De Laval à... Gaza

Scènes de la vie quotidienne à Laval

Gaza: l'horreur de l'agression israélienne


Je vis dans une enclave naturelle de 246 km², soit l'île Jésus, sur laquelle se trouve une municipalité de 370 000 habitants, la ville de Laval. La superficie en est légèrement plus petite que celle de la bande de Gaza qui compte 360 km², mais où par contre il y a beaucoup plus d'habitants, soit 1 300 000 personnes. L'enclave de Laval est entourée de ponts et sillonnée par des autoroutes. Je peux sortir quand je veux de l'enclave. Aucun bateau ne patrouille les rivières et on ne vérifie pas mes papiers quand je sors de l'île.
Ce matin, j'avais rendez-vous au CLSC pour une prise de sang. C'était en même temps l'occasion d'une petite marche de santé de 20 minutes. Je regardai avec bienveillance une auto de patrouille qui surveillait les excès de vitesse sur le boulevard, dans le but de protéger les piétons. Les rues étaient propres, les ordures ménagères ramassées, les gazons tondus. Le bon maire et ses échevins veillaient à ce que la ville soit belle et que cela ne coûte pas trop cher. Plein de gens travaillaient pour moi, finalement, et je vois que cela est bon. Tandis qu'à Gaza, il n'y a plus d'argent, il y a 45 % de chômage, ceux qui ont un emploi travaillent pour la fonction publique, et ils sont en grève parce qu'ils n'ont pas été payés depuis des mois. Quand ça va mal...
J'arrive donc au CLSC. Je prends un numéro au bureau des prélèvements. Personne ne se bouscule. À l'urgence tout près, le temps d'attente est de 1,5 heure avant de voir un médecin.
Ce matin, pas de blessés graves, ni d'amputations, ni d'éclats de shrapnels à extraire. Mon tour arrive pour la prise de sang. Une infirmière souriante, semblant disposer d'un heureux mélange de dopamine et de sérotonine, effectue un prélèvement sans douleur, qui sera acheminé par voie automobile à un laboratoire certifié, lequel avisera mon médecin des résultats de la chose. Tout ça est très bien organisé. Tandis qu'à Gaza, les médecins sont débordés, ils manquent de médicaments, l'électricité est souvent coupée, l'eau est rationnée... J'oubliais de vous dire, à ma sortie du CLSC, le temps d'attente n'était plus que d'une heure. Ça veut dire que quelqu'un, soucieux de bien informer les bénéficiaires, est allé faire passer la petite aiguille de 1,5 heure à 1,0 heure. Quand je vous dis que c'est bien organisé...
J'admets que les gens de Montréal font de la discrimination envers nous, les Lavallois, parce qu'on est des 450 et eux, des 514. Bon. Mais ce n'est pas comme s'ils nous avaient entassés à Laval parce qu'on ne serait pas de la même couleur qu'eux, ou qu'on ne serait pas de la même race qu'eux. Même que notre revenu annuel moyen est légèrement supérieur à celui des Montréalais. C'est certain que si notre revenu annuel moyen était de 700 $ et le leur de 20 000 $, si en plus on ne pouvait pas sortir de l'île, et si en plus il n'y avait presque plus rien à manger dans les épiceries, c'est sûr qu'il y aurait des jeunes fous, des terroristes même peut-être, qui pourraient faire des conneries, comme prendre en otage un policier de Montréal.
Mais même là, je suis certain que notre bon monsieur Charest ne tolérerait pas qu'on nous inflige, à nous les Lavallois, des punitions collectives comme bombarder la Cité de la Santé, ou des pylônes de l'Hydro, ou tirer des roquettes sur du monde à partir d'hélicoptères Sea King qui risqueraient en plus de tomber sur des maisons, ou venir tout briser l'asphalte de nos belles rues avec des chars d'assaut.
Quand j'y pense, ça vaut quand même quelque chose de vivre dans une démocratie.


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