Tant de haine

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«Ces pisse-vinaigre fielleux, ces fossoyeurs d'espoir, ces dénigreurs professionnels de toute velléité d'indépendance»

Avez-vous remarqué comment ils sont prêts à dégainer rapidement, les opposants à la charte de la laïcité, comment ils sont rapides à casser du sucre sur ce bon petit peuple à leurs yeux sans culture, ceux qui n'attendent que la petite phrase idiote ou mal pensée, voire mal interprétée, censée représenter le «dangereux» consensus autour du projet d'une charte de la laïcité, comment ils sont prêts à faire flèche de tout bois avec des «expressions de haine lues dans les médias sociaux», ceux qui détestent profondément tout ce qui ressemble de près ou de loin au projet de pays québécois et à la défense de la langue française?
Il y a quelques semaines, c'était Yves Michaud qui écopait, même s'il s'était excusé et avait rectifié le tir. Cette figure connue du mouvement indépendantiste est une tête de turc facile d'accès car il ne pratique pas la langue de bois. On s'est déchaîné sur lui, trop content d'avoir enfin trouvé un méchant extrémiste à portée de tir. Cette semaine, dans le Huffington Post, un professeur de philosophie politique à l'Université de Montréal, Charles Blattberg, affirmait pourtant: «Ceux qui expriment ce refus [les principes de la séparation de l'Église et de l'État et de la neutralité religieuse de l'État] devraient tout simplement partir; ils iront dans un pays où c'est toléré.» Qu'attendent les chroniqueurs habituels pour le clouer au pilori et, tant qu'à y être, pour demander à l'Université de Montréal de se dissocier de ses propos, voire de le forcer à démissionner?
Cette semaine, on s'en est pris à ceux qui se sont soi-disant réjouis de la mort inutile, cruelle de cette femme étranglée par son foulard dans l'escalier roulant d'une station du métro de Montréal. Sûrement des cas d'exception. Mais aussitôt l'immense majorité des médias, sociaux ou pas, et les nombreux chroniqueurs habituels ont entonné le même refrain du racisme et de la xénophobie des Québécois parce qu'on osait parler d'un hidjab au lieu d'un simple foulard.
L'un d'eux a même reproché à Pierre Foglia d'avoir fermé les yeux et d'avoir osé parler de toute autre chose. Un autre a reproché à la première ministre Pauline Marois de ne pas avoir offert ses sympathies à la famille de la défunte.
Pourtant, presque toutes les semaines, des écoliers, des personnes âgées, des personnes handicapées physiquement, pour ne mentionner que les plus vulnérables, se font frapper, blesser, écraser par des autobus au coin des rues sans que la première ministre n'ait à intervenir pour offrir ses condoléances aux familles des victimes. Peut-on distinguer entre des drames comme ceux du Lac Mégantic et de l'Isle verte, qui revêtent un caractère national, et un accident mortel isolé comme celui du métro Fabre, qui relève du fait divers? Il s'agit d'un accident qui me chagrine profondément - combien de fois n'ai-je pas averti mes enfants d'avoir toujours les lacets de chaussure bien attachés au moment de prendre place dans un escalier mécanique! - sans que cela encourage ou remette en question mon engagement envers la charte de la laïcité.
Ces pisse-vinaigre fielleux, ces fossoyeurs d'espoir, ces dénigreurs professionnels de toute velléité d'indépendance, ceux qui voient dans les indépendantistes québécois des «mangeux de musulmans», des racistes, des suprématistes blancs, des «tous petits vers blancs» (dixit un chroniqueur de Voir) qui pataugent dans un «menu bleu-brun» (oh! la subtile allusion), des «nationalistes rétrogrades», sont, en fait, incapables d'indignation, sauf quand il s'agit de vilipender bêtement ceux qui rêvent d'un pays québécois, aussi imparfait puisse-t-il être dans ses balbutiements.
Tout n'est pas négatif ni parfait, et tout est perfectible. Nous luttons, aux côtés d'autres peuples, pour pouvoir donner au monde, à l'humanité un héritage de bonheur et de paix. Notre lutte ne peut être pensée autrement. Notre maison sera de verre et c'est ainsi que nous communiquerons avec le monde entier, à travers nos réalisations, notre fierté et notre culture. Cela suppose d'avoir confiance en soi et qu'on arrête de se dénigrer.


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