Réveillez-vous, les filles !

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Sexe et pouvoir sont intimement liés depuis l'aube des temps

Jean Larose, professeur de littérature retraité de l’Université de Montréal, est un intellectuel de haut niveau. Pédagogue charismatique, essayiste brillant, il se retrouve dans la cohorte des harceleurs et agresseurs sexuels dénoncés dans #MoiAussi.


Dans La Presse d’hier, il se défend avec son intelligence supérieure, donc plus perverse, des accusations portées contre lui par des ex-étudiantes ayant succombé à ses charmes. Ces dénonciations, certaines datent de dix ans, permettent de saisir les faiblesses et la naïveté de ces étudiantes belles, cultivées et pâmées devant leur idole.


Le professeur Larose, aux pulsions sexuelles apparemment fréquentes, attirait ses étudiantes admiratives avec le miel de son esprit et de sa culture. Toutes souhaitaient être dignes de l’attention particulière que le maître leur portait.


Flatterie


Selon leurs dires, il les traitait comme ses élues. Il leur reconnaissait des talents exceptionnels d’écrivaines et leur donnait le sentiment d’être des interlocutrices intellectuelles légitimes.


La flatterie est une arme redoutable dont usait le professeur. Certaines féministes refusent systématiquement que l’on s’interroge sur l’ambivalence des victimes dans pareil cas. Ce n’est pas mon cas.


Comment de jeunes femmes instruites se réclamant certainement du féminisme se sont-elles laissé berner de la sorte ? Dans le bureau du professeur se trouvait un canapé géant. À quoi peut bien servir un tel meuble dans un bureau de professeur de littérature ? Une des étudiantes a déclaré à La Presse : « C’était quasiment aménagé comme un deuxième appartement. Il y avait une petite atmosphère tamisée. » Après qu’il a bondi sur elle et introduit ses mains sous sa jupe, elle s’est enfuie précipitamment.


Pédagogie


Une autre avoue qu’après avoir subi des attouchements sexuels, elle n’a pas osé lui faire des reproches par crainte de le décevoir et de compromettre le projet de roman qu’elle lui avait soumis et qui lui tenait à cœur. La jeune femme a revu le professeur chez lui à la fin du trimestre pour qu’il l’aide avec son roman, assurée qu’il avait compris son refus quelques semaines auparavant. Or, il l’a amenée dans une chambre. « Il m’a montré une collection de coquillages. » Mais le maître aurait vite sauté sur elle. « Je l’ai repoussé rapidement », a-t-elle déclaré à La Presse.


L’histoire de l’intellectuel en rut n’a rien d’édifiant, bien qu’aucune accusation n’ait été portée à ce jour et qu’aucun blâme n’ait été retenu contre lui par l’Université de Montréal.


Alors, une question se pose. À quel moment des filles majeures et vaccinées vont-elles cesser d’être naïves, de croire en somme à la pureté des hommes – ici une personne en situation d’autorité et infiniment plus âgée qu’elles –, qui leur trouvent des qualités exceptionnelles, qui les distinguent du reste de la classe ? Quand comprendront-elles que les hommes ne sont pas tous de purs esprits ? Trop d’hommes à la sexualité débridée qui disent les admirer pour leur intelligence n’en veulent en fait qu’à leur chair encore tendre et fraîche.


En 2005, Jean Larose a écrit dans la revue Spirale : « L’écrivain se forme au lit autant que par l’écriture et la lecture ». Quelle pédagogie !