FORMULE «MARCEAU»

Sortir des vieilles recettes

L’ancien ministre des Finances et la bloquiste Catherine Fournier précisent leur pensée

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Depuis quand un indépendantiste se drape-t-il dans la robe d’un organisateur du camp fédéraliste?

En 2010, en Écosse, le gouvernement minoritaire du Scottish National Party (SNP) présente sa démarche d’accession à l’indépendance. Il envisage trois scénarios : quelques pouvoirs supplémentaires, un maximum de pouvoirs supplémentaires, ou l’indépendance. Il envisage aussi un référendum à deux questions, la première sur les pouvoirs supplémentaires, la seconde sur l’indépendance. Avec cette plateforme de référendum à deux questions, le SNP forme un gouvernement majoritaire aux élections de 2011. La suite est connue.

Politique-fiction ? Non, événements réels ! Et ils montrent qu’un parti politique capable d’innover et de porter la voix de tous ceux qui veulent du changement peut obtenir le mandat de l’apporter.

Nous avons présenté une démarche simple allant dans ce sens (Le Devoir, 31 mai 2016). Nous voulons que le Parti québécois demande à la population un mandat anti-statu quo prévoyant, 3 ans après l’élection, une consultation populaire avec choix entre l’indépendance et une nouvelle offre constitutionnelle du Canada, déjà négociée et prête à être ratifiée. Si le Canada ne formule pas d’offre, il y aura alors choix entre l’indépendance et le statu quo.

Dans cette démarche, le gouvernement du Parti québécois, les autres partis indépendantistes et la société civile élaborent le projet de pays qui sera proposé aux Québécois. Parallèlement, ce sont les fédéralistes québécois et canadiens, entre eux, qui élaborent l’offre du Canada, puis se chargent d’obtenir l’aval des autres provinces. Après 3 ans, les Québécois se prononcent sur des propositions formelles, pas sur de vagues promesses. Le fardeau de la preuve repose donc à la fois sur les fédéralistes et sur les indépendantistes, qui doivent tous deux présenter un projet concret. Et en tant qu’indépendantistes, nous sommes convaincus que, peu importe la proposition fédérale soumise, elle ne fera pas le poids devant le projet d’un Québec indépendant, nettement plus porteur d’avenir.

Certains affirment que le Parti québécois n’est pas crédible pour obtenir une offre du Canada. Pourtant, dans notre démarche, le gouvernement du Parti québécois n’est pas impliqué dans la fabrication de l’offre du Canada. Ce sont les fédéralistes, entre eux, qui font ce travail. D’autres disent que le Canada refusera de faire une offre. Un tel refus serait pourtant un affront aux Québécois qui nous auraient démocratiquement donné un mandat anti-statu quo. Et puisque la consultation se tiendra de toute manière au bout de 3 ans, les fédéralistes y penseront à deux fois avant d’opposer à l’indépendance un statu quo aujourd’hui rejeté par trois Québécois sur quatre.

Enfin, on nous dit que les Québécois ne veulent pas de référendum. Nous répondons que, parce que cela permet d’en finir avec le statu quo et le monopole libéral, on peut les convaincre qu’il faut trancher la question nationale. Et contrairement au référendum classique, une consultation populaire avec un choix entre deux projets garantit que le Québec se dit oui et avance. C’est gagnant pour tout le monde.

Voyons ce qu’il en est maintenant des approches alternatives à notre proposition. Bien que sympathiques à l’approche du référendum classique dans un premier mandat, il nous apparaît que la fragmentation de l’électorat ne permet pas d’entrevoir le gouvernement majoritaire nécessaire pour le tenir. Il faut au préalable rassembler en dehors de notre base. Et si un tel référendum se tenait, rien n’empêcherait les fédéralistes de faire des promesses trompeuses, comme en 1980 et en 1995.
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