Français au CN : Trudeau « époustouflé » et « frustré » par la situation

Fc83b7b6d06656232bc732d7c1fd4f66

Les larmes de crocodile arrivent…


Justin Trudeau s’est dit «époustouflé» par l’absence de francophones au sein du conseil d’administration de Canadien National (CN), ce qui a aussi suscité la colère et l’indignation des partis d’opposition à Ottawa.


• À lire aussi: Aucun francophone au sein du conseil du CN


• À lire aussi: Aucun francophone au sein du CA: le CN fait son mea culpa


L’étonnement du premier ministre vient du fait «qu’une compagnie comme la CN, une compagnie nationale, assujettie aux règles fédérales, assujettie à la Loi sur les langues officielles, n’ait pas vu ce qui s’est passé à Air Canada, n’ait pas appris la leçon qui me semblait tout à fait évidente».


M. Trudeau a fait ici référence au scandale qui a éclaboussé Air Canada et son PDG, Michael Rousseau, l’automne dernier, en raison de son unilinguisme.


«La Presse» a révélé jeudi matin que l’ensemble des membres du conseil d’administration de la compagnie ferroviaire, dont le siège social est pourtant situé à Montréal, ne maîtrise aucunement le français.


«Je comprends que les gens sont frustrés. Moi aussi je le suis», a ajouté M. Trudeau, qui a dit avoir demandé à un «ministre approprié» de faire des représentations à CN pour qu’il «travaille rapidement pour rectifier la situation».


Devant le tollé, CN a fait savoir qu’elle avait l’intention de corriger le tir au courant de l’année à venir. Une nomination pourrait d’ailleurs avoir lieu dès le mois de mai.


Les oppositions à Ottawa scandalisées


La situation a provoqué une réelle onde de choc à Ottawa, où l’ensemble des partis d’opposition ont été scandalisés par la nouvelle.


Le porte-parole conservateur en matière de Langues officielles, Joël Godin, estime que «l’inaction du gouvernement fédéral» est «inquiétante» et «s’ajoute à toute une série de controverses qui ont secoué ce gouvernement» en ce qui a trait à la défense du français.


Au Bloc Québécois, Mario Beaulieu juge qu’il faut s’inquiéter de l’absence complète de sensibilité du CN à l’égard du fait français, ce qui risque d’affecter directement les employés et la clientèle francophone de l’entreprise.


«Si la ministre des Langues officielles est sérieuse dans sa volonté de combattre le déclin de la langue française, elle doit interpeller directement le conseil d’administration pour s’assurer de la présence de francophones», a-t-il fait savoir par communiqué.


Pour M. Beaulieu, «force est de constater que de plus en plus, le français devient une langue optionnelle au Canada, particulièrement chez les entreprises qui desservent le Québec et qui sont soumises à la Loi sur les langues officielles, comme c’est le cas du CN ou d’Air Canada».


Du côté du NPD, la porte-parole Niki Ashton a aussi montré du doigt les libéraux qui «échouent à leurs responsabilités envers les Québécois, les Acadiens et les communautés francophones en situation minoritaire».


Mme Ashton fait remarquer que le gouvernement a nommé un ministre de l’Immigration unilingue anglophone, Sean Fraser, ainsi qu’une lieutenante-gouverneure unilingue au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue au pays.


«Ce phénomène est copié-collé dans les grandes entreprises qui servent la population d’un bout à l’autre du pays. Après le manque de respect du PDG d’Air Canada, les gens sont de plus en plus en colère face aux gestes méprisants des riches dirigeants du CN envers les francophones», déplore la députée.


«Les libéraux font semblant de se préoccuper du déclin du français, mais le Commissaire aux langues officielles a tiré la sonnette d’alarme sur l’existence d’une crise systémique du français dont les travailleuses et travailleurs francophones paient le prix. Assez, c’est assez.»


Jean Charest, ancien premier ministre du Québec et candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada, a été nommé plus tôt cette année au conseil d’administration de l’entreprise ferroviaire.


«Le CN est une entreprise très enracinée au Québec, ayant notamment son siège social à Montréal. Je suis convaincu que les dirigeants remédieront à cette situation», a partagé son attachée de presse.


Plusieurs heures après que la nouvelle a été dévoilée par La Presse jeudi matin, le CN a fait son mea culpa.


«L’absence d’administrateurs francophones sera réglée dans la prochaine année», a souligné l’entreprise dans un courriel envoyé au Journal.




-->