Sanders rallie Clinton, Trump se choisit un colistier... Une semaine d'élection américaine

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La campagne des coups bas

Pour ne rien rater avant le rendez-vous du 8 novembre, «Libération» fait chaque semaine le point sur la campagne.
En novembre, les électeurs américains devront choisir entre les deux principaux candidats pour l’élection présidentielle américaine : Hillary Clinton côté démocrate, Donald Trump chez les républicains. Alors que les conventions des deux partis approchent, récap de cette semaine de campagne.
Sanders et Clinton, enfin ensemble !

Ce fut long, mais l’essentiel est là pour le parti démocrate : après des mois de lutte acharnée, parfois violente, Hillary Clinton et Bernie Sanders se sont enfin affichés unis, mardi, pour un premier meeting commun. Et c’est l’occasion qu’a choisie le sénateur du Vermont pour annoncer, comme pressenti – on en parlait déjà la semaine dernière –son soutien officiel à l’ancienne secrétaire d’Etat américaine pour la présidentielle de novembre.
Après avoir martelé pendant des mois la nécessité de mener une politique vraiment de gauche, et visiblement satisfait des concessions obtenues dans le programme présidentiel démocrate, Sanders a pu changer de discours et passer au «tout sauf Trump». Réaction immédiate de ce dernier : «Bernie Sanders apportant son soutien à Hillary-la-véreuse, c’est comme Occupy Wall Street qui soutiendrait Goldman Sachs.» L’attaque fait plutôt mouche, vu les critiques parfois acerbes que Sanders a pu adresser à Clinton depuis le début de l’année. Mais, à deux semaines de la convention de Philadelphie, le plus important pour le parti démocrate est d’avoir enfin obtenu l’unité, au moins en apparence.
La veste de la semaine

Le rabbin d'Ivanka Trump n'ira pas soutenir Donald à la convention républicaine

On vous racontait la semaine dernière comment Donald Trump essayait de convaincre le monde qu'il n'était pas antisémite – même si son compte Twitter relaie régulièrement des messages qui, eux, le sont. Voilà pourquoi le candidat comptait sur le soutien du rabbin de sa fille Ivanka, qui est mariée à un juif orthodoxe, Jared Kushner. Haskel Lookstein – c'est le nom du rabbin – a finalement décidé de se retirer : «Comme mon père avant moi, je n'ai jamais été impliqué en politique. La politique divise les gens. Ma vie a été dévouée à unir une communauté. Dans l'intérêt de l'union de notre communauté, j'ai demandé à être excusé [à la convention]», a-t-il déclaré. Et il n'est pas le seul à se carapater, relève le New York Times : quatre des cinq derniers candidats républicains à la Maison Blanche se sont fait excuser, tout comme le footballeur Tim Tebow, ainsi que plusieurs sénateurs et gouverneurs.
L’annonce de la semaine

Trump a choisi Mike Pence comme colistier

C’était l’objet de bien des spéculations depuis de nombreuses semaines. Vendredi, Donald Trump a levé le voile sur le candidat qu’il présentera à la convention républicaine pour être vice-président des Etats-Unis et ainsi figurer avec lui sur le «ticket» de l’élection présidentielle de novembre. Car la convention, qui aura lieu de lundi à jeudi, à Cleveland, doit non seulement introniser officiellement Trump en candidat du parti à la présidentielle, mais aussi décider de qui sera le candidat à la vice-présidence. L’heureux élu est Mike Pence, gouverneur de l’Indiana, un Etat qui a toujours voté républicain à la présidentielle depuis 1968 (sauf en 2008, où Obama s’était imposé). Il est surtout proche des évangéliques et anti-avortement, ce qui permet à Trump d’espérer ainsi rallier une frange du parti républicain, du côté du Tea Party notamment, qui se bouche le nez à l’évocation du milliardaire new-yorkais.
Hillary Clinton n'a plus trop la cote dans les sondages

Hillary Clinton a du souci à se faire. Donald Trump, de l’avis de nombreux observateurs, mène une très mauvaise campagne. Il s’est lancé très tardivement dans les levées de fonds, n’a acheté quasiment aucune publicité télévisée et dispose d’une présence dérisoire sur le territoire américain. Fin mai – les derniers chiffres disponibles –, l’équipe Clinton comptait 683 employés, celle de Donald Trump, près de dix fois moins. Ajoutez à cela le nombre de communautés (latinos, musulmans…) que le magnat de l’immobilier s’est aliéné avec ses propos incendiaires et l’ancienne secrétaire d’Etat devrait en toute logique parader dans les sondages. Il n’en est rien.
D’après le baromètre mensuel de l’université Quinnipiac, dévoilé mercredi, Trump devance Clinton en Floride (42% contre 39%). Elle avait 8 points d’avance dans l’étude du mois dernier. En Pennsylvanie, autre «swing state» crucial dans la course à la Maison Blanche, le milliardaire compte deux points d’avance sur sa rivale (43% contre 41%). Au niveau national, la dernière enquête New York Times/CBS News, publiée ce jeudi, donne les deux candidats à égalité, avec 40% d’intentions de vote. Enfin, comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, pour la première fois, l’ancienne secrétaire d’Etat récolte moins d’opinions favorables (28%) que son rival (30%). 67% des personnes interrogées ne la jugent pas «honnête» et «digne de confiance». Ses mensonges à répétition, révélés par le FBI dans l’affaire de ses emails, ont manifestement terni un peu plus son image.
A quelques jours des conventions (républicaine la semaine prochaine à Cleveland, démocrate la suivante à Philadelphie) et à moins de quatre mois de l’élection, rares sont ceux, aujourd’hui, qui excluent que Donald Trump puisse devenir le 45e président des Etats-Unis. D’autant, soulignent plusieurs observateurs, que les sondages sont peut-être faussés. Comme avec le Front national en France, certains des partisans de Donald Trump n’osent sans doute pas dire tout haut qu’ils voteront pour lui en novembre.
Cette semaine, Hillary Clinton a obtenu le ralliement tant attendu du sénateur Bernie Sanders, son rival des primaires. Peu à peu, le camp démocrate se met donc en ordre de bataille. Mais la faiblesse persistante de la candidate interpelle autant qu’elle inquiète. Signe de l’anxiété qui gagne une partie des Américains, la doyenne de la Cour Suprême est sortie de sa réserve il y a quelques jours, critiquant violemment Donald Trump. «C’est un imposteur, a dit Ruth Bader Ginsburg, 83 ans. Il n’a aucune cohérence. Il dit à tout moment ce qui lui traverse la tête. Il est vraiment égocentrique.» Une sortie extrêmement rare et critiquée – la juge s’est depuis excusée – mais qui en dit long sur l’angoisse que suscite la perspective d’une présidence Trump. Une angoisse qu’Hillary Clinton, plombée par la méfiance qu’elle génère, semble plus que jamais impuissante à dissiper.
Frédéric Autran (à New York)


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