et il a pris les moyens pour y arriver. Aujourd’hui, le fils félicite Philippe Couillard d’être un Canadien exemplaire.


Est-ce ce que souhaitent les Québécois de se faire à nouveau « remettre à leur place » dans le Canada par un Trudeau fils ? Mathieu Bock-Côté concluait hier sa chronique du Journal de Montréal comme suit : « S’il – Trudeau – remporte ses élections, les Canadiens, en général, et les Québécois en particulier, pourraient être surpris: il y a pire, sur cette terre, que Stephen Harper. »…


Que le Canada élise donc qui il voudra demain mais que le Québec, pour l’amour de soi, évite toute complicité dans ce résultat et accorde le moins de votes possibles à ce Trudeau nouvelle mouture. Souhaitons que pour cela, dans un miracle d’ « éveil ou de sursaut de conscience », nous ne consentions à nous faire représenter à la Chambre des Communes de ce pays qui ne saurait être le nôtre, que par des élu.es dédié.es au Québec d’abord, au Québec tout le temps. C’est possible. Et on a tout à y gagner, voire l’indépendance.


À mardi ou mercredi, selon…


Nicole Hébert


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