Sarkozy, Haïti et Québec

Deux poids deux mesures

Tribune libre

«Haïti, c’est pour les Haïtiens, c’est à eux de définir un projet national.» Cette semaine, lors de la première visite d’un président français en sol haïtien, Nicolas Sarkozy a affirmé le droit du plus pauvre pays du continent américain à prendre son destin en main.
Après un survol en hélicoptère des zones dévastées, accompagné du président René Préval, M. Sarkozy a expliqué qu’il aurait «voulu venir dans d’autres circonstances [...] La réalité est pire que ce que j’imaginais.» Indiquant que les Haïtiens peuvent compter sur l’aide de la communauté internationale et celle de la France qui offre une enveloppe d’aide de 465 millions de dollars et l’annulation de la dette de 80 millions, le président français a précisé que c’est à eux de se prendre en main: «C’est aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire.»
Applaudi après avoir exprimé qu’Haïti, c’est pour les Haïtiens, il a soutenu que «La France ne veut pas de tutelle internationale sur Haïti.»
Intéressante cette notion de M. Sarkozy voulant que le peuple d’une ancienne colonie de la France, frappé par une catastrophe naturelle dévastatrice, doit avoir les deux mains sur le volant pour conduire un projet national de reconstruction.
Si on se fie à ce que M. Sarkozy a dit sur le projet du peuple du Québec lors du 400e de la fondation de Québec, on peut se questionner à savoir pourquoi Haïti serait pour les Haïtiens, lorsqu’on accuse de sectarisme, de division et de renfermement sur soi-même ceux qui envisagent un Québec pour les Québécois. M. Sarkozy a prétendu que le Québec est un frère et que le Canada est un ami, même un allié.
Ça me semble assez évident maintenant que M. Sarkozy a utilisé cette tribune du 400e de la fondation de Québec afin de positionner favorablement le réseau qui l’a élu dans la perspective de l’exploitation accrue des sables bitumineux et de d’autres ressources naturelles du ROC, ce qui expliquerait peut-être la rebuffade suivante: «Le Canada a toujours été un allié de la France», en ajoutant pour la forme que «le Canada est membre du G8.»
Son secrétaire d’État chargé de la francophonie et porteur de ses valises à l’occasion du détournement du 400e, Alain Joyandet, soutenait que M. Sarkozy parlait d’économie mondiale lorsqu’il avait affirmé que: «Franchement, s’il ya quelqu’un qui aimerait dire que le monde a besoin de divisions supplémentaires, c’est qu’on n’a pas la même lecture du monde.»
Maintenant, pour poursuivre une certaine lecture du monde, celle-ci dans l’optique d’une Palestine pour les Palestiniens, le consul général d’Israël au Québec, Yoram Elron, s’en est pris à Amir Khadir dans une lettre ouverte publiée jeudi, dans laquelle le consul de l’État hébreu soutient que M. Khadir manipulerait la réalité. M. Elron dit de lui que «Sa haine d’Israël l’a amené à dépasser les bornes et conduit à faire des allégations ridicules à son égard.» En conclusion, M. Elron écrit que M. Khadir a choisi d’utiliser sa position d’officier publique comme agent de désinformation suite à la publication d’une «conversation publique» dans laquelle M. Khadir aurait dénoncé l’État d’Israël comme étant la plus grande menace à la stabilité au Moyen-Orient. Le texte de M. Elron portait le titre «Quelle menace d’Israël?»
J’ai retrouvé la «conversation publique» en question, un texte d’André Duchesne publié en date du 13 février dans le même journal qui a publié la lettre de M. Elron.
Ci-après, j’ai trouvé la question et la réponse du texte M. Duchesne auquel M. Elron réagissait: «Q: Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que l'Iran était devenu une nation nucléaire capable de produire de l'uranium hautement enrichi. Êtes-vous inquiet? R: Pour la bombe, il faut 70%. L'Iran est rendu à 20%. Cela dit, je ne le crois pas vraiment. Ahmadinejad est unanimement contesté en Iran. Il profite de l'anniversaire de la Révolution pour en mettre plein la vue afin de garder la faible sympathie qui lui reste. À ma connaissance, les Iraniens ne sont pas pour les armes nucléaires. La nation n'a pas besoin de bombe atomique. S'il y a une inquiétude à avoir, à mon avis, c'est que, pour le monde, il n'est pas bon qu'Israël possède 200 têtes nucléaires. À cause de cela, une menace constante plane dans la région et fait en sorte qu'un Saddam Hussein ou un Ahmadinejad va toujours être tenté de fabriquer la bombe aussi. Il faut que les gouvernements canadien, américain, européen aient le courage de dire ses vérités à Israël. Il faut normaliser les rapports, reconnaître les droits du peuple palestinien et régler le conflit dans la justice. Et une fois ce conflit réglé, tous ces Ahmadinejad, ces Saddam Hussein tombent à l'eau. Tous ces ben Laden n'ont plus aucune prise sur ces populations de cette région du monde.»
Les gouvernements, tant au Canada qu’en Europe n’y peuvent rien. Israël est un état bidon, c’est le 51e état américain, doté de l’arme nucléaire. La reconquête de la terre promise par Dieu à Abraham, Isaac et Jacob n’aurait été possible sans les milliards de $ US en subventions annuelles servant au pogrom et à l’oblitération de la Palestine saccagée par cette chimère d’implantation américano-européenne.
Ceci dit, je partage tout de même l’opinion de M. Khadir à l’effet que le peuple prétendument choisi et son mouvement sioniste américano-européen qui a mené à la création de l’état d’Israël après la colonisation et l’expulsion des Palestiniens, de même que l’instauration d’un régime sioniste inspiré de l’apartheid britannique, sont à l’origine de l’intégrisme islamiste.
Un autre événement important ayant encouragé l’intégrisme islamiste en Iran à la même époque, c’est lorsqu’il y a eu le renversement américano-britannique du gouvernement iranien de Mohamed Mossadegh en 1953 suite à la nationalisation de l’industrie pétrolière iranienne en 1951.
En conclusion, beaucoup des commentateurs politiques, privilégiés par les médias, instrumentalisent les horreurs de la deuxième guerre mondiale pour inhiber les mouvements nationaux légitimes qui menaceraient l’accès à rabais des ressources convoitées par les oligarchies occidentales. Pour ces commentateurs, nationalisme équivaut à racisme. Le sionisme est une forme d’apartheid propre à Israël, une dérive du nationalisme sioniste tolérée par l’occident, ce qui n’a rien à voir avec la démocratie ou un nationalisme légitime, quoiqu’en diront M. Elron et ses semblables.
Daniel Sénéchal
Montréal


