Tant que le Québec sera une province...

(Messieurs Pratte et Bickle, ça suffit, le mépris à notre endroit)

Tribune libre

Je commenterai trois textes concernant la question de la langue au Québec, soit La bruxellisation de Montréalde Bock-Côté, Un peu de recul, de Pratte, ainsi que Mal parlé, mal écrit de Travis Bickle.
Le texte de Côté est objectif, réfléchi et bien intentionné. Il fait référence à l'anglicisation de Montréal, question soulevée pour une énième fois par Pierre Curzi la semaine dernière. Bock-Côté, comme Curzi et plusieurs autres commentateurs de divers horizons, sont alarmistes par la description qu'ils font du visage linguistique qu'aura Montréal dans quelques années, donc par ricochet celui du Québec tout entier. Je suis aussi très inquiet, et s'il y a alarmisme, il n'est certainement pas feint ou sur-dosé. Je seconde donc Bock-Côté à savoir que Montréal se «bruxellise».
Le texte de Pratte, sans aucun doute, est subjectif et de la plume d'un colonisé heureux, bref, disgusting. Pratte écrit:
«Comment peut-on parler d’anglicisation du Québec (et notamment de Montréal) alors que depuis 1941, la proportion de personnes de langue maternelle anglaise ne cesse de glisser, de 14,1% à l’époque à 8,2% aujourd’hui ? (...)
Depuis la Conquête, on prédit la disparition du français de ce coin d’Amérique. L’étude publiée cette semaine par le député péquiste Pierre Curzi, intitulée Le grand Montréal s’anglicise, n’est donc que le plus récent d’une longue série d’avertissements apocalyptiques.»
Pratte débute son texte en écrivant «Comment peut-on parler d’anglicisation du Québec» car son objectif est de réconforter la population en dehors de Montréal en leur faisant savoir que Montréal est une chose, la région en est une autre, donc qu'ils n'ont pas à s'alarmer de l'étude de Curzi. Bien sûr, la proportion des anglos au Québec a diminuée car le nombre de francophones a augmenté depuis 1941. Deux poids deux mesures? Certainement, car lorsque l'on dit que l'anglais augmente à Montréal, Pratte amène toujours l'argument à savoir que c'est simplement parce que les francophones déménagent en banlieue. Le plus insultant pour notre intelligence, c'est que Pratte nous rassure sur l'état du français en démontrant que la proportion de l'anglais diminue au QUÉBEC. Monsieur Pratte tente de transformer l'étude de Curzi, qui avait pour titre «Le grand Montréal s’anglicise» en «Le Québec s'anglicise» pour ridiculiser Curzi et les autres «prophètes de l'apocalypse», comme dirait Pratte. Le petit stratagème de Pratte qui écrit et notamment de Montréal entre parenthèses pour camoufler ses mauvaises intentions n'est pas surprenant.
Je crois que le texte de Pratte avait pour seul objectif de garder la population en dehors de Montréal endormie dans l'attente que Montréal, comme le dit Bock-Côté, se soit entièrement «bruxellisée». Entre l'analyse de Pratte, laquelle transpire la propagande fédéraliste et le damage control de fédé de service, et celle de Bock-Côté, plutôt objective et factuelle, il y a une mer de différences qui les sépare. Tout lecteur le moindrement intelligent saura choisir l'analyse la plus près de la réalité. Je choisis donc celle de Bock-côté.
En ce qui a trait au texte de Bickle, il a en partie raison. Je m'explique. Je sais, par expérience, que biens des anglos de Montréal préfèrent apprendre le français avec un professeur «parisien». Je sais aussi que beaucoup d'anglos ou d'immigrants rient de notre façon de parler, tout comme le font beaucoup les français. Ce sont des vérités qui ne m'affectent pas car notre façon de parler est aussi ce qui fait du peuple québécois ce qu'il est. Les français rient, gentiment, de l'accent des Belges. Les États-uniens, qui croient avoir inventé l'anglais, rient aussi de l'accent anglais.
Concernant le fait que les Français ne comprennent pas le québécois, je crois que Bickle pousse loin. J'étais justement encore hier avec une dizaine de français, et je n'avais pas amené d'interprète pour la soirée, je rassure Bickle. Il y a bien sûr certaines expressions qui diffèrent, mais cela n'empêche pas la compréhension. Bickle écrit que le français au Québec est «une sorte de dialecte, que même les francophones des autres pays du monde ont de la difficulté à apprécier, voire à comprendre.» Mes amis français disent que j'ai un accent spécial et des expressions originales, mais ils me comprennent. Je le précise, s'ils en rient, c'est avec moi, gentiment. Toujours hier, un français, après m'avoir entendu parlé, m'a dit «mais vous êtes Belge?»
Bickle, dans son article, nous montre le vrai visage de la majorité des anglos au Québec. Eux, ce n'est pas du rire «gentil» qu'il s'agit, mais du mépris profond, et Bickle l'étend dans la Presse. Concernant nos supposés problèmes de syntaxe, de grammaire, de vocabulaire et d’orthographe, je vous ferai remarquer Monsieur Bickle que c'est en lisant Cyberpresse que le problème est le plus criant, «Le plus grand quotidien français d'Amérique». Notre syntaxe, si on a des problèmes, c'est simplement parce que les francophones ont trop longtemps accepté au Québec de jouer le rôle des paysans, de la cheaplabor au service des anglos méprisants comme vous.
Je suis fier des mes expressions, de mon accent, mais il est vrai que pour que ça vaille la peine de les préserver, il faut au plus criss faire du Québec un pays, car tant que le Québec sera une province, Pratte, Bickle et les autres fédéralistes vont nous cracher dessus impunément.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010


