Stratégies, bisbille et déception

Budget Québec 2010



(Québec) Les péquistes et adéquistes n'avaient pas tort, mercredi, en se scandalisant de voir Jean Charest faire appel à leur sens des responsabilités pour remettre le Québec sur la voie de l'équilibre budgétaire. Après avoir nié les déficits à venir pendant la campagne électorale et avoir réclamé d'avoir les «deux mains sur le volant» pour éviter la tempête économique, voilà que le premier ministre fait appel à ses adversaires pour sortir du trou...
La stratégie est grosse. Le gouvernement a finalement compris que les quatre années de déficits annoncées dans le budget inquiètent les Québécois. Il adopte donc le ton de la conciliation et de la consultation pour prouver qu'il veut nous éviter le pire. Il annonce une «grand-messe» regroupant tout ce qu'il y a de spécialistes, de syndicalistes et de patrons et j'en passe, pour se pencher sur la dette du Québec. Ne soyons pas naïfs, il n'y aura pas de recette miracle. Jean Charest le sait, et ce n'est pas le but de sa démarche.
Le printemps dernier, le PQ et l'ADQ lui ont reproché d'avoir réduit inutilement les impôts et de ne pas avoir occupé le champ de la TPS évacué par Stephen Harper. Mais la dynamique de cet automne forcera tout le monde à regarder vers l'avenir et c'est le but du gouvernement. Sa pseudo-consultation lui permettra de justifier a posteriori l'adoption dès cet automne du projet de loi 40 qui l'autorisera à faire des déficits pendant quatre ans.
Cette «grand-messe» libérale est piégée pour l'opposition. À moins de boycotter l'événement, les leaders péquistes et adéquistes mettront le doigt dans un engrenage dangereux : faut-il augmenter les tarifs d'électricité? Les frais de garderie? Les frais universitaires? La liste est longue.
Tout le monde sait que les Québécois devront puiser dans leurs poches pour rembourser cette dette, mais personne n'a le goût de se mouiller sur les moyens à prendre. Si les partis d'opposition n'ont rien à proposer, Jean Charest se dira autorisé à imposer ses propres solutions et à garder les «deux mains sur le volant».
Le cirque à l'ADQ
Tels des gamins qui se lancent de la boue, les candidats à la direction de l'ADQ se sont accusés de manigances dans la course aux 1000 signatures exigées pour se qualifier. C'est une tempête dans un verre d'eau. En fait, les candidats Taillon, Caire et Lévesque et leurs organisateurs ont signé les bulletins de présentation de leurs adversaires au départ. C'était un geste normal entre membres d'une même famille qui reconnaissaient ainsi l'intérêt du parti à offrir une véritable compétition aux Québécois. Ils ont agi de la même manière aux rencontres avec les exécutifs régionaux à Montréal, Lévis, Rivière-du-Loup et Cabano pendant l'été. La plupart des quelque 20 ou 25 militants qui assistaient à ces rencontres ont signé les bulletins de tous les candidats. Pour le reste, chacun a vendu ses cartes de membre et recueilli les signatures comme cela se fait normalement. C'est l'aide accordée à Jean-François Plante par Christian Lévesque pour une soixantaine de signatures qui a fait controverse. Joint hier, Lévesque a expliqué qu'il trouvait souhaitable que Plante, qui représente une droite bien réelle à l'ADQ, soit sur les rangs pour enrichir la discussion.
Sa démarche portait à équivoque, mais donnons-lui raison sur le fond. S'il y a vraiment une droite bébête et sexiste au sein de ce parti, il est préférable de l'entendre en public au lieu de la voir agir en coulisses. Pour le reste, la querelle de cette semaine n'a pas redoré le blason de l'ADQ. Et pendant ce temps, Gérard Deltell continuait à démontrer son sérieux hier à Montréal, en faisant son travail de critique à l'éducation. Avis aux intéressés...
Appelez-moi Lise
Les pires coups viennent souvent de vos amis en politique. Lise Payette a fait très mal à Pauline Marois dans sa chronique d'hier au Devoir. [«Je ne reconnais pas ma Pauline»->21399], a-t-elle écrit, en disant que la chef péquiste a perdu sa «joie de vivre» et qu'elle est redevenue «une femme sérieuse qui hésite à donner une réponse à un journaliste un peu baveux, de peur des représailles de son entourage». Ayoye!


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