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2010

    Sarkozy est un zozo il n'y a pas lieu d'accorder une grande importance à ce qu'il raconte.je prie très fort pour qu'il dégage en 2012...son ou sa successeur ne pourra qu'être plus favorable vis à vis du mouvement souverainiste québécois vous pouvez en être certains !

  • Isabelle Poulin Répondre

    20 février 2010

    Monsieur Sénécal votre analyse est excellente. Sauf pour un point, le Canada n'y peut rien. Le Canada n'a pas toujours encouragé la guerre autant qu'il le fait aujourd'hui. Beaucoup d'Américains et de Canadiens et de Québécois ne veulent pas de ces guerres. Il est donc plus que souhaitable de poursuivre l'éducation et de parler de ces sujets car cela fait partie d'une grande force que nous avons. C'est pas magique, mais la dignité humaine dépend grandement de ce que nous acceptons. Même notre dignité à NOUS en dépend.

  • Gilles Bousquet Répondre

    20 février 2010

    À M. Jean-François-le-Québécois, oui, mais...il y a peu à faire actuellement, en attendant la prochaine élection provinciale, sauf tenter d'aider le PQ à la place de taper dessus et de convaincre ses voisins ou ses parents que la souveraineté, c'est une meilleure affaire.
    Mon message visait à éviter le "martyr" quand nous sommes dans l'impossibilité de gagner notre point comme les Palestiniens qui seraient plus avisés de lâcher la patate devant les États armés jusqu'aux dents. Au Québec, le pays est encore possible à condition que le fédéral ne décide pas de faire comme Israël. Si, dans un tel cas, vous vouliez prendre le maquis pour sauver le français au Québec, devant l’armée fédéraliste canadian, libre à vous mais vos chances de succès seraient minces.
    Pour éviter le plus possible des affrontements, faudrait juste gagner le prochain référendum solidement.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 février 2010

    @ D. Sénéchal:
    «Israël est un état bidon, c’est le 51e état américain, doté de l’arme nucléaire...»
    Vous trouvez? Parfois, on dirait qu'Israël a remplacé Washington, comme capitale des États-Unis.
    Même qu'Ariel Sharon s'était déjà permis une blague, à ce sujet. Mais dans les médias américains, comme à CNN notamment, la chose a été censurée, bien sûr.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 février 2010

    @ Gilles Bousquet:
    Vous dites: «If you can’t fight them, join them ...»
    J'avoue que ça, ça vous ressemble, monsieur Bousquet.
    Vous me semblez être du genre à toujours vouloir être du même côté que la majorité des gens ayant répondu à un sondage...
    Si la majorité des gens répondant à un hypothétique sondage disaient que la planète Terre était plate, diriez-vous qu'il faudrait alors jeter à la poubelle, tout ce que nous savons scientifiquement de la forme de la Terre?
    Faut-il toujours attendre que tout le monde aie compris ce qu'il faut comprendre? Ou vaut-il mieux (sans prétention de ma part) tenter d'éduquer les masses, dans leur propre intérêt?
    Moins la nation québécoise comprend ce qui se passe vraiment au Québec, plus augmente la probabilité qu'un personnage comme John James Charest soit réélu pour un quatrième mandat! Pouvez-vous imaginer une telle chose?
    Il faut parfois prendre le taureau par les cornes, au lieu de regarder passer le train! Et surtout, il ne faut pas s'employer à éteindre l'enthousiasme des autres. À décourager ceux qui veulent agir, avec de sempiternelles formules du genre «oui, mais...».

  • Gilles Bousquet Répondre

    20 février 2010

    Bon constat mais, qu'est-ce qu'on peut y faire ? Ma réponse : Strictement rien, rien, rien.
    If you can't fight them, join them or die "comme les Palestiniens" qui ont contre eux tout l'Ouest et sa technologie militaire de pointe. La raison du plus fort...est encore la meilleure comme dans le temps de nos Patriotes de 1837/38 et de M. de La Fontaine itou.