Saint-André écarté au profit de McKay

L'ex-député, qui a représenté L'Assomption de 1996 à 2007, en veut au parti pour la manière cavalière dont il a été informé de cette décision.

L'affaire St-André

Karim Benessaieh - Règlement de comptes politique ou «contentieux administratif», comme l'affirme le parti? L'ex-député Jean-Claude Saint-André, identifié aux souverainistes purs et durs du Parti québécois, a appris mercredi soir dernier que sa candidature à l'investiture dans la circonscription de L'Assomption avait été rejetée. Les instances du PQ lui ont préféré l'ancien chef du Parti vert, Scott McKay. La décision relèverait directement de la chef, Pauline Marois, a appris La Presse, ce qui constitue une première au PQ.
Le geste risque d'avoir des conséquences imprévues. Hier soir, Marc Laviolette s'est porté à la défense de l'ex-député Saint-André: «Son seul tort est d'être souverainiste et de le dire. Ce n'est pas comme ça que ça marche au PQ. Ici, il y a des militants qui sont furieux au bout de leur chaîne», a dit le syndicaliste, qui se promet bien de soulever la question à l'assemblée du PQ dans sa région, aujourd'hui. (Partout au Québec, les péquistes se réunissent par région pour adopter leur plateforme électorale; cela se faisait auparavant au conseil national mais, par mesure d'économie, on a décidé d'éviter ce rassemblement.)

«Je demande au parti de me mettre par écrit les raisons de ce geste, a dit M. Saint-André. S'ils ne veulent pas, ils vont entendre parler de moi.» Pourrait-il aller devant les tribunaux? «On verra. C'est une question de justice élémentaire.»
L'ex-député, qui a représenté L'Assomption de 1996 à 2007, en veut au parti pour la manière cavalière dont il a été informé de cette décision. «J'ai appris ça en lisant le communiqué du parti, entre 23h et minuit.» Dans ce document, on annonce sobrement qu'une seule candidature a été jugée recevable, soit celle de Scott McKay. «Un autre bulletin a été reçu, soit celui de Jean-Claude Saint-André, mais (...) le conseil exécutif national l'a jugé irrecevable.» Selon les statuts, cette instance peut écarter une candidature «pour des raisons graves».
Jeudi matin, M. Saint-André a reçu l'appel du directeur général du PQ, Simon Bissonnette, qui l'a informé des raisons de cette décision. L'ex-député refuse d'en dire plus. «Je ne commencerai pas à faire de l'argumentation avec le parti par médias interposés. Ce que j'ai dit au directeur général, c'est: «Je m'attends à avoir ce que tu me dis là par écrit.» Ce qu'il m'a dit au téléphone, à sa face même, c'est inacceptable. Ce n'est pas une raison grave.»
Aux bureaux du PQ, on explique que M. Saint-André a été écarté à cause d'une mésentente d'ordre «administratif», sans donner plus de détails. «Il y avait un contentieux avec M. Saint-André qui n'était pas réglé depuis des années, dit Manuel Dionne, porte-parole. Les instances l'ont invité à régler ça, mais il ne l'a pas fait. Sa candidature a donc été jugée irrecevable.»
Identifié aux tenants de la ligne dure, M. Saint-André s'était porté candidat à la direction du parti, en 2005, et avait récolté 0,9% des voix. Quand on lui demande si son exclusion a des motifs politiques, il a une réponse indirecte: «Pour les militants, pour ceux qui m'appuient, il est évident que ce sont mes prises de position dans le passé qui sont en cause. S'il y en a qui me trouvent trop souverainiste, qu'ils viennent à l'assemblée et votent en conséquence. On est en démocratie.»
C'est la première fois au PQ que le chef du parti désigne ainsi un candidat. René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et André Boisclair ont toujours respecté le choix des militants même s'ils devaient composer avec des candidats dont ils auraient souhaité la défaite à l'investiture.
L'assemblée au cours de laquelle Scott McKay devrait officiellement être désigné candidat aura lieu cet après-midi à 13h, à l'Oasis du Vieux-Palais, à L'Assomption. Fait inusité, le PQ a publié hier en fin d'après-midi un communiqué annonçant qu'une vingtaine de militants et de personnalités politiques de la région de Lanaudière appuyaient la candidature de M. McKay.
Avec Denis Lessard


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