Rue Robert Bourassa

Tribune libre


Depuis bientôt deux semaines, nous entendons parler du nom de Robert Bourassa qui viendrait modifier le nom de l'avenue du Parc, qui pourtant, comme le soulignaient les nombreux intervenants, porte bien son nom puisque le nom de cette rue, un vrai boulevard, lui a été donné en fonction du parc sur lequel elle a été construite, parc que l'on retrouve en parallèle de chaque côté de ce magnifique boulevard.
Cette rue, faut-il le répéter après toutes les personnes qui en ont parlé en s'opposant à la modification de son nom actuel, fait partie de l'histoire de Montréal en plus d'être associée géographiquement à son nom et par son nom.
Devant la levée de boucliers que provoque cette affaire, nous devons dès lors nous demander ce qui anime M. le Maire et les conseillers municipaux de la ville de Montréal dans leur démarche? Servent-ils bien Montréal et les Montréalais, lorsqu'ils s'entêtent à donner le nom de cet ancien premier/ministre du Québec à une rue dont ses concitoyennes et concitoyens veulent conserver le nom, faisant partie de l'histoire de Montréal, est-il opportun et nécessaire de le lui répéter, alors qu'il existe d'autres rues auxquelles on pourrait donner le nom de Robert Bourassa sans blesser qui que ce soit, tout en ralliant les Montréalais de toute culture autour du nom de ce «grand fédéraliste» dans lequel ces gens se reconnaissent?
Plusieurs Montréalais croient, est-ce à tort, que l'on doit par l'action qu'on veut poser, tenter de rallier nos concitoyennes et concitoyens autour d'un projet de modification du nom d'une rue qui rejoindrait autant les gens de l'est de Montréal que ceux de l'ouest de notre ville. Un projet qui essaierait de faire disparaître l'idée que deux solitudes se côtoient dans cette ville. Un projet qui viendrait rallier les Canadiens/français, représentant la grande majorité des Montréalais, et les Anglophones qui représentent l'autre partie, minoritaires si on le veut, mais qui vit tout même ici.
À partir de ce constat, considérant que M. Bourassa, par la loi 22, puis par la loi 86, fut un ardent défenseur de la minorité de langue anglaise du Québec, tout en «essayant» de protéger la langue de ses ancêtres, même si nous ne sommes pas toutes et tous d'accord avec ces deux lois, ne serait-il pas opportun et important de donner à la rue Sherbrooke le nom de cet ancien premier ministre, qui viendrait unifier, ou tenter de le faire, ces deux grands groupes qui vivent de chaque côté, sinon aux extrémités, de la rue Sherbrooke.
Qui oserait s'opposer à un projet de ce genre venant souligner l'importance de Robert Bourassa dans l'histoire et la culture de Montréal et du Québec, alors que cet homme a voulu par tous les moyens à sa disposition, rallier deux groupes que l'histoire a divisés, autant par la culture et la langue, que par la géographie, les Anglais habitant l'ouest de Montréal et les Canadiens-français habitant l'est de Montréal.
Qu'il me soit permis, par ce court texte, de suggérer au maire Tremblay d'essayer de réunir par un geste concret et unificateur, ce que l'histoire a fait au cours des siècles.
En faisant de la rue Sherbrooke, la rue Robert-Bourassa, il aura essayé, sinon réussi, ce que seule l'histoire nous démontrera, à unir ses concitoyennes et concitoyens autour du nom de Robert Bourassa, en faisant à l'aide de cette rue, l'union de l'Est et de l'Ouest de Montréal par le truchement d'une rue, ce que l'histoire n'a pas su réussir encore par l'union du Bas et du haut Canada.
Alors M. le maire, c'est pour quand la modification de la rue Sherbrooke en fonction du nom de Robert Bourassa, pour le plus grand bien de tous les habitants de Montréal?
Jacques Bergeron
_ Ahuntsic, Montréal


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé