Régionalisation du conflit syrien - Les indécences

Il s'agit évidemment de Bachar al-Assad.

Bien sûr, bien sûr...



Les adolescents sont torturés, des journalistes étrangers sont tués, des étudiants participant à un sit-in pacifique sont criblés de balles, des bambins meurent des blessures provoquées par des éclats d'obus. Quoi d'autre? Des francs-tireurs visent des civils pendant que les chars font le ménage. C'est en Syrie que cela se passe, soit le royaume tenu par un homme bien décidé à ne pas faire dans le détail. Il s'agit évidemment de Bachar al-Assad.
À ces faits qui rythment le quotidien des Syriens, il faut ajouter des facteurs d'autant plus déprimants qu'ils annoncent une possible régionalisation du conflit doublée d'une guerre de religion. Ces jours-ci, Moscou et Téhéran ont clairement indiqué que leurs faveurs allaient à al-Assad. Ces dernières se sont d'ailleurs traduites par l'envoi d'armes lourdes et légères made in Russia et par l'organisation cette semaine d'un exercice naval conjoint avec l'Iran. À l'inverse, la Turquie sunnite s'est rangée derrière les insurgés en leur permettant de se replier sur son territoire et en facilitant la tenue de réunions des chefs de file de l'opposition à Istanbul, pendant que les sunnites irakiens acheminent mitrailleuses et autres pour la défense des sunnites syriens, qui représentent 70 % d'une population dominée depuis des lunes par la minorité alaouite, soeur en religion des chiites iraniens. Enfin, le Liban vient de connaître ses premiers affrontements interreligieux.
Il y a un an, lorsque le Printemps arabe a accosté sur les rivages syriens, ses animateurs ne cherchaient pas, contrairement à ce qui a été constaté ailleurs dans cette région, à renverser le régime al-Assad. Leur requête était simple: que les réformes promises par le président, notamment celle évoquée en 2005 en vue d'introduire le multipartisme, soient appliquées. Au cours des douze derniers mois, al-Assad a égrené un chapelet d'engagements jamais tenus, réduisant ainsi à néant le crédit qui était le sien en mars 2011.
Dans son travail de sape, il a bénéficié des amitiés perverses de la Chine et de la Russie. En effet, les dirigeants de ces pays, qui sont autant de contradictions de la démocratie, se sont appliqués avec méticulosité et une forte dose de cynisme à contrer les maigres efforts déployés au nom de l'humanisme par les membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Chaque fois que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France déposaient des projets de résolution desquels toute intervention militaire était gommée, les deux membres du duo Moscou-Pékin opposaient leur veto.
Ils sont allés jusqu'à annoncer qu'ils boycotteraient la Conférence internationale des amis de la Syrie qui se tiendra demain à Tunis. Autrement dit, en écartant toute pression internationale depuis le début d'un soulèvement dans lequel plus de 7000 personnes ont péri et bien davantage ont été emprisonnées et torturées, la Russie et la Chine ont joué la carte de la régionalisation de la guerre. Et ce, au nom d'ambitions géopolitiques dans lesquelles le sort du peuple syrien a été réduit à la portion congrue. Répugnant!


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