OTTAWA | Pierre Poilievre et Jean Charest ont laissé tomber les gants au premier débat de la course à la chefferie conservatrice jeudi, mettant la table pour une longue et rude bataille.
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Les deux hommes perçus comme étant les meneurs de la course pour l’âme du Parti conservateur ne se sont pas serré la main en montant sur la scène de l’évènement organisé jeudi soir à Ottawa par le réseau conservateur Canada Strong and Free.
Toute la soirée, le député de Carleton a montré son dédain envers l’ex-premier ministre libéral du Québec en mettant en doute son allégeance conservatrice, mais aussi son éthique.
« Un camionneur du convoi a plus d’intégrité dans un petit doigt que vous et votre gouvernement tout entier », a cinglé M. Poilievre, ramenant sur la table la longue enquête avortée pour corruption contre le Parti libéral du Québec et le mandat de lobby de Jean Charest pour Huawei.
« Vous parlez de la loi et de l’ordre, c’est un peu fort étant donné que votre parti, votre Parti libéral, a encaissé un demi-million de dollars de dons illégaux quand vous le dirigiez. » –Pierre Poilievre
Charest hué
Refusant de dire combien la compagnie chinoise l’avait rémunéré, M. Charest a pointé son adversaire d’un doigt accusateur à plusieurs reprises, lui reprochant notamment son approche « américaine » de la politique et son appui au « blocage illégal » de la capitale par le convoi des camionneurs.
Mais ceci lui a plutôt valu de franches huées d’une bonne partie de la foule, clairement opposée aux mesures sanitaires et à l’obligation vaccinale.
Jean Charest a néanmoins arraché des applaudissements en s’attaquant à la Loi sur la laïcité de l’État québécois.
« Je me suis battu contre les séparatistes. Ce n’est pas ce gars [Poilievre] sur scène qui va m’intimider. » –Jean Charest
« Y a-t-il quelque chose de plus important que la liberté religieuse ? Je ne crois pas », a-t-il lancé, accusant au passage son rival de ne pas la défendre.
Souriant et loin d’être déstabilisé devant les attaques répétées de son adversaire, M. Charest s’est plutôt dit flatté par l’agressivité à son égard.
« Ça veut dire quelque chose. Je ne serais pas attaqué si on ne voyait pas ma candidature dans cette course comme une menace », a-t-il déclaré après le débat.
L’avortement sous le tapis
La candidate Leslyn Lewis a tenté d’attirer l’attention en demandant aux autres candidats de se positionner clairement sur l’avortement, sans succès. Elle est la seule des six aspirants chefs qui promeut un agenda antiavortement.
Mais c’est plutôt le pouvoir d’achat, l’énergie et l’unité du parti et du pays qui ont dominé les discussions.
Ni Roman Baber ni Scott Aitchison, les deux autres candidats, n’ont réussi à se démarquer sur ce terrain. Quant à Patrick Brown, sixième candidat, il a refusé de participer à la soirée, préférant se consacrer au recrutement de nouveaux membres sur le terrain.