Sommes-nous Charlie?

Le Bloc demande à Harper de relever le défi de la liberté d'expression

Sommes-nous Charlie?

Le tragique attentat contre Charlie Hebdo a eu aussi comme conséquence de nous obliger à nous interroger sur la liberté d’expression. « Nous ne nous laisserons pas intimider », a déclaré le premier ministre du Canada comme l’ont déclaré à peu près tous les politiciens. Et c’est pourquoi le gouvernement fédéral s’est engagé à augmenter la sécurité et à lutter contre le terrorisme. Comprenons-nous bien : le Bloc Québécois est favorable à une augmentation de la sécurité pour toutes les citoyennes et tous les citoyens comme nous sommes favorables à la lutte contre le terrorisme. Évidemment.

Mais c’est aussi la liberté d’expression qui a été attaquée avec l’attentat contre Charlie Hebdo, c’est le droit à la parole. Assurer la sécurité de tous, certes, mais envoyons aussi un message fort : nous croyons en la liberté d’expression. Ne nous limitons pas à des mesures contraignantes pour la population : faisons en sorte d’être plus libres que jamais de s’exprimer! Ça, c’est ne pas céder à l’intimidation.

« Nous ne nous laisserons pas intimider », disons-nous. Pourquoi alors ne pas envoyer un message clair et fort que nous croyons fermement et activement à la liberté d’expression?

Il faut agir pour le droit à la parole, pour la diversité de l’information, pour le droit de nous faire entendre.

C’est pourquoi, nous, du Bloc Québécois, demandons un assouplissement des règles d’admission du Fonds du Canada pour les périodiques afin que ce ne soit pas le gouvernement fédéral qui décide ce que les Québécois peuvent ou non lire; nous demandons une meilleure protection de l’indépendance journalistique de Radio-Canada et demandons qu’un financement approprié soit accordé à la télévision publique afin que soit assurée l’accessibilité de l’information régionale dans toutes les régions du Québec, nous demandons l’augmentation du Fonds des nouveaux médias afin que se multiplient le plus possible les voix, les approches, les points de vue issus du Québec sur Internet.

« Nous ne nous laisserons pas intimider », nous dit le premier ministre. Eh bien! Qu’il pose des gestes pour la liberté d’expression, qu’il appuie le droit à la parole, qu’il défende le droit de s’exprimer de celles et ceux qui ne pensent pas comme lui, qui disent le contraire de ce qu’il dit. C’est cela aussi ne pas se laisser intimider.

Dire non aux terroristes qui s’attaquent à la liberté d’expression ne doit pas seulement passer par une amélioration de la sécurité –objectif nécessaire et louable- mais aussi par une proclamation de notre volonté d’exercer le plus possible et sans le moins de contraintes possibles cette liberté d’expression.

Sommes-nous Charlie ?


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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 janvier 2015

    Nouvelle occasion de démontrer qu'il y a un gouvernement de trop:
    Fuite d'hydrocarbures dans l'eau potable, rive sud Montréal: pendant qu'on s'évertue à éclaircir les tests sur la salubrité de l'eau, le gouvernement fédéral vient placer les scellés sur les sources en cause! Retards assurés!
    Fédéral: Nuisance!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 janvier 2015

    Merci, monsieur Beaulieu, d'aller au-delà du comportement des moutons de Panurge! Au-delà des millions de "Charlie". Vous nous faites ainsi connaître le nouveau Bloc Québécois: présenter à l'autre nation le visage du futur Québec pays.

  • Gabriel Proulx Répondre

    15 janvier 2015

    Bonjour M. Beaulieu,
    Merci pour cette intervention. Il est évident, à la lumière de l'historique du gouvernement conservateur de Stephen Harper, depuis sa prise de pouvoir il y a quelques années, que ce dernier cherche à limiter la liberté d'expression et le droit à des sources d'informations indépendantes et variées.
    Toutes ces campagne des conservateurs pour créer un faux sentiment de fierté canadienne, que ce soit autour du jubilé de diamant de la reine, de la guerre de 1812, ou de la glorification du sombre personnage qu'a été John A. MacDonald, pour célébrer ses 200 ans durant tout l'année 2015, doivent être nommées par leur nom : de la propagande d'État. Le site internet mis en ligne par la SSJB sur l'histoire condamnable du politicien francophobe, raciste, corrompu et alcoolique qu'a été le « héros canadien » MacDonald, est fort instructif.
    Pour ce qui est de Radio-Canada, cela fait un bon moment déjà que Stephen Harper a réussi à en faire une chaîne de propagande alignée sur sa politique étrangère criminelle.
    Après la tragédie de Charlie Hebdo, comment le gouvernement canadien pourrait-il oser prétendre « être Charlie » pendant qu'il ne propose qu'un renforcement de la capacité des services secrets canadiens d'espionner la vie privée des citoyens ? C'est sans parler des alliances conservatrices avec des dictatures sanguinaires comme c'est le cas avec le régime fasciste en Ukraine, l'apartheid en Israël et la monarchie absolue en Arabie saoudite, pour ne nommer que les pires exemples.
    Comment le Canada peut-il expliquer son récent vote à l'ONU contre une motion condamnant la glorification du nazisme et de la xénophobie, seul avec les États-Unis et l'Ukraine ? Ce n'est pas la première fois que le Canada de Harper vote contre une telle motion. J'avais moi-même remarquer cet outrage la première fois. Comme toujours, c'est le silence le plus total sur cette question dans notre « presse libre » autoproclamée, qui n'est certainement pas Charlie, tellement elle s'autocensure.
    En effet, la question doit se poser : Sommes-nous Charlie ? Stephen Harper, lui, ne l'a jamais été et ne le sera jamais.
    Gabriel Proulx, Saint-Eustache, Parti communiste du Québec

  • Michel J. Dion Répondre

    14 janvier 2015

    La liberté d'expression, belle initiative M. Beaulieu!
    Mais pourquoi ne pas mettre aussi de la pression pour «récupérer» Télé-Québec, et permettre à ce dernier de diffuser de l'information ?
    Je vous renvoie à deux textes écrits en 2012 et toujours d'actualité:
    Texte-1 et Texte-2
    Merci d'évaluer cette possibilité.