À l'Assemblée Nationale

Retirer l’unifolié ? Une évidence.

La présence permanente du drapeau canadien est injustifiée dans un espace consacré essentiellement au travail des parlementaires québécois et à l’exercice des compétences constitutionnelles du Québec

Non à la schizophrénie des couleurs

Si les citoyens peuvent pavoiser librement chez eux, selon leurs convictions, leurs goûts ou simplement la mode du jour, l’État doit « arborer ses couleurs et ses armes » (drapeaux et armoiries) de manière logique et cohérente.
Comme l’a bien expliqué récemment Pierre-Paul Sénéchal (un expert qui ne semble pas avoir été adéquatement remplacé au gouvernement) dans une lettre ouverte, « le drapeau a pour fonction essentielle d’indiquer une juridiction » et les experts constitutionnels, qu’ils soient canadiens ou québécois, conviennent que « l’Assemblée nationale du Québec est entièrement souveraine dans les compétences que lui confère la constitution canadienne.
Elle est seule mandatée pour voter toutes lois en regard de ces dites compétences. Jusqu’à tout récemment, tous les premiers ministres du Québec, toutes les oppositions officielles ont non seulement adhéré à ce principe, mais l’ont farouchement défendu ».
Le drapeau québécois a été hissé à la tour de l’Hôtel du Parlement en 1948 et placé dans la salle de l’Assemblée nationale en 1976. Le fleurdelisé est aussi présent dans les locaux où siègent les commissions parlementaires (qui sont des extensions de l’Assemblée nationale) et derrière le lutrin quand le premier ministre s’exprime au nom du Québec.
Avant l’introduction d’un drapeau du Canada au Salon rouge en 1985, il n’y avait jamais eu de « couleurs » fédérales au Parlement de Québec. Il n’y a pas d’armoiries canadiennes dans la décoration de la salle des séances, seulement des armoiries québécoises. Au-dessus du fauteuil du président, on trouve les armoiries du Royaume-Uni, symbole de la « couronne québécoise » représentée par le lieutenant-gouverneur.
Les mêmes armoiries sont sculptées dans la pierre de la tour et, au sommet de cette dernière, avant 1948, ce n’est pas le Red Ensign (qui faisait alors office de drapeau du Canada) qu’on arborait depuis le début du siècle, mais l’Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni, délibérément, pour bien exprimer la non-dépendance du Québec à l’égard du gouvernement fédéral et sa souveraineté dans les domaines de sa compétence. En d’autres mots, on s’accommodait mieux d’un lien colonial symbolique que d’une manifestation de dépendance face à l’autre niveau de gouvernement.
En plaçant un fleurdelisé près de son fauteuil de président de l’Assemblée nationale, Clément Richard a posé un geste incontestable au point de vue institutionnel : ce drapeau marque la juridiction exclusive et souveraine de l’Assemblée dans son champ de compétence. (Les rares personnes qui ont contesté cette initiative n’ont souvent rien trouvé de mieux, comme argument, que de prétendre faussement que le PQ avait retiré le drapeau du Canada, alors qu’il n’y avait jamais eu AUCUN DRAPEAU à cet endroit auparavant, comme c’était aussi le cas à la Chambre des communes où on a placé un unifolié vers la même époque.)
On ne peut en dire autant de l’installation du drapeau du Canada au Salon rouge en 1985, un geste politique et partisan qui aurait dû être dénoncé au nom du respect des institutions dans un régime fédéral normal. La présence permanente du drapeau canadien est injustifiée dans un espace consacré essentiellement au travail des parlementaires québécois et à l’exercice des compétences constitutionnelles du Québec.
Gaston Deschênes, historien
16 novembre 2012

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