S’accommoder

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« Sur tous les points où la lutte est possible, la résignation n’est que de l’ignorance, de l’impuissance ou de la paresse déguisée. »






Au Québec, on ne se souvient plus, on s’accommode. Avec comme conséquence de ne jamais avoir le sentiment de progresser, de s’améliorer et de préparer un avenir plus paisible socialement et plus serein psychologiquement que l’agitation épuisante qui est notre réalité actuelle.




Rappelons d’abord le sens du mot. La définition est limpide. S’accommoder, c’est accepter (quelque chose ou quelqu’un) comme pouvant convenir, généralement avec résignation.




Le mot clé est bien sûr «résignation». Celle-ci signifie la tendance à se soumettre, à subir sans réagir. Et que dit le grand écrivain belge Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature en 1911 dans La sagesse et la destinée? «Sur tous les points où la lutte est possible, la résignation n’est que de l’ignorance, de l’impuissance ou de la paresse déguisée.» Avant lui, Balzac avait déjà dit dans Illusions perdues: «La résignation, mon ange, est un suicide quotidien.»




Les Québécois ont inventé l’expression «accommodements raisonnables» pour décrire des réalités sociales qui les heurtent, les divisent et leur donnent le sentiment que leurs combats passés pour s’extraire du catholicisme étouffant, par exemple, ont été vains et sont désormais non avenus.




L’anathème




Les Québécois, quoi qu’en pense le premier ministre Couillard, qui jette l’anathème sur ceux qui s’inquiètent de la déconstruction de nos valeurs inspirées de l’humanisme, mais malmenées aujourd’hui, sont les témoins de leur propre négation.




Au Québec, la seconde religion est désormais la religion musulmane. Or, une proportion infime, mais en croissance, de ces croyants se situe dans la mouvance des Frères musulmans. Ils utilisent les libertés chèrement acquises de nos chartes pour exiger des accommodements qui sont toujours déraisonnables.




Les Québécois accommodants, ceux qui croient à leur supériorité sociale et qui nous concoctent des projets de loi comme celui sur la neutralité de l’État présenté par la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, sont culturellement des ignorants ou des naïfs, encore que sur ces questions les deux adjectifs se confondent.




La résignation




Tout le Québec baigne dans les accommodements, donc dans la résignation. Nous nous accommodons d’un système scolaire qui fabrique 52 % d’analphabètes fonctionnels et qui discrimine les garçons, lesquels battent les records de décrochage scolaire à l’adolescence. Nous nous accommodons de la dégradation de la dignité dans les centres où sont parqués nos vieux. Nous nous accommodons des listes d’attente, dignes des records Guinness, pour consulter un médecin ou subir une intervention chirurgicale.




Nous nous accommodons de l’incurie dans nos villes en travaux perpétuels. Et malgré les chialages, les coups de gueule médiatiques et les colè­res exposées à travers les réseaux sociaux, nous nous accommodons de ceux qui nous dirigent et qui, pour survivre politiquement, nous passent des sapins même en été.




Nous nous résignons à ne plus croire au dépassement de soi, à quelques normalités qui nous unissent, au travail non pas comme abrutissement, mais comme épanouissement. Nous nous accommodons de la lente agonie de notre langue, qui a soutenu notre âme durant des siècles. Nous nous résignons à avoir des amis virtuels dans notre incapacité à fidéliser nos amitiés et nos amours.




Nous sommes un peuple frustré, tapa­geur, malheureux. Et le rire nous sert de refuge.



 




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