Nouveau parti démocratique

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NPD - Le flou du vide



Thomas Mulcair a fait son entrée hier aux Communes, mais l'affrontement entre le nouveau chef du Nouveau Parti démocratique et le premier ministre Stephen Harper n'aura lieu que plus tard cette semaine, en raison de l'absence de ce dernier. Sans attendre, néodémocrates, conservateurs et libéraux ont néanmoins monté le ton d'une octave, promesse d'une dure bataille à venir.
C'est pour mener cette bataille que les militants néodémocrates ont choisi samedi, entre tous, Thomas Mulcair pour leur chef, l'estimant le plus apte à affronter Stephen Harper, à le pousser dans ses retranchements et à prendre sa place. Le bagarreur instinctif qu'il est donnera certainement un bon spectacle. Déjà hier, on sentait la différence que fait le ton Mulcair dans sa façon de poser ses questions et de chercher la faille dans les réponses des ministres.
Le choix des néodémocrates a été inspiré par le goût du pouvoir qu'ils croient à portée de main maintenant qu'ils forment l'opposition officielle. Ils ont mis de côté ce réflexe naturel qui a été leur pendant 50 ans de rester dans le sillon des valeurs historiques auxquelles ils se rattachent instinctivement. Réflexe qui, au point de départ, leur faisait rejeter ce «corps étranger», comme certains ont qualifié le nouveau chef. Ils ont adhéré à sa stratégie consistant à vouloir fédérer tous les progressistes du Canada et du Québec autour d'une idée toute simple: faire barrage à la révolution conservatrice de Stephen Harper qui menace les acquis sociaux.
Adhérer à une stratégie n'est pas tout. Encore faut-il assumer les choix implicites qu'elle suppose. Pour être le parti fédérateur ouvert à tous les progressistes de toutes tendances et nuances, encore faut-il pouvoir être perçu comme tel. Il ne suffit pas d'inviter les électeurs à se rallier, il faut que ceux-ci se reconnaissent dans ce parti. Or, dans cette course au leadership, on a bien peu parlé de ce que signifiera cette ouverture. Prudent, Thomas Mulcair a évoqué à plusieurs reprises la nécessité de moderniser le vocabulaire néodémocrate et d'adapter le discours aux réalités de chaque région du pays, comme il l'a fait au Québec. Mais sans plus.
Dire cela et ne rien dire est à peu près la même chose. Un discours politique s'appuie sur des valeurs, qui, dans le cas du NPD, sont certes bien définies, et sur des politiques qui incarnent ces valeurs. Ces politiques peuvent être à gauche, très à gauche, ou au centre gauche, toujours en s'inspirant des mêmes valeurs. Il faut savoir.
Pendant la course au leadership, les militants ont voulu faire l'économie de ce débat pour ne pas se diviser. Ce serait une lourde erreur de persister dans cette voie. Certes, on pourrait se limiter à chercher à coaliser les progressistes autour de la lutte contre les politiques du gouvernement Harper. Le sentiment anti-Harper est tel aujourd'hui à travers le Canada qu'il est permis de penser que Thomas Mulcair, s'il se fait le champion de cette lutte, pourrait arriver à gagner la prochaine élection. Après tout, ne dit-on pas que l'on n'élit pas un gouvernement, mais que l'on en défait un. Mais personne ne serait dupe. Être contre ne suffit pas.
Depuis 50 ans, le NPD se dit un nouveau parti. Rationnellement, il a accepté l'idée de se moderniser. Il lui faut maintenant dire aux électeurs en quoi il peut être un «nouveau» Nouveau Parti démocratique. Il a trois ans devant lui pour préparer un programme qui sera, il ne faut pas qu'il l'oublie, un programme de gouvernement et non d'opposition.


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