Tempête autour de l’identité Web du Québec

Le PQ accuse les libéraux de verser dans le «provincialisme» en abandonnant le «.quebec»

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Pour la fierté, on repassera !

En rejetant le suffixe .quebec, le gouvernement Couillard renonce à faire en sorte que le Québec se distingue dans la grande Toile. Sous couvert d’économies, voilà une autre occasion où ce gouvernement semble refuser de mettre en avant la société distincte.
Il faut revoir la belle unanimité avec laquelle, le 11 juin 2008, les trois partis représentés alors à l’Assemblée nationale, PLQ, PQ et ADQ, avaient adopté une motion pour appuyer le travail de l’organisme sans but lucratif PointQuébec auprès de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN). Elle cherchait vaillamment à obtenir de cette dernière « une extension générique de premier niveau dans l’Internet [et] exclusive au Québec ». Elle l’a d’ailleurs obtenue depuis et, à partir d’aujourd’hui 18 novembre, il sera possible de se procurer des noms de domaine .quebec.

La motion de 2008 louait une manière de « faire progresser les intérêts du Québec sur la scène internationale ». Le ministre libéral Raymond Bachand était intarissable sur la question. Il y voyait une façon de positionner stratégiquement le Québec auprès de la communauté internaute. L’acquisition d’un nom de domaine propre au Québec répondait même à la préoccupation du gouvernement libéral de l’époque, expliquait M. Bachand, de faire en sorte que le Québec soit reconnu comme un « agent innovateur dans le développement et l’optimisation des moyens de communication au XXIe siècle ». Dans Internet « moyen de communication moderne » par excellence, une extension générique de premier niveau est « un atout de plus pour notre identité et pour notre réussite », martelait-il encore.

Or la semaine dernière, à quelques jours de la mise en disponibilité des adresses .quebec, le gouvernement Couillard a fixé son orientation : le standard établi en 2006 gouv.qc.ca demeurera. Un porte-parole a fait affirmer à La Presse canadienne qu’il en coûterait jusqu’à 12 millions pour faire la migration vers des adresses .quebec et que le gouvernement refusait d’engager ces coûts. Le montant est-il gonflé ? Possible. On ignore ce que ce calcul comprend. Chose certaine, chaque année, le gouvernement dépense des millions en campagnes de visibilité éphémères. Il avait une occasion, avec le .quebec, de faire un geste durable d’identification. (Mais aussi, peut-être, de diminuer la confusion trop commune chez nous entre le gouvernement, .gouv, et l’État.)

La migration vers des adresses Web .quebec aurait-elle été vraiment source de tracas ? Cela aurait-il nui ou aidé au référencement Web ? Les experts ne s’entendent pas à ce sujet. Chose certaine, d’autres entités ailleurs dans le monde n’ont pas hésité à se projeter dans la Toile en réclamant à l’ICANN une extension et en l’utilisant. La fière Catalogne, par exemple. Raymond Bachand soulignait d’ailleurs en 2008 que « le Québec a été précédé dans cette démarche par la Catalogne […] qui utilise en effet, depuis 2006, le suffixe .cat pour promouvoir sa culture et sa langue ».

Il se pourrait que cet exemple, justement, ait profondément dérangé certains dans le gouvernement Couillard, dont le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, lequel s’est montré particulièrement allergique aux questions sur le suffixe .quebec depuis quelque temps. Comme si le Québec souhaitait se séparer du Canada dans Internet ! Si c’est là la vraie raison du rejet du .quebec, on pourrait y voir une preuve que le Parti libéral s’est encore radicalisé depuis l’arrivée de Philippe Couillard à sa tête. Contrairement aux époques Lesage, Bourassa et même Charest, toute affirmation trop prononcée du Québec est suspecte, à bloquer. Dommage.


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