    Le couple politique « Pauline et Jean »

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010

    « En raison des compressions budgétaires, Québec abolira des classes de francisation [ pour les immigrants ]. Comment dit-on incohérence, illogisme et courte vue en langue comptable? »
    Josée Boileau,Le Devoir,12 avril 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    11 avril 2010

    Lorsque nous lisons les commentaires des citoyens français sur les forums, les blogues, dans les grands journaux français, je vous assure que nous n'avons pas de leçons à recevoir de qui que ce soit et surtout pas d'un anglophône dont la langue américaine est rudimentaire.
    Je prends souvent les nouvelles à TV5 et je vous assure que, encore là, j'ai peine à défricher leur accent. Certains « mangent » leurs mots comme les Québécois.
    Pour plaire aux uns et aux autres, surtout les anglophônes et les allophônes, histoire de nous amoindrir, de nous rapetisser, de nous complexer, nous serions condamnés jusqu'à la fin des temps à la perfection?
    Et que dire de ses amerloches et de ces canadians qui baragouinent l'anglais, ce dont se plaignent de plus en plus les Anglais d'Angleterre. Ils vont même jusqu'à penser que leur langue disparaîtra un jour pour être remplacée par une langue de plus en plus incompréhensible.
    Alors, M. Travis pas de leçons svp.

  • Gilles Bousquet Répondre

    10 avril 2010

    Nous, Québécois francophones, pouvons tout aussi bien parler un français assez pointu, sur le bout des orteils, du genre des Français de France, en éliminant leurs anglicismes ou y aller avec une belle grosse parlure de chantiers, avec nos grosses bottines, en ajoutant quelques sacres ou blasphèmes bien placés, aux endroits propices, pour relever et/ou émailler les conversations solides.
    L'autre façon est de faire comme le regretté comédien Paul Berval : Une phrase en français pincé et la suivante en gros français colon pour bien montrer que nous sommes capables de maîtriser les 2 modes d’expression. Un, pour mieux se faire comprendre par les touristes et les immigrants et l'autre, pour les vieux copains, pour pomper un syndicat, pour les chicanes de familles et quand on se donne un coup de marteau sur les doigts. Ayoye cal…ine.