Dérives au CHUM

Services d'entretien: le privé coûte des millions au CHUM

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Le profit de certains devient un surcoût collectif

La privatisation des services d'entretien du futur CHUM permettra-t-elle vraiment d'économiser? Le recours au privé commence à peine dans les divers pavillons de l'hôpital que, déjà, l'établissement a payé près de 2 millions de plus à des sous-traitants que s'il avait confié l'entretien de ses locaux à ses propres employés, a constaté La Presse.
Depuis 2009, l'hôpital universitaire, dont les futurs bâtiments seront entretenus par une entreprise privée, a fait faire plus de 60 000 heures de travail à des sous-traitants à cause d'une pénurie de personnel. Coût total: 3,5 millions de dollars, soit 1,8 million de plus que si ces heures avaient été faites par des employés permanents. C'est ce que révèlent des calculs réalisés par le Syndicat des employés à partir des contrats intervenus entre la direction de l'établissement et ses sous-traitants, que La Presse a vérifiés.
Selon ces documents, les plombiers, menuisiers, peintres, électriciens et ouvriers du secteur privé coûtent deux fois plus cher au CHUM que ses propres employés, même en comptant les avantages sociaux et les autres charges. La marge est encore plus grande pour les heures supplémentaires. Par exemple, les plombiers et les électriciens de l'établissement sont payés environ 31$ l'heure, en comptant les assurances, la CSST et les avantages sociaux. Un plombier du secteur privé coûte 61,32$; un électricien, 58,98$. L'écart se répète pour les autres corps de métier.
Recours accru au privé
Malgré cela, l'Hôpital fait de plus en plus affaire avec des entreprises privées. Depuis quatre ans, le CHUM s'est engagé auprès de plusieurs petits entrepreneurs en construction. Il a notamment promis en 2010 quelque 27 000 heures de travail de menuiserie d'ici à mai 2013 à une entreprise de Sorel et, en 2011, 4000 heures de travail en électricité d'ici à 2014 à une compagnie lavalloise. «On n'arrive pas à recruter», explique la porte-parole du centre hospitalier, Sylvie Robitaille. Une trentaine de postes de plombiers, plâtriers, mécaniciens, menuisiers et électriciens sont d'ailleurs vacants. «On essaie toutes sortes de choses pour attirer des ouvriers, mais on n'arrive pas à pourvoir tous les postes», dit Mme Robitaille.
Au syndicat des employés, on voit dans ces postes vacants une stratégie de la direction pour faciliter la transition vers le PPP qui gérera le nouvel hôpital une fois qu'il sera construit. «C'est vrai qu'ils ne trouvent pas toujours des candidats, mais lorsqu'il y en a, ces derniers se font dire qu'ils vont perdre leur emploi en 2015 ou 2016, quand tout sera privatisé, affirme le président du syndicat, Pierre Daoust. Comme si on voulait les décourager de travailler ici.»
Faux, répond le CHUM. «C'est la décision de Québec de confier l'entretien au PPP, rappelle Sylvie Robitaille. De notre côté, nous allons tout mettre en oeuvre pour replacer nos employés ailleurs le moment venu.»
Plus cher, le PPP?
Entre-temps, les chiffres obtenus par La Presse laissent croire que, comme l'avait suggéré le Vérificateur général du Québec en 2009, la formule public-privé envisagée n'est pas forcément la solution la moins coûteuse. Le syndicat en est pour sa part persuadé, tout comme la Fédération de la santé et des services sociaux, qui mène une campagne contre la privatisation des hôpitaux montréalais. «Les employés du consortium ne demanderont pas des salaires inférieurs à ceux qui viennent actuellement du privé, prévient Pierre Daoust. Ils sont payés selon les prix courants. Si l'entretien coûte plus cher en ce moment avec les sous-traitants, ce sera la même chose avec le PPP.»


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