"Tabarnia": et si Barcelone devenait indépendante de la Catalogne séparatiste?

D0e2c9225f13eccb03950f091459142e

Partition de la Catalogne : l'Espagne étudie les stratégies canadiennes envers le Québec

Après les élections du 21 décembre, remportées par les régionalistes, les réseaux sociaux se sont enflammés à propos de la sécession de la zone urbaine de Barcelone du reste de la Catalogne.


La "Tabarnia" n'était au départ qu'une blague en Catalogne. Une blague qui prend de plus en plus d'ampleur... La preuve: la création de la "Tabarnia", une région fictive désireuse de s'émanciper de la Catalogne indépendantiste et donc de rester dans le giron de Madrid, était le sujet numéro un sur les réseaux sociaux catalans pendant les fêtes de fin d'année.  


Et son drapeau fait déjà fureur. La gérante de Banderas AAP, une entreprise de fabrication de drapeaux, a expliqué que l'entreprise avait dû raccourcir ses congés de Noël pour répondre à l'afflux de commandes, raconte El Periodico de Cataluñamardi. 


La création de cette région fictive est partie d'une pétition satiriquesur Change.org proposant qu'une partie de la Catalogne restée fidèle à l'Espagne, fasse elle-même sécession de cette région séparatiste. Le nom de "Tabarnia" est formé de Tarragone et Barcelone, les deux principales villes de cette bande de terre sur la côte catalane. Sur Twitter, les partisans de la "Tabarnia" affirment même qu'il s'agit d'une "région historique", retournant les arguments des séparatistes.  


"Par le passé, elle était connue sous le nom de comté de Barcelone", dit le texte de la pétition, lancée par un mouvement baptisé "Barcelona is not Catalonia", en référence au slogan séparatiste "Catalonia is not Spain". 



La pétition a recueilli près de 220 000 signatures. Ses auteurs assurent que Barcelone et Tarragone souffrent d'un "déficit fiscal" vis-à-vis du reste de la région -en écho à l'argument des séparatistes selon lequel la Catalogne, une des plus riches régions d'Espagne, paie injustement pour le reste du pays. Ils réclament le "droit à décider si nous voulons ou non former une nouvelle région espagnole qui nous isole de la menace séparatiste", faisant écho au "droit à décider" brandi par les Catalans qui réclament un référendum d'autodétermination pour la région. 


Barcelone, une autonomie sur le modèle de Bruxelles?


La revendication pour la "Tabarnia" puise sa justification dans la démographie électorale catalane. Lors des élections régionales du 21 décembre dernier, comme lors du précédent scrutin, les indépendantistes ont obtenu la majorité absolue en nombre de sièges au parlement régional, mais pas en nombre de voix.  


Le système électoral en vigueur favorise en effet les régions rurales, plus nationalistes, au détriment des zones urbaines de la côte, qui ont voté en majorité pour les partis défendant l'unité de l'Espagne. 


Moquant les arguments historiques des nationalistes, la pétition avance l'exemple de la région de Madrid, historiquement rattachée à la Castille et aujourd'hui autonome, qui "est actuellement l'un des moteurs de l'Espagne". La zone urbaine entourant Barcelone et Tarragone regroupe en effet la majeure partie de la population de Catalogne et l'essentiel de son activité économique. Certains évoquent d'ailleurs une autre "Tabarnia" bien réelle: la région de Bruxelles Capitale, en Belgique, autonome vis à vis de la Flandre à majorité séparatiste qui l'entoure. 


Bien que satirique, l'agitation autour de la Tabarnia a réveillé un débat sur les modalités du référendum sur l'indépendance au Québec, région souvent prise en modèle par les indépendantistes catalans: dans la Loi sur la clarté référendaire prévue par le législateur canadien, un article prévoyait que l'électeur réponde à une question annexe: "Si le Québec se sépare du Canada, ma municipalité devrait-elle se séparer du Québec et continuer de faire partie du Canada - Oui ou Non?". 


Quel gentilé pour les habitants de la "Tabarnia"?


En attendant de suspendre de nouveaux drapeaux aux côtés des emblèmes catalans et espagnols sur les balcons de la cité comtale, les futurs habitants de la "Tabarnia", ont déjà divisé leur hypothétiques sous-région en "Haute-Tabarnie" et "Basse Tabarnie", et débattent joyeusement sur la façon dont ils pourraient être nommés.  


Consultée, la Real academia -l'équivalent espagnol de l'Académie française- s'est prise au jeu. Elle leur offre le choix entre "Tabarnés", "Tabarniense" ou "Tabarniano".