POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE

Silence à Québec

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Mise en scène de la grande dépossession

À quelques jours du début des travaux en vue de l’élaboration de la future politique énergétique du Québec, le gouvernement Couillard n’est toujours pas en mesure de préciser les noms des experts qui siégeront à la table, ni la date des consultations publiques. L’exercice n’en revêt pas moins un caractère déterminant, puisqu’il servira à établir les grandes orientations de la province en matière de développement énergétique, et ce, pour au moins la prochaine décennie.

En prévision du dépôt à l’automne de la politique énergétique 2016-2025, le gouvernement a décidé d’organiser trois tables rondes réunissant chacune des experts « du Québec et de l’étranger », choisis « selon leurs champs d’expertise » liés aux trois thématiques de la démarche.

Selon les informations diffusées pendant le temps des Fêtes via le site du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, la première table ronde doit se tenir dès ce mois-ci. Elle portera sur l’efficacité et les innovations énergétiques.

Bien que cela signifie que ce premier exercice doit avoir lieu dans quelques jours, ni le cabinet du ministre Pierre Arcand, ni les communications du ministère n’ont été en mesure de donner des précisions au Devoir lundi. Il n’a donc pas été possible de connaître les noms des experts choisis par le gouvernement Couillard pour cette table ronde, ni la date et le lieu de celle-ci. Même chose pour les deux autres tables à venir. Celle portant sur les « énergies renouvelables » se tiendra en mars. La dernière, concernant les « hydrocarbures fossiles », aura lieu en mai.

« Toutes les informations relatives aux participations des experts à ces tables ne sont pas confirmées. Dès que ce sera le cas, nous rendrons la liste publique », a répondu l’attachée de presse du ministre Arcand, Véronique Normandin. Même chose pour les dates. Les informations concernant la première table ronde devraient être publiées « très prochainement », a-t-elle ajouté.

Chaque table d’experts se réunira pendant une seule journée. Le public pourra « observer les discussions », à condition de s’inscrire à l’avance. Chaque table sera suivie, le soir même, d’une consultation publique. Les gens qui s’inscrivent au préalable, en ligne, pourront alors prendre la parole pour une durée maximale de cinq minutes.

Le site du ministère consacré à cette démarche « rigoureuse, rassembleuse et ambitieuse » précise que les citoyens pourront aussi s’exprimer en publiant des commentaires sur le blogue du site, et ce, dès le 21 janvier. Sur Twitter, lundi, le ministre Arcand a aussi invité les Québécois à s’inscrire afin de « faire des suggestions » en vue de la future politique énergétique.

Démarches complémentaires

En plus des tables rondes d’experts, le gouvernement entend inclure des « démarches complémentaires » relatives au processus, dont l’évaluation environnementale stratégique sur les hydrocarbures et celle sur Anticosti. Ces études sont dirigées par un comité présidé par des représentants du gouvernement, qui doivent s’assurer de l’« objectivité » de la démarche. Dans ce cas, la consultation publique doit se limiter à une consultation en ligne, à la toute fin du processus.

Le gouvernement a aussi mandaté l’an dernier un groupe de travail formé des « principaux acteurs de l’industrie » éolienne, dans le but de « dégager une vision d’avenir » pour ce secteur, alors que l’achat d’énergie qui en découle se fait à perte pour le Québec.

Avant le retour des libéraux au pouvoir, la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec avait d’ailleurs recommandé de mettre un frein au développement de la filière éolienne, mais aussi aux projets hydroélectriques. Ces projets font perdre des milliards de dollars à l’État. Au total, les pertes dues à tous les moyens de production d’électricité mis en service depuis 2008 s’élèvent à 1,2 milliard de dollars par année. La facture doit atteindre deux milliards en 2025.

La Commission recommandait notamment de stopper les travaux sur la rivière Romaine, un mégaprojet hydroélectrique de 6,5 milliards de dollars. Le rapport de 310 pages concluait aussi à la nécessité de revoir en profondeur notre façon de consommer l’énergie. Un tel changement passerait par une réduction draconienne de notre dépendance aux sources d’énergie fossiles.

Bref, cette Commission proposait rien de moins qu’un virage radical pour le développement énergétique du Québec. Mais le rapport en question, dévoilé par Le Devoir quelques jours avant le déclenchement des élections l’an dernier, a rapidement été tabletté.

Pourtant, pour en venir à ces conclusions, la Commission sur les enjeux énergétiques mise sur pied par le Parti québécois (en vue d’élaborer la politique énergétique 2016-2025) avait mené plusieurs consultations. En fait, elle avait reçu plus de 460 mémoires, en plus de tenir 47 séances publiques de consultations et diverses rencontres avec des experts universitaires et des représentants d’organismes publics.

En relançant la réflexion sur l’avenir énergétique, le gouvernement Couillard reprend maintenant en partie depuis le début le travail effectué en 2013 par la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec.


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