De passage dans la capitale, jeudi, le chef de l’exploitation et président d’Hydro-Québec Production, David Murray, a fait le point avec Le Soleil sur les nombreux chantiers de la société d’État.
D’entrée de jeu, celui qui s’est donné comme mission d’optimiser les ressources à l’interne et d’améliorer la communication entre les différentes divisions, entre les employés et les patrons et avec la clientèle concède qu’il y a encore place à l’amélioration.
C’est pourquoi il souhaite que son organisation embrasse davantage les nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle et les applications qui permettraient aux clients d’être mieux informés.
«Ce que nous allons gagner en efficacité, nous allons pouvoir l’investir ailleurs dans l’entreprise», indique M. Murray. Un conseiller-robot dans un centre d’appel pourrait, par exemple, répondre au téléphone et réaliser une partie de la démarche avec le client afin de le rediriger au bon endroit, si besoin.
Pour l’heure, aucun échéancier n’est encore établi pour le déploiement de ce nouveau service. Le projet étant à ses balbutiements.
«On veut être plus efficace dans nos façons de faire. La réalité, c’est que je pense que nous avons perdu de vue à un certain moment le client chez Hydro-Québec. En 2015, nous avons entamé un virage et nous avons pris connaissance de la situation», avance M. Murray.
Comme autres chantiers à l’étude, lors d’une coupure de courant, le numéro 2 chez Hydro-Québec aimerait bien que chaque consommateur reçoive sur son cellulaire une notification indiquant l’heure estimée pour le retour de l’électricité. Un projet qui pourrait voir le jour au cours des prochains mois.
Transition énergétique
Quant aux maisons intelligentes, Hydro-Québec travaille présentement sur un projet-pilote à Shawinigan. Environ 300 appareils domotiques ont été installés dans des propriétés de la région.
Les capteurs ont comme rôle d’optimiser la consommation d’électricité.
Il faut dire que la société d’État cherche depuis plusieurs années de nouvelles pistes pour réaliser des économies d’énergie.
«Nous avons beaucoup d’intérêt pour la domotique. On parle d’une économie en puissance. Chaque année, durant quelques heures, nous devons acheter de l’énergie. Au lieu de nous tourner vers l’extérieur, nous pourrions l’acheter aux Québécois», fait valoir M. Murray.
Ce dernier refuse de dire si cette technologie pourrait être déployée à plus grande échelle dès 2019. Il n’est également pas en mesure de dire si la facture serait assumée par le consommateur ou Hydro-Québec.
«On se questionne. On réalise des tests. Toutes les options sont regardées. Est-ce que c’est Hydro qui va amener la technologie dans les maisons? Il faut que cela soit sécuritaire et rentable pour les Québécois. On voit déjà des objets similaires avec les Google Home», répond M. Murray, n’étant pas en mesure de fournir davantage d’informations sur l’aspect financier du projet.
En parallèle, la société d’État travaille aussi sur le développement de ses microréseaux électriques composé notamment de panneaux solaires, de batteries et d’autres technologies, comme on retrouvera au centre-ville de Lac-Mégantic et aux Îles-de-la-Madeleine.
L’objectif d’un microréseau est à terme de fournir assez d’énergie pour être autosuffisant.
Doubler le chiffre d’affaires
Par ailleurs, afin de dénicher de nouvelles sources de revenus, Hydro-Québec planche toujours sur la fabrication de nouveaux produits, comme des moteurs et des batteries. Une centaine de projets sont en cours à Institut de recherche d’Hydro-Québec.
Rappelons qu’en 2018, l’équipementier automobile américain Dana a déboursé 277 millions $ pour devenir l’actionnaire majoritaire de la division TM4. Une transaction qui a embelli les résultats financiers de la société d’État.
L’objectif d’Hydro-Québec est toujours de doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030 (27 milliards $).
Pour y parvenir, des acquisitions sont, entre autres, dans les plans. La direction rappelle avoir une enveloppe de 20 milliards $ disponible pour prendre de l’expansion à l’extérieur de la province.
«On est patient, il y a plusieurs projets. On veut faire des acquisitions qui vont pouvoir ajouter une valeur à Hydro-Québec. On regarde partout pour des actifs qui ont besoin d’amour», souligne M. Murray.
La direction souhaite aussi augmenter ses ventes à l’étranger.
Elle mise notamment sur le projet New England Clean Energy Connect (NECEC), qui vise à acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts. Un contrat de 10 milliards $US. La mise en service est prévue en 2022.
«Nous sommes en bonne position, mais il faut être prudent. Par année, nous réalisons 1400 projets et il y a des défis dans chacun», conclut M. Murray.
Son organisation souhaite aussi attirer dans la province davantage de centres de données. Cette offensive a été lancée en 2